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rigoureuse exactitude (1); je lui ai demandé de la prolonger sur quelques-unes des sommités voisines afin de vérifier " contre-épreuve, les observations que le Père André de Gy a faites à l'aide de son baromètre, et dont il a consigné les résultats dans ce Journal (2). J'ai accompagné moi-même cet ingénieur dans la plus importante de ces reconnaissances, celle de la montagne dite le Tasselot, située à 6 kilomètres (une lieue et demie) sud de Saint-Seine, près le village de Trouhaut, et que le Père André a regardé comme le point le plus élevé de la chaîne. Ayant fait porter sur la cîme un niveau à bulle d'air de Lenoir, excellent instrument qui a servi pour tous ces divers nivellemens, nous avons reconnu que le Tasselot ne mérite que le second rang, et qu'il est dominé à l'est d'environ quatre à cinq mètres (3), par la petite chaîne qui borde la charmante vallée dite le

(1) C'est à lui que je dois la carte qui accompagne ce Mémoire, et le dessin de la planche I.

(2) Tom. 18, pag. 426.

(3) Cette estimation est plus rigoureuse qu'on ne serait d'abord porté à le croire, lorsqu'on veut reconnaître, au moyen d'un niveau à lunette, de combien une sommité boisée que l'on observe, est plus élevée que celle sur laquelle on est placé, surtout si celle-ci n'est pas très-éloignée de la première. En examinant attentivement à quelle ligne s'arrête, au-dessous de la surface, le fil délié qui traverse l'objectif de la lunette, on juge la différence d'élévation des deux sommités, par la comparaison de l'épaisseur du terrain compris dans cette ligne, avec la hauteur correspondante des arbres supérieurs, que l'on peut apprécier par la connaissance de celle à laquelle ils parviennent dans le pays.

Val-Courbe, dans laquelle la rivière de Suzon prend sa source.

Voici les résultats de ces opérations, en donnant à Dijon 235,83 (121 toises anciennes) d'élévation au-dessus du niveau de la mer, avec le ère André, qui a fait ses observations surle bord de la rivière, près du Pont-aux-Chèvres.

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Observations géologiques.

La composition générale de la chaîne, que M. de Buffon appelle montagne de Langres, est de ce calcaire blanc moderne, bien connu, qui se montre à la superficie de presque toutes les contrées de la France, dites calcaires, et qui, depuis nos sommets les plus élevés jusqu'au fond des profondes vallées qui sillonnent leurs bases, n'indique pas de très-grandes

(1) Sans prétendre axer d'inexactitude les observations du P. André, ou ses instrumens d'imperfection, je me bornerai à dire que les opérations de nivellement dont j'offre ici les résu tats, ont été faites à plusieurs reprises, avec un soin extrême, et me paraissent mériter la plus grande confiance.

(2) Le P. André ne donne cette hauteur qu'approximati

vement.

différences dans les époques de sa formation. L'uniformité constante qu'elle offre au naturaliste le fatigue et le dégoûte de ses recherches. Ses limites même, ce passage d'une nature de terrain à une autre, qui promet toujours de l'intérêt et de l'instruction, en sont dépourvues sur presque tous les points de cette vaste étendue, parce que les dernières pentes et les plaines auxquelles elles aboutissent étant recouvertes au loin d'un sol formé de débris (1), le sol véritable se dérobe à l'observation. Ce principe constant sur toute la ligne calcaire, et dont chacun peut vérifier l'existence par l'inspection de la carte de M. de Buffon, déjà citée, souffre une exception remarquable, à l'endroit où cette ligne touche à l'extrémité de la chaîne granitique du Morvand. Là les passages sont brusques; les terrains extrêmes se touchent, à proprement parler, puisqu'un court espace les réunit sous les yeux de l'observateur, et lui permet de reconnaître les lois d'une composition que des inductions plus que probables lui représentent comme générale sous toute la ligne de la chaîne. C'est ce point intéressant et presque unique que j'ai eu à examiner, et que je me propose de décrire, parce qu'il offre des particularités qui m'ont paru le distinguer des autres lieux où l'on a reconnu jusqu'à présent des terrains de formations différentes.

Les deux extrêmes de la série géologique

(1) Voyez les Voyages de Monnet, Grignon, et le Mémoire cité de M. Héricart de Thury.

que je dois présenter dans ses détails sont 10. les roches primitives; 2°. le calcaire blanc moderne qui couronne ou compose les sommités de la chaîne. Je crois donc, quoique dans nos environs, la formation strictement nommée secondaire, s'applique immédiatement et sans transition sur la primitive, pouvoir considérer comme intermédiaires, et caractériser sous ce nom (1) les diverses compositions de roches qui se trouvent entre ces deux divisions extrêmes. J'observerai cependant en passant que, s'il est une formation. qui réponde à l'idée que l'on doit prendre de celle à laquelle l'école Wernérienne a donné le nom d'intermédiaire, c'est bien certainement la formation que je décris sous ce nom. Il est vrai que le calcaire ancien qui en fait partie contient des coquilles en abondance, circonstance qui ne s'accorde pas avec un des principaux caractères du calcaire appelé de transition. Ici s'appliqueraient les judicieuses réflexions de M. Omalius d'Halloy, si le peu d'inclinaison de nos couches ne semblait les soustraire à la nouvelle division qu'il a cru pouvoir proposer (2). En considérant cette hésitation, ou plutôt cette divergence d'opinions que les faits seuls pourront fixer, je pense que

(1) Pour ce travail seulement, et sans prétendre proposer ici une nouvelle division systématique.

(2) Journal des Mines, tom. 28, pag. 172 et suiv. Je serais d'autant plus fondé à ranger notre calcaire à gryphites dans la formation intermédiaire de M. Omalius d'Halloy, malgré sa stratification presque horizontale, que ce même calcaire se trouve dans la chaîne du Jura et ailleurs, couches très-iuclinées. Près de Rainand (5 kilomètres de

en

long-tems encore les scrutateurs de la nature devront avoir devant les yeux ces paroles pleines de sagesse de M. l'inspecteur des mines Baillet (1): Peu de systèmes et beaucoup de faits doivent être la devise des naturalistes.

1o. Roches

Les roches primitives, qui descendent pres- primitives. que sans interruption de la chaîne du Morvand, cessent tout à coup de se montrer auprès d'Arnay et de Sémur, et sur la ligne de ces deux villes (2); mais la nature des terrains environnans indique suffisamment qu'elles existent à quelque profondeur. Peu à peu elles s'enfoncent au point que rien n'annonce plus leur présence, et le calcaire blanc moderne s'élève de toutes parts à de grandes hauteurs. Cependant, après une interruption de 15 à 16 kilomètres (4 lieues), occupée par de hautes montagnes calcaires, elles reparaissent encore pour la dernière fois aux environs des communes de Mâlain, Mémont et Remilly, à 24 kilomètres (6 lieues) ouest de Dijon. Ce sont ces dernières limites qui fournissent le plus d'observations intéressantes.

A l'exception de quelques morceaux rares Gneiss. de gneiss qui se rencontrent isolément, et détachés du lieu de leur origine, les granits sont les seules roches primitives que l'on trouve en

Dôle), à l'extrémité occidentale de la chaine, le calcaire à gryphites se montre en couches inclinées au Sud-Ouest de 70 degrés, qui paraissent reposer sur un Psammite feuilleté très-micacé. Contre ce calcaire viennent s'appuyer des calcaires blancs modernes en couches inclinées au NordEst, d'environ 40 degrés.

(1) Journal des Mines, tom. 2, no. 10, pag. 86. (2) Voyez la carte jointe à ce Mémoire.

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