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II.

DES TEMPS POSTÉRIEURS À LA TENUE RÉGULIÈRE DES REGISTRES DE L'ACADÉMIE, JUSQU'À LA CRÉATION DE L'INSTITUT

1694-1701.

PONTCHARTRAIN.

Ce n'est pas seulement parce qu'il a fait rendre la première ordonnance qui constitue l'Académie des belles-lettres, que Pontchartrain doit être considéré comme le père, le fondateur de cette compagnie savante. C'est parce que, né avec beaucoup d'esprit et un goût très-vif pour l'étude, il dirigea, anima, surveilla ses travaux ; il en fit une affaire principale de la haute administration, et y fit participer le roi lui-même.

Après la mort de Louvois, la surintendance des bâtiments n'eut plus les académies dans ses attributions. Pontchartrain, devenu contrôleur général des finances et secrétaire d'État, ayant le département de la maison du roi, en fut chargé; et, lorsqu'en 1699 il fut nommé chancelier, il continua à diriger les travaux de l'Académie des belles-lettres, et fut toujours son ministre de fait, quoique les académies fussent demeurées dans le département de son fils Phélippeaux, devenu, comme il l'avait été, secrétaire d'État et contrôleur général des fi

nances.

Le premier soin de Pontchartrain fut d'obliger l'Académie à tenir un registre régulier de ses séances. Le premier de ces registres commence à la date du samedi 3 avril 1694, par une liste des membres, dont nous donnons une copie figurée :

LISTE DES ACADÉMICIENS QUI COMPOSENT L'ACADÉMIE ROYALE

DES INSCRIPTIONS.

M. de Pontchartrain, ministre et secrétaire d'État;
M. Phélippeaux, secrétaire d'État en survivance;
M. l'abbé Bignon'.

MM. Charpentier,
Félibien,

Racine,
Despréaux,

De Tourreil,

L'abbé Renaudot,

De la Loubère.

1

M. l'abbé de Tallemant, secrétaire.

Les deux ministres et le neveu du premier s'inscrivirent sur la liste de l'Aca

démie comme membres honoraires, comme protecteurs, hors ligne. Ces grands sei

Pontchartrain, lorsqu'il eut été nommé chancelier, redoubla d'activité et de zèle pour faire terminer par l'Académie l'Histoire du roi par médailles, et prit part lui-même à la composition de l'ouvrage. En 1702, il parut une première édition de toutes celles qui avaient été frappées et gravées jusqu'alors, dont nous aurons à parler ci-après plus amplement.

Dans l'intervalle de la première séance régulière de l'Académie jusqu'à l'époque de cette publication des premiers fruits de ses travaux, Racine et Félibien avaient cessé de vivre, et ils furent remplacés par Dacier et Pavillon. Ce dernier s'adonna avec ardeur au travail de la composition des médailles de l'Histoire du roi.

DE 1701 À 1713.

Cet ouvrage terminé, il fut facile à l'Académie d'obtenir de Louis le Grand une sorte de charte régulière; cette charte royale, qui n'a pas moins de quarante-neuf articles, lui fut concédée le 1er juillet 1701, et porte le titre de Règlement ordonné par le roy pour l'Académie royale des inscriptions et médailles,

A partir de cette époque, l'Académie étendit considérablement ses travaux. Le roi augmenta le nombre des académiciens, et le bureau se trouva composé de la manière suivante : L'abbé Bignon, président;

L'abbé de Caumartin, vice-président;
Despréaux, directeur;

De Tourreil, sous-directeur;

gneurs, très-lettrés eux-mêmes, ne prenaient point des places d'hommes de lettres. Ils se rapprochaient d'eux dans le com

merce d'une considération bienveillante, d'une part, et d'une familiarité respectueuse, de l'autre; rien de plus.

Tallemant, secrétaire;

Félibien fils, trésorier 1.

Le roi nomma académiciens honoraires, outre les deux désignés président et vice-président :

Le prince Armand Gaston de Rohan, coadjuteur et depuis évêque de Strasbourg et cardinal;

Fabio Brulart de Sillery;

Le R. P. François de la Chaise, confesseur du roi; Jacques, marquis de Beringhen, chevalier des ordres du roi et premier écuyer de Sa Majesté;

Le R. P. D. Jean de Mabillon, bénédictin;

Louis-Marie, duc d'Aumont, pair de France, premier gentilhomme de la chambre du roi;

Michel le Pelletier de Souzy, conseiller d'État ordinaire et au conseil royal;

Nicolas Foucault, intendant de la généralité de Caen, et depuis conseiller d'État ordinaire.

L'Académie tint sa première séance publique de la SaintMartin le 15 novembre. Elle composa le jeton qui devait être distribué à chaque séance aux membres présents: ce jeton avait d'un côté les armes de France et la tête du roi; sur le revers, une muse tenant à la main une couronne de laurier et ayant derrière elle des cyprès et des obélisques, et pour âme ces mots d'Horace : Vetat mori.

1 Les officiers de l'Académie furent, comme on voit, un président et un viceprésident de l'ordre des honoraires, un directeur et un sous-directeur de l'ordre des pensionnaires, un secrétaire perpétuel et un trésorier perpétuel, jusqu'en 1716. Mais Félibien ayant malversé, son titre et son office furent réunis à ceux du secrétaire perpétuel, et depuis ce temps jusqu'en

:

1793, l'Académie garda son bureau ainsi composé les quatre premiers officiers. siégeant à la fois, sans partage de la présidence, mais se suppléant en cas d'absence de l'un d'eux, dans l'ordre hiérarchique; le secrétaire perpétuel trésorier, tenant la correspondance, faisant les affaires de l'Académie, et ayant la garde de ses archives et de ses collections.

- N.

L'Académie fit paraître en ce temps l'ouvrage qui l'avait occupée jusqu'alors et qui fut intitulé : Médailles sur les principaux événements du règne de Louis le Grand avec les explications historiques. Paris, de l'Imprimerie royale, 1702; grand in-folio. Ce livre était précédé d'une préface, qui fut supprimée dans la seconde édition, dont nous parlerons bientôt; cette préface, que les bibliographes attribuent à Tallemant, était d'Antoine Galland, récemment nommé de l'Académie, et professeur de langue arabe au collège de France.

DE 1713 A 1716.

Le règlement donné par le roi et visé du garde des sceaux n'assurait pas à l'Académie des inscriptions et médailles une existence aussi légale que celle qu'avait reçue, de Richelieu, l'Académie française. Cette existence lui fut assurée et un titre plus authentique lui fut conféré par les lettres patentes de Louis XIV données à Marly, en février 1713, et enregistrées au parlement et à la chambre des comptes, qui confirmaient l'établissement de l'Académie des inscriptions et médailles et celle de l'Académie des sciences.

DE 1716 JUSQU'À LA CRÉATION DE L'INSTITUT.

Après la mort du roi, l'Académie fut de nouveau réorganisée par le régent, et un arrêt du conseil d'État du 4 janvier 1716 changea son titre en celui d'Académie royale des inscriptions et belles-lettres.

L'Académie avait continué et complété le travail de l'histoire métallique de Louis le Grand, et le volume fut imprimé, en 1723, avec un nouvel intitulé, qui fut : Médailles des principaux événements du règne entier de Louis le Grand, avec des explications historiques. Paris, de l'Imprimerie royale, 1723.

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