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LA BEAUTÉ.

Diane * à foizante.ans

Eut encor de l'amour, eut encor des Amans.
Elle fut réunir la tendrefle à la brigue.

Tes yeux en furent les témous.

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Elle avançoit toujours, n'en fatiguoit pas moins; Mais elle fut long-temps déguiler fa fatigue. LA BEAUTÉ.

Ninon, plus vieille encore, enchaîna bien des

cœurs,

Et fes appas octogénaires
Trouverent des adorateurs.

LE TEM P S.

On a plus d'une fois adoré des chimeres.

Mais que m'importe en fin cette burlefque erreur ?
La beauté n'eft pour moi qu'une fragile fleur
Qu'en pallant je détruis, qu'en paffaut je fais
naître.

La rofe un jour entier conferve fa fraîcheur.
Un autre luit & la fait difparoître.

*Diane de Poitiers. Elle fut d'abord aimée de François I, & enfuite de Henri II, qui l'aima toute fa vie. Elle avoit plus de foixante ans lorfqu'il porta fes couleurs dans ce fameux tournoi où il fut bleffé mortellement.

LA BEAUTÉ.

J'entends; tu fais détruire & non pas conferver.

LE TEM P S.

Mon foible eft, j'en conviens, d'abattre ou d'élever.

Quelquefois d'un vallon je fais une montagne,
Et d'une montagne un vallon;

Des eaux de l'Océan je couvre la campagne :
Plus loin, du fein des flots fort une autre Albion.
Le Monde enfin varie au gré de mon caprice;
Mais à travers ces changemens,

On reconnoît encor le premier édifice:

Il est toujours le Monde, & moi je suis le Temps,

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Ce globe qu'à mes foins foumet la destinée,
Eft un char ambulant, d'originaux rempli.
Leur comique aflemblage égaie une tournée
Qui pourroit à la fuite entraîner trop d'ennui.
L'un gémit, l'autre chante; un troifieme, plus
fage,

Obferve les objets qui bordent fon paffage:

L'autre dort, c'eft mieux fait; il ne s'apperçoit

pas

Si la route à franchir offie quelque embarras.
Suivons la nôtre... Allons...

LA BEAUTÉ.

Qui moi ?.. Rien ne me prefle:

Accorde-moi plutôt un fiecle de jeune fle.
Ce Monde, qui t'amufe, eft affez bien mon fait.
Je lais lui plaire, & dès lors il me plaît.
Là, dans chaque regard je découvre un hommage,
On m'entoure, on me fuit: mon plus léger coug
d'œil,

Au plus foible, comme au plus fage,
Infpire ou l'amour ou l'orgueil.

J'ai ce for a foupé l'Amant que je préfère:
Demain nouveaux plaifirs,que nul dégoût n'altere.
La toilette, les jeux, les propos inéditaus,
Des jours, quelquefois longs, abrégent les inf-

tans.

J'ai le goût des beaux-arts, & trois fois la le

maine,

Mes charmes de Paris ornent la triple scene.
Je chante, & de Gréiri les fons harmonicux
Ne perdent rien quand ma voix les réperte.
Mes traits font achevés & ma taille eft parfaite.
Ainfi donc, Vieiliarð dangereux,

Garde toi de troubler un fort digne d'envie:
Allez d'autres fans moi végetent fous les cieux ;

1

Va

Va les débarrafler du fardeau de la vie.
Tu pourras t'offrir à mes yeux
Lorsqu'ils auront perdu leur éclat ordinaire:
Je ne me plairai dans ces lieux
Qu'autant que j'aurai droit d'y plaire.

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Adieu... Mais, non ; jufqu'au revoir :

Je vous laifle vieillir; c'eft une foible grâce.
Aux yeux du Temps, ce court efpace
N'eft que du matin jusqu'au soir.

Par M. de la Dixmerie.

LA FOURMI BIENFAISANTE.

AIDE-MOI,

Fable.

IDE-MOI, tant loit peu, difoit à la voiline' Une Fourmi qui voituroit du grain;

Et fois fûre, en cas de famine,

Que tu pourras toujours chez moi trouver du pain.

Je le fais avec complaisance,
Lui répondit l'autre Fourmi:
C'est dégrader up fervice d'ami
Que d'en exiger récompenfe.

C

Auffi-tôt dit, aussi tôt fait,

Avec ardeur elle travaille.

La famine vint en effet,

Et la pauvrette alors le vit fans pain ni maille; Chez la voifine elle courut

Pour y trouver quelque affiftance;

Le bienfait oublié dans cette circonftance,
Fut remplacé par le rebut.

C'eft un fardeau bien lourd que la reconnoisance.

Par M. le Clerc de la Mothe, Chev. de

Saint Louis, Membre de la Société littéraire de Metz.

RÉPONSE à la Chanfon fur les plumes que portent aujourd'hui nos Dames, imprimée au premier volume du Mercure de Janvier de cette année.

AIR: Réveillez-vous, belle endormie.

POURQUOI

OURQUOI tant reprocher aus Dames
Les plumes qu'on leur voit porter ?
Si l'inconftance eft dans leurs âmes,
Les hommes doivent l'en ôter.

D'un grand Roi c'étoit la coutume,
En tout temps l'on voyoit flotter

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