fenseur. Il déclare, en sa qualité de gérant, assumer la responsabilité légale de l'article incriminé. Le greffier donne lecture de l'arrêt de renvoi et de l'article qui forme le texte de la prévention. M. l'avocat-général Partarrieu prend la parole et soutient que si le nom du roi n'a point été prononcé en toutes lettres, la simple lecture de l'article incriminé doit démontrer à tous les esprits que c'est le roi seul que le National a outragé de la manière la plus scandaleuse dans cet article. A l'appui de son assertion, M. l'avocat-général donne lecture de cet article, et insiste particulièrement sur les passages ci-après : « On est obligé d'en convenir aujourd'hui, les monarchies sont nos ennemies naturelles; les peuples constitués en république sont nos amis, notre avenir est avec eux. Nous paierons, nous, cette vérité 25 millions, quand nous sommes forcés de soupconner, quand nous pouvons prouver peut-être, pièces en main, qu'il y a, au fond de cette négociation de ténèbres, tout autre chose qu'une pensée de satisfaire à de justes réclamations d'alliés naturels. » Voilà la vraie question, celle qu'élude obstinément depuis huit jours le Journal des Débats. La presse n'en est plus, à cet égard, aux insinuations. Elle accuse hautement les auteurs du traité d'avoir engagé le pays pour ce qu'il ne doit pas, et de s'être rangés impudemment au nombre des parties prenantes. La presse de toutes les nuances dit que le peuple américain ne recevrait pas vingt-cinq millions, si la loi même était votée; elle dit qu'avant que le traité fût conclu, ceux qui se croyaient assurés de le faire ratifier par les Chambres, ont acheté à vil prix le plus grand nombre des créances américaines; elle dit que la confiance publique a été fraudée par les dépositaires de l'initiative diplomatique de la France; et si elle s'arrête à la limite posée par la législature répressive et oppressive de la presse, la nation entière met le doigt sur les révélations qu'il n'est pas permis de lui faire. » Le pays nomme les grands cou pables, précisément parce qu'on ne les lui nomme pas; il sent très-bien que s'il est un homme en France plus en position qu'aucun autre d'avoir iuflué sur les négociations et accaparé les créances américaines avec la presque certitude de les convertir en millions, cet homme a nécessairement le privilége de l'impunité puisqu'on ne le nomme pas. » Arrivant au fond de la cause après quelques détails préliminaires, M. Armand Carrel se demande sous quelle influence l'article a été publié. Un article du Journal des Débats avait eu la prétention de répondre aux attaques collectives dirigées par tous les journaux des diverses nuances d'opposition contre le projet de loi des vingt-cinq millions américains. Le National répondit au Journal des Débats, et dans cette réponse il résumait à la fois, mais avec des cou'leurs peut-être plus franches et plus hardies, mais non moius loyales, les bruits que la presse avait recueillis', et qui étaient devenus en quelque sorte de notoriété publique. En se tenant à cette polémique toute discutive, le National a-t-il commis le délit d'offense envers la personne du roi? Mais pour cela faire, il faudrait que le roi fût nommé ou du moins désigné d'une manière quelconque dans l'article; or, M. Carrel s'attache à établir, en discutant tous les passages incriminés, que ce n'est que par une interprétation forcée qu'on arriverait à cette conséquence. Mais qui le National a-t-il entendu désigner? A cet égard, M. Carrel, tracant un historique fort piquant des différentes phases parcourues par les créances américaines, invoque diverses autorités graves, et notamment l'Histoire des Traités par Scholl et les Mémoires de Saint-Helène, où l'on accuse le directeur Barras et Talleyrand d'avoir, à l'époque du directoire, stipulé un pot-de-vin de 1,200,000 fr., en se chargeant à ce prix de faire signer par la république le traité que, depuis, la monarchie de juillet a fait homologuer par les Chanibres. En terminant, M. Carrel déclare que, si dans deux précédentes affaires où il s'agissait de délit d'offense envers la personne du roi, ce journal n'a pas décliné la vérité malgré ses conséquences, et s'il a dit au jury: «C'est le roi que nous attaquons», on peut ajouter foi à ses paroles quand il déclare solennellement que cette fois ce n'est point la personne du roi qu'il a entendu désigner. Après de vives répliques et une courte délibération des jurés, M. Rouen a été acquitté. JUIN. 1er. Paris. Théâtre français. 1re représentation de : UNE PRÉSENTATION, comédie en trois actes, par MM. François et Frédéric. — Les jésuites seront-ils ou ne seront-ils pas expulsés? voilà vraiment la question capitale qui s'agite dans cette pièce. D'un côté, la marquise de Pompadour, le duc de Choiseul et le comte de Saint-Germain travaillent de toutes leurs forces à obtenir de Louis XV l'arrêt d'expulsion; et de l'autre, le père Griffet, agent mystérieux de l'ordre, n'oublie rien pour contrecarrer leurs projets. Entre les moyens qu'il veut employer dans ce but, celui de donner une ri vale à la marquise de Pompadour, lui semble de première nécessité. Cette rivale, ce sera une jeune et jolie orpheline, Blanche de Saint-Romans, qu'on élève par les soins de Griffet au couvent de la Visitation, et qui n'a jamais connu son père. Sous quel ques heures, une vieille folle, pénitente du jésuite, la comtesse de Mergy, doit servir de chaperon à Blanche, la présenter, et la jeter dans les bras du sultan du Parc-aux-Cerfs. C'est le comte de Saint-Germain qni déjoue toute cette intrigue, et au résultat il épouse Blanche, tandis que le décret d'expulsion des jésuites, dont on a prouvé, suivant les auteurs, la participation dans l'attentat de Damiens, est signé par Louis XV. Cette comé. die, si comédie y a, est donc mal nommée; mais que n'est-ce là le seul défaut qu'on ait à lui reprocher! Son passage sur la scène n'aurait pas été celui d'une ombre. 16. Théâtre de l'Opéra-Comique. 1 représentation de : LE PORTEFAIX, opéra-comique en trois actes, paroles de M. Scribe, musique de M. Gomis. - Ce portefaix, que M. Scribe a baptise Gasparillo, n'est que la contrefaçon de Peblo, jardinier de son état, et par aventure héros d'un mélodrame joué, il y a quelques années, au théâtre de l'Ambigu-Comique. Ainsi la part réelle d'invention de M. Scribe dans ce nouvel ouvrage, consiste à avoir fait d'un jardinier un portefaix. Du reste, le portefaix, comme le jardinier, est amoureux d'une grande et belle dame, dona Helena; mais il a deux rivaux, l'un don Ramiro, mari de la dame et gouverneur de la province, et l'autre un jeune et charmant cavalier, don Rafaël, le fils du vice-roi. Un jour que celui-ci était en tête-à-tête avec la dame, survint tout à coup le mari, homme funeste et jaloux, dont il n'y avait rien de bon à attendre. En conséquence la dame fit cacher don Rafaël dans un coffre, qu'elle referma sur lui. Au bout de quelque temps le mari s'en alla ne se doutant de rien, et dona Helena de courir au coffre pour délivrer le prisomier; hélas ! il n'avait plus ni pouls ni voix. Jugez des perplexités de la dame! à la fin elle appelle le portefaix Gasparillo et le conjure d'emporter ce corps; Gasparillo consent, à une condition; c'est que dona Helena viendra le trouver dans un cabaret convenu. Il fallut bien promettre d'aller à ce cabaret, où Gasparillo ne demande rien moins à dona Helena que son amour pour prix du service qu'il lui a rendu. La situation s'aggrave bientôt par l'arrestation de Gasparillo, que les sbires de la police ont vu chargé du cadavre et qu'ils accusent d'un assasinat. Si Gasparillo parle, dona Helena est perdue, déshonorée ; elle nè l'est pas moins, s'il faut acheter le silence du portefaix en répondant à sa tendresse. Heureusement don Rafaël ressuscite pour tirer tout le monde d'embarras. Sa mort n'était qu'un long évanouissement dont il est tout-à-fait revenu. Apprenant le danger qui menace dona Helena, il y met fin en sollicitant de don Ramiro la main de la petite Catarina, sa belle-sœur ; c'est uniquement pour elle qu'il était venu chez dona Helena. Don Ramiro ac cepte cette explication, qui a déjà dénoué vingt vaudevilles ou opéras comiques, et quant à Gasparillo, il renonce sagement à son amour romanesque. Cette pièce n'a pas réussi autant qu'elle l'aurait fait, traitée par M. Scribe avec le soin et l'adresse dont il est capable, et qu'il devait à un compositeur du talent de M. Gomis; aussi qu'est-il arrivé? C'est que le musicien à laissé bien loin derrière lui le poète, et que l'œuvre de celui-ci n'est qu'un libretto de pacotille, tandis que la partition de celui-là est pleine de choses spirituelles et savantes à la fois, de chants délicieux et de puissantes harmonies. Que la pièce de M. Scribe valût seulement la moitié de cette musique, et le tout obtenait un succès solide autant que brillant. a 22. Académie des sciences. Mesure de la chaleur dans l'intérieur des organes. M. Becquerel dépose un premier mémoire sur la chaleur animale, et donne de vive voix une idée des observations qui y sont consignées et qui lui sont communes avec M. Breschet. Nous avons déjà rendu compte des premiers résultats obtenus par ces deux académiciens et de l'appareil qu'ils employaient. Dans leurs nouvelles recherches, l'instrument est construit encore d'après le même principe, seulement il a subi quelques modifications destinées à en rendre les indications plus précises. Les instrumens indispensables sont des aiguilles et des sondes, formées de deux métaux différens soudés en quelque point, et un multiplicateur très-sensible; celui qu'ils ont employé, l'est assez pour que l'aiguille indique par une déviation d'un degré une différence de 1/10 de degré centigrade de température entre les deux soudures. Ce multiplicateur, ainsi que les autres instrumens, ont été exécutés par M. Gourjon avec toute l'habileté qu'on connaît à ce patient et ingénieux constructeur. Des résultats consignés dans leur mémoire, et qui y sont présentés sous forme de tableaux, les deux auteurs tirent les conclusions suivantes: 1° Il existe une différence bien marquée entre la température des muscles et celle du tissu cellulaire dans l'homme et les animaux; diffé rence qui paraît dépendre de la température extérieure, de la manière dont l'individu est vêtu et recouvert, et de plusieurs autres causes qui méritent d'être étudiées. Dans l'homme, les muscles offrent une différence en plus de température qui varie de 2o 25 à 4 degré 25. Les corps vivans se trouvent donc dans le cas d'un corps inerte dont on a élevé la température, et qui est soumis à un refroidissement continuel de la part du milieù ambiant. Ce refroidissement se fait sentir d'abord à la surface, puis gagne sucessivement les couches intérieures jus qu'au centre. 2o La température moyenne des muscles de trois jeunes gens de vingt ans, a été trouvée d'environ. 36° 77 c. Davy avait trouvé pour la chaleur humaine en général. 36 66 M. Despretz pour la température moyenne de 9 hommes âgés de 30 ans. Pour celle de 4 hommes de 68 ans. De 4 jeunes gens au dessous de 13 ans. 37 14 37 13 36 99 Le résultat obtenu par le nouveau procédé est, comme on voit, à peu près la moyenne des températures obtenues par MM. Despretz et Davy à l'aide du thermomètre, instrument dont l'emploi est très-restreint et qui n'accuse pas immédiatement la tenpérature du milieu dans lequel on le plonge. 30 La température moyenne des muscles de plusieurs chiens est de 38 30, tandis que M. Despretz assigne pour la température du même animal 39 48. La différence qui est comme de plus d'un degré a porté MM. Becquerel et Breschet à répéter plusieurs fois leurs observations, et jamais ils n'ont obtenu une température aussi élevée que celle assignée par M. Despretz, ils pensent que la différence tient à des circonstances accidentelles dont ce physicien n'aura pas tenu compte. Ils font remarquer que la température des muscles éprouve des changemens notables en raison de l'état de la santé de l'individu; c'est ce qui explique les légères variations qu'ils ont observées sur le même sujet dans deux expériences différentes. 4o Dans le chien, la température de la poitrine, de l'abdomen et du cerveau est sensiblement la même et égale à celle des muscles. 50 La carpe ordinaire n'a donné qu'une différence d'un demi-degré en plus entre la température de son corps et celle de l'eau. La température des muscles, ainsi qu'il a été dit, éprouve des changemens en vertu de plusieurs causes physiques dont les principalès sont les contractions, le mouvement et la compression. La contraction d'un muscle, répétée, peut élever la température d'un demi-degré au moins. Si cette contraction a lieu dans des mouvemens généraux violens et répétés sans interruption pendant quelques minutes, l'élévation' de température est quelquefois de plus d'un degré centigrade. La compression d'une artère amène au contraire dans les muscles auxquels cette artère se distribue un abaissement de quelques dixièmes de degré. 29. Cour d'assises. Affaire du sieur de La Roncière, lieutenant de lanciers, accusé de tentative de viol et de blessures graves sur la jeune fille de M. le général baron de Morell, commandant de l'École de Saumur. Complicité d'un domestique et d'une femme de chambre. Lettres anonymes. Circonstances mystérieuses. Étonnante déclaration d'experts en écriture. Peu de pro cès ont excité à un plus haut degré la curiosité publique. Le raffinement de perversité de l'auteur du crime, l'infamie de l'attentat, la singularité si dramatique des faits qui l'ont précédé et suivi, le mystère qui plane sur diverses circonstances de cette scandaleuse affaire, et dont le voile n'est qu'à demi levé par les révélations nombreuses de l'acte d'accusation; l'illustration de la famille de la victime et de celle de l'accusé, qui comptent parmi leurs membres des généraux, des députés et des pairs de France; l'intérêt qui s'attache an talent des avocats qui doivent porter la parole dans ce procès, enfin les mille suppositions qui circulent dans Je public, tout contribue à donner à l'audience de ce jour un appareil de solennité judiciaire. Ce procès marquera dans nos fastes criminels parmi les causes célèbres de notre époque. Dès huit heures du matin, une foule immense encombre la grande galerie du palais et assiége les portes de la cour d'assises. A neuf heures les portes sont ouvertes au public et refermées presque aussitôt : un fort petit nombre des curieux qui attendaient depuis plus d'une heure au dehors trouvent à se placer. La salle a été envahie de très bonne heure par une foule de personnes munies de billets de faveur. Dans le parquet de la cour, on a placé un assez grand nombre de fauteuils, qui sont tous occupés par des dames élégantes. Dans cette compacte assemblée, on remarque un très-grand nombre de notabilités de toutes les classes, des hommes célèbres dans la littérature et des artistes. Les bancs du barreau sont remplis d'avocats et de membres du parquet en robe. Le banc circulaire adossé au bureau du tribunal, est occupé par la famille de mademoiselle' de Morell: le général de Morell, son père, occupe la première place de gauche. Derrière la cour on a placé des bancs où nous reconnaissons des magistrats, des députés, des membres du corps diplomatique, des pairs de France. M. le lieutenant général Clément de La Roncière, père du principal accusé, M. le comte Clément de Ris et M. le général Nourry, ses oncles, sont au dessous du banc des accusés, à côté de la place réservée à leurs avocats. A dix heures précises la cour entre en séance, et l'audience est ouverte. M. Partarrieu-Lafosse, avocat-génėral, occupe le siège du ministère public. MM. Berryer et Odilon-Barro!, avocats de la partie civile, sont auprès de M. de Morell. Plus loin sont MM. Chaix-d'Est-Ange, Auguste Marie et Perrin, avocats des accusés. M. le président, après avoir à plusieurs reprises invité le public à garder le plus profond silence, donne l'ordre d'introduire les accusés. Aussitôt un vif mouvement de cu riosité se manifeste dans l'assemblée; tous les regards se dirigent vers la porte d'entrée.... Les trois accusés sont introduits, accompagnés de plusieurs gardes municipaux. Le premier qui paraît est le principal accusé, Émile Clément de La Roncière; en s'asseyant sur le banc qui lui est indiqué, il reçoit des poignées de main de son père et de ses oncles. Après lui sont introduits Samuel Gilliéron, ancien domestique de M. de Morell, et Julie Génier, ancienne femme de chambre de madame de Morell. M. Emille de La Roncière est d'une taille moyenne. Sa figure est assez régulière; il a le nez étroit, les lèvres pincées, l'œil noir, le teint bilieux. Il porte une petite moustache et peu de favoris. L'ensemble de sa mise n'est pas sans élégance. Son attitude semble tranquille et assurée; mais il paraît s'impatienter de la curiosité bruyante dont il est l'objet. Quand le bruit excité par l'introduction des prévenus est un peu calmé, M. le président demande aux accusés leurs noms. Ils répondent tous d'un ton assuré. Après les formalités préliminaires d'usage, le greffier donne lecture de l'arrêt de renvoi et de l'acte d'accusation. Pendant cette lecture qui a duré plus d'une heure, l'accusé garde un calme parfait, de temps en temps un sourire moqueur effleure ses lè vres. Gilliéron est toujours impassible; Julie au commencement laisse échapper quelques larmes. Emile Clément de La Roncière, lieutenant au 1er régiment de lánciers, avait été détaché de son corps pour suivre le cours de l'école de cavalerie de Saumur, commandée par le général baron de Morell. Arrivé à Saumur à la fin de mars 1833, il ne tarda pas à s'y faire remarquer par ses dettes et le désordre de ses mœurs. Cependant sa conduite parut s'améliorer, et en 1834 il fut reçu comme les autres of ficiers de l'école dans la maison du général de Morell. Bientôt une multitude de lettres anonymes furent déposées dans toutes les parties de l'hôtel de celui-ci. Les premières ne contenaient que des déclarations d'amour pour madame de Morell; mais d'au tres adressées à miss Allen, gouvernante de mademoiselle de Morell, au jeune Robert de Morell, à mademoiselle de Morell, qui était alors âgée de 16 ans, prodiguaient à celle-ci les outrages les plus grossiers. Une autre à l'adresse de madame de Morell lui offrait l'hommage des tourmens causés à sa fille. Elle finissait ainsi : « Je serai aujourd'hui toute la journée autour de votre mason. Si je vous vois sortir, permettez-moi de croire que vous acceptez l'hommage de l'amour respectueux de votre obéissant serviteur. É. DE LA R. » Le général, à l'heure ordinaire de la sortie de sa femme, ouvrit les fenêtres donnant sur le pont de la Loire. Il y apercut de La Roncière, qui s'é→ loigna aussitôt. La même main révélait au général que le but de cette correspondance était de mettre le trouble et la discorde chez lui. Elle écrivait à mademoiselle de Morell d'un ton de plus en plus menaçant, et elle signait de de l'initiale R. ces tristes prophéties: « Plus tard ma haine aura des résultats qui ôteront tout bonheur à la vie de Marie. La mort serait pour elle un grand bienfait, car sa vie sera toujours misérable et tourmentée. » A la même époque des lettres semblables étaient adressées par la petite poste à M. d'Estouilly, officier de cavalerie en demi-solde, qui, reçu aussi chez M. de Morell, n'avait eu avec La Roncière que des rapports trèsfroids. Le 28 août, M. d'Estouilly en montra une au lieutenant Ambert. L'inconnu y disait : « Je veux troubler le bonheur de la famille Morell et le vôtre. M. d'Estouilly ne cacha pas à M. Ambert qu'il soupçonnait La Roncière. Quelques jours après, il en reçut une seconde; on y lisait : J'écris aujourd'hui à Marie une lettre dans laquelle je lui dis beaucoup de choses humiliantes sur son compte. Cette lettre est signée d'Estouilly, je suis sûr qu'elle sera remise, parce que j'ai gagné un domestique moyennant 5 fr. » Une quatrième lettre à M. d'Estouilly, du 14 septembre, lui exprima de sinistres projets : « Il me faudra la mort pour assou |