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une

rique, qu'ils avoient un déficit confidérable, s'étoient empreffés d'offrir les fommes propres à le combler grande Nation comme la nôtre pourroit, à plus forte raifon, par un nouvel ordre de chofes dont le but feroit de fimplifier toutes les branches de l'administration, au point d'en écarter les abus, de répartir l'impôt d'une manière plus égale, moins fufceptible de frais, de variations, d'arbitraire, & fur-tout moins à charge à la partie la moins fortunée, trouver non- feulement les moyens de balancer les avantages que le crédit national anglois lui donne fur nous, mais encore nous mettre à portée de couvrir notre déficit, de ramener bientôt le bonheur public, & de fonder, d'une manière plus folide même que ne peut faire le crédit anglois & celui de tout autre Nation, la puiffance & la profpérité nationale françoise.

Telles furent, Meffieurs, les réflexions qui me dictèrent les combinaifons qui ont formé le plan que j'ai eu l'honneur de vous offrir.

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La Conftitution des Milices Nationales auxiliaires combinée avec celle des travaux publics, telle que je la conçus, me parut devoir fervir de bafe au plan qui embraffe, comme vous l'avez vu, l'enfemble des branches. les plus importantes de l'administration publique.

Depuis long-tems je voyois, avec infiniment de peine, que les milices, par les exemptions arbitraires, & par une foule de vexations dont elles fervoient de prétexte, étoient le fléau, de la Nation dont elles. auroient dû être le bouclier invincible. J'étois furtout affligé de ce qu'elles éloignoient de leurs foyers une foule de fujets qui, pour s'y fouftraire, s'enfuyoient dans les Villes qui étoient exemptes du tirage, où ils finiffoient par accroître le nombre des infortunés > fouvent même celui des vagabonds, faute de trouver les reffources fur lefquelles ils avoient compté. Perfuadé cependant qu'elles font effentiellement néceffaires, je

cherchai par quelles combinaisons on pourroit leur donner une bafe conftitutionelle, qui pût non-feulement les rendre plus généralement utiles, fans être à charge aux peuples, mais encore les faire concourir à leur bonheur, en donnant l'effor à plusieurs autres vues d'utilité publique.

Long-tems j'avois gémi fur le fort du Villageois, du Laboureur flétri fous le poids des corvées, lorfque je défirai qu'on trouvât les moyens de les remplacer à fi peu de frais, & avec tant d'autres avantages pour la Nation, qu'on fût porté à s'y déterminer.

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Vous aurez eu, Meffieurs une idée de l'économie qu'on trouveroit dans le plan que j'ai eu l'honneur de mettre fous vos yeux, lorfque vous aurez vu que quoique M. Turgot, Adminiftrateur auffi patriotique qu'éclairé, eût prouvé que la dépenfe relative au rachat des corvées ne pouvoit être au-deffous de douze à treize millions auxquels elles font portées, ce qui, avec les frais des ponts & chauffées, va à dix-huit ou vingt millions pour les feuls pays non d'Etat; cependant on pourroit

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avec

8,760,000 liv., non-feulement procurer à la France entière un résultat de travaux beaucoup plus confidérable que celui que donneroient toutes les corvées du royaume, mais encore fournir gratis à l'Etat les mains-d'œuvre pour les grands ponts & autres conftructions publiques, faciliter la fuppreffion de tous les frais des prifons des déferteurs & autres vagabonds, d'établir une police fi douce & fi bien organifée, qu'elle détruiroit toute efpèce de vagabondage en forçant ceux qui feroient tentés de s'y livrer à rentrer dans la claffe des Citoyens utiles fans les renfermer ni les rendre malheureux, & fans cependant qu'ils puiffent s'en défendre, de prévenir prefque tous les crimes afin de n'avoir pas à les punir, de détacher des travaux publics, à la première guerre, fans ceffer l'entretien des grandes routes, & de veiller à leur fûreté, un Corps de feize mille hommes tous payés

1600 chevaux pour l'artillerie, un grand nombre de bœufs pour fournir à la fubfiftance des troupes réunies.

L'arbitraire dans la répartition des contributions qui feroient payées par chaque Communauté, feroit tellement banni, & l'ordre établi, qu'une communauté qui paye aujourd'hui 5 à 600 livres à 600 livres pour le rachat de fes corvées, n'en payeroit pas ico pour concourrir à tous les objets que je viens d'avoir l'honneur de vous indiquer, quoique tous les travailleurs fuffent payés de manière à chérir leur fort.

J'avais placé à la fuite de cet enfemble, fous le nom de Réflexions diverfes, l'extrait de ce que j'avois propofé fur l'impôt, fur les moyens d'affurer la fubfiftance Nationale, d'une manière également propre à encourager l'agriculture & toutes les autres branches de la fociété ;

Sur le parti qu'on auroit pu tirer des biens du Clergé;

Sur une banque Nationale qui me paroiffoit devoir vivifier le commerce, l'agriculture & toutes les autres parties de ce vafte Empire.

Vous ne vous êtes pas contentés, Meffieurs, d'accueillir favorablement l'ouvrage où j'ai traité ces objets, vous avez encore daigné ordonner que les projets de Décrets qui en prefentent l'ensemble, fuffent imprimés aux dépens de la chofe publique. Heureux! fi mes vues pouvoient être de quelque utilité à ma Patrie.

Si après les avoir examinés avec l'attention que méritent des fujets auffi importans, vous ne les croyez pas fufceptibles d'exécution, elles auront du moins à vos yeux le mérite de m'avoir été dictées par le zèle le plus pur, l'attachement le plus fincère, le plus inviolable & le plus refpectueux pour ma Patrie, & pour notrę augufte Monarque.

DE PAWLET.

Concernant les Milices Nationales:

L'ASSEMBLÉE NATIONALE Confidérant qu'il importe effentiellement, pour la Nation, d'avoir toujours un fonds de Milices auxiliaires, prêt à fe réunir, en cas de guerre inévitable, aux Troupes de ligne, afin de n'être pas obligée de forcer arbitrairement tous les Citoyens à courir aux armes, ou de ruiner la fortune publique, en frais d'enrôlement, de manière à ne pouvoir réfifter aux efforts ennemis, elle a cherché quelle feroit la Conftitution de Milices auxiliaires qui, fans gêner la liberté des Citoyens, procurera néanmoins conftamment une quantité de Soldats fuffifante à oppofer aux ennemis, & réunira en même temps les moyens d'encourager toutes les claffes, de remplir le plus de vues d'utilité publique, le plus d'ordre & d'enfemble, elle a décrété & décrète.

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LE bien public exige qu'il y ait toujours un fonds de 100,800 Miliciens, y compris ceux connus fous le nom de Garde-côtes qui feront fournis par les Municipalités des Communautés, pour accroître, en cas de guerre inévitable, les Troupes de ligne.

I I.

Il fera accordé, pour prix d'engagement, à tout Citoyen qui, par fa taille, fa conftitution phyfique, &

fur-tout par fon honnêteté & fon patriotifme, fera admis à s'enrôler pour Milicien d'une Communauté, une folde de deux fols par jour, ou trente-fix livres par an, fur lefquelles il en fera retenu fix, pour lui former une maffe d'habillement.

II I.

Le nombre de ceux qui feront claffés en même tems, étant borné, s'il s'en préfentoit au-delà de celui nécesfaire, on donnera toujours la préférence à ceux qui fe feront faits enregistrer les preniiers; & s'il s'en trouvoit plufieurs qui fe préfentaffent en même temps, le choix Tera fait par la voie du fort; il en fera de même fi le nombre de ceux qui fe préfenteront à l'enrôlement volontaire, ne fuffifoit pas pour former le complet de 100,800 hommes.

I V.

Les Miliciens & Gardes-côtes actuellement claffés, continueront à l'être jufqu'à l'expiration de leur temps. Ils jouiront de la foldé fus accordée, à compter du mois de Janvier prochain.

V.

S'il arrivoit que, faute de trouver un nombre fuffifant 'de gens de bonne volonté pour completter le total des Troupes auxiliaires, on fût obligé de faire tirer au fort; tous les garçons, ou vœufs fans enfans, compris dans les âges de feize à quarante ans, feront dans le cas d'y à moins qu'ils ne fe fuffent abonnés, dans le mois de Janvier précédent, pour le prix de so livres par an, ce qui feul les exempteroit du tirage.

tirer

V I.

Celui qui ne s'étant point abonné, à l'époque fuf

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