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DE

L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

ET BELLES-LETTRES.

NOTICE CHRONOLOGIQUE

SUR

L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

AVERTISSEMENT.

Quoique cette Notice, avec les tableaux qui la suivent, dût, selon l'ordre des matières, entrer dans la seconde section de ce volume, puisqu'elle répond à une question de M. le Ministre de l'instruction publique, et qu'elle se rattache ainsi à la se rattache ainsi à la correspondance officielle, cependant, comme elle offre une vue générale et chronologique de l'état de l'Académie depuis l'origine jusqu'à nos jours, il m'a paru qu'elle serait mieux placée, extraordinairement, en tête de cette partie, consacrée à l'Histoire.

M. le Ministre, « au moment de publier un nouvel annuaire des Sociétés savantes de la France pour 1852», avait demandé à M. Walckenaer, alors secrétaire perpétuel, « quelques renseignements

précis, relatifs à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, pour compléter l'historique de l'Institut.

« Les renseignements que je désire avoir à cet effet, ajoutait M. le « Ministre, sont :

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1° Un tableau chronologique complet, donnant la succession des membres de l'Académie depuis sa fondation, distribués par fauteuils..

« 2o La date précise de l'institution des commissions établies dans le sein de l'Académie, avec une copie de la décision qui les a instituées;

3o Le nombre et le titre des publications confiées à l'Académie, l'indication des lois ou ordonnances qui ont ordonné ces publications, et le nombre des volumes parus jusqu'à ce jour, etc. 1. »

M. Walckenaer se hâta de rédiger l'exposition suivante :

Lettre du 13 janvier 1852.

I.

DES PREMIERS TEMPS DE L'ACADÉMIE,

ANTÉRIEURS À LA TENUE RÉGULIÈRE DE SES REGISTRES.

16631683.

COLBERT.

Une médaille qui se trouve gravée au tome I, page 3, du Recueil des Mémoires de l'Académie des inscriptions, et mieux gravée encore dans le volume de l'Histoire métallique du siècle de Louis XIV (planche LXXV), semble constater authentiquement que l'établissement de l'Académie des inscriptions et belles-lettres remonte à l'année 1663, et cependant cela n'est pas tout à fait exact. Il est bien vrai que, dès l'année 1663, Colbert avait choisi quatre membres de l'Académie française, qu'il réunissait dans sa bibliothèque pour discuter les inscriptions, les médailles et les devises à faire en l'honneur du roi. Il appliqua les lumières des membres de cette commission à inventer ou à examiner les différents dessins de peinture et de sculpture dont on voulait embellir Versailles; « on y réglait le choix et l'ordre des statues; on y consultait les ornements des fontaines et des bosquets',» les dessins des tapisseries du roi, les jetons du trésor royal, des bâtiments et de la marine, etc.

Quand Quinault fut chargé de travailler pour le roi aux tragédies en musique, S. M. lui enjoignit expressément de consulter les académiciens qui s'assemblaient chez Colbert. A mesure que chaque pièce avançait, Quinault en montrait les

1 Histoire de l'Académie, t. 1, p. 3.

morceaux au roi, qui demandait toujours ce qu'en avait dit la Petite Académie, car c'est ainsi qu'il l'appelait.

On soumettait aussi au jugement de cette commission les livres sur lesquels elle était en état de prononcer, et dont le roi voulait encourager l'impression.

Les quatre premiers académiciens qui formèrent la Petite Académie furent Chapelain, l'abbé Bourzeis, Charpentier et l'abbé Cassagnes. Perrault, contrôleur des bâtiments, tenait la plume, et devint membre de cette commission lorsqu'il eut été reçu de l'Académie française. L'abbé Bourzeis mourut en 1672, et Chapelain en 1674. Ils furent remplacés par l'abbé Tallemant jeune et par Quinault, tous deux de l'Académie française.

Colbert présidait souvent cette Petite Académie, il y portait les ordres du roi, y faisait connaître ses intentions; mais dans les dernières années de sa vie, il cessa d'y paraître. Il n'eut plus la même confiance dans Perrault, qui quitta la commission des bâtiments et ne vint plus aux séances de la Petite Académie. L'abbé Gallois fut chargé de le remplacer. Gallois ne savait pas, comme Perrault, stimuler le zèle des académiciens, ni diriger leurs travaux, et, pendant dix-huit mois, les réunions devinrent moins fréquentes, et la Petite Académie fut sur le point de s'anéantir.

16831694.

LOUVOIS.

Elle se ranima après la mort de Colbert, en septembre 1683. Louvois avait succédé à ce ministre dans la charge de surintendant des bâtiments. Perrault ayant en quelque sorte donné sa démission', la Petite Académie se réduisait à trois

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membres, à savoir: Tallemant, Charpentier et Quinault. Louvois leur dit de nommer un quatrième membre; ils choisirent Félibien le père, et Louvois recommença à présider lui-même les séances de la Petite Académie. Il la faisait venir chez lui, à Paris et à Meudon. Il fixa enfin ses séances au Louvre, dans la salle où se réunissait l'Académie française; il régla que l'on s'assemblerait deux fois la semaine, le lundi et le samedi, depuis cinq heures du soir jusqu'à sept heures. La Chapelle fut le cinquième membre. Cet homme de lettres, devenu, sous Louvois, contrôleur des bâtiments, comme l'avait été Perrault, fut, comme lui, chargé par le ministre dirigeant de se trouver à toutes les séances, et de tenir note des délibérations. Louis XIV ajouta trois autres membres ce furent Racine, Despréaux et Rainssant, directeur du cabinet royal des antiques. La Petite Académie commença à prendre une forme régulière, et se trouva composée de huit membres. Ces membres étaient, à l'époque où elle commença à faire frapper quelquesunes des médailles de l'histoire métallique du roi : Charpentier, l'abbé Tallemant, Quinault, Félibien, Racine, Despréaux, Rainssant, de la Chapelle, secrétaire.

Boileau (toujours nommé Despréaux dans nos registres) fut très-assidu aux séances, et composa un grand nombre de médailles.

Quinault mourut en octobre 1688, et Rainssant, se promenant dans le parc de Versailles, se noya dans la pièce d'eau des Suisses. Louvois mourut sans que ces deux membres eussent été remplacés; mais ils le furent, en 1691, par de Tourreil et l'abbé Renaudot.

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