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LA NOUVELLE PANDORE.

Etrennes à Madame la Comtesse de R***.

Ci n'eft point à cette Pandore

Chef d'œuvre de Vulcain, & que les Immortels
De tous les do s embellirent encore

Que ma main drefle des autels.

Elle ne doit fon existence

Qu'à la brillante fiction;

Mais tout Paris connoît Hortenfe,
Comme Cythère Cupidon.

Belle de fes attraits elle feule l'ignore ;
Qui la voit en lecret l'adore,'
Et s'apperçoit du trouble de fes fens ;
Plus d'un Titon la prendroit pour l'Aurore,
Lorfque fortant des bras des fonges careflans,
Le carmin de l'amour l'anime & la colore.
Du Dieu du Pinde elle a tous les talens:
Euterpe envieroit les accens:
Zéphit pour elle oubliant Flore
Voleroit à les pieds foupirer les tourmens.
De la nature elle est l'ouvrage :
Sur fon front brille l'affemblage
De la décence & de la dignité;

Quelle douceur dans fon langage!
Et dans fon cœur que de bonté !
Loin qu'elle tire vanité
Du rare & fublime avantage
Que donnent l'efprit, la beauté ;
Toujours fimple, toujours modefte,
Elle cache une âme céleste

Sous les traits de la volupté.

La Pandore que l'on nous vante, Répandit tous les maux fur les triftes humaine; Mais la Pandore que je chante,

Verfe les biens à pleines mains.

Quels vœux je formerois pour elle

S'ils pouvoient ajouter à la félicié !

Ah! pour donner quelque effor à mon zèle
La fortune & les Dieux ont trop bien concerté??
Puiflent du moins les deftinées

En un feul point feconder mon defir!
C'eft de prendre fur mes années

Celles dont ma Pandore a befoin pour jouir.

Par M. l'Abbé Dourneau, Ch du S. S.

LES RESSOURCES DE L'ÉQUIVOQUE.

Epigramme.

Vos reproches, Cléon, font injustes, & vains ;

Je ne diffipe point mes petites finances:
Appelez vous folles dépenses

Ce que je donne aux Quinze-Vingts? *

Par le même.

VERS de Madame de... à M. le Préfident

d'Alco.

On dit que la mélancolie

N

Etend fon voile ténébreux
Sur le matin de votre vie,
Et que votre brillant génie
Déjà le cache à tous les yeux.
Je ne crois pas que la fageffe
Nous fafle un devoir du chagrin :
Je vois d'un regard plus ferein
Les fottifes de notre espece;

* La Fortune & l'Amour.

Il faut traiter le genre humain
Comme une coquette maîtrefle
Qu'on aime un jour avec tendrefle
Et que l'on fuit le lendemain,
Qu'on querelle & qu'on fuit fans cefle.
Si vous avez des ennemis,

Croyez moi, c'eft un bien fuprême;
La bouche qui vous dit: Je t'aime,
En eft pour vous d'un plus grand prix.

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HENRIETTE, âgées de 12 à 14 ans. MATHURINE, Nourrice des filles de Mde Beaupré.

MADELON, filles de Mathurine & fœurs

de lait des filles de Mada

BABET, Sme

Ome Beaupré.

La Scène eft chez Madame Beaupré.

Le Théâtre repréfente une Salle baffe de la Maifon de Madame Beaupré.

SCÈNE I.

Madame BEAUPRÉ, HENRIETTE.

Madame, BEAUPRÉ traverse le Théâtre pour fortir: dans le même inftant Henriette le traverfe du côté opposé; sa mère

L'arrête.

VENEZ ici, Henriette; où eft votre fœur?

HENRIETTE. Elle eft dans le jardin où je crois qu'elle s'amufe à courir après des papillons.

Mie BEAUPRÉ. La belle occupation! Votre fœur est bien folle, bien légère; elle n'eft cependant plus une enfant, & il me déplaît fort de la voir ainfi courir de minucies en minucies, avec autant d'ardeur que l'on en auroit pour les chofes les plus férieufes. Pour vous, Henriette, je fuis plus contente de vous; quoique vous ne Soyez que la cadette, vous montrez plus de raifon, & vous êtes moins évaporée. Que faifiez-vous là haut?

HENRIETTE. Ma chère mère, je repaffois ma leçon de clavecin d'hier, parce

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