Page images
PDF
EPUB

Fidèle à son système des immenses percées, M. Laurent proposa de traverser la montagne de Sombernon, par une galerie qui eût commencé à Sainte-Marie, près de Pont-de-Pany, et se fût terminée dans le vallon de la Brenne auprès de Vitteaux, sur une longueur qu'il pensait être de quatre lieues; mais il est constant aujourd'hui, qu'en suivant le niveau de l'ouverture, jusqu'au côté opposé de la montagne, sa galerie ne fût sortie de terre qu'audessous du village de Posange, et que la longueur réelle en eût été de 26,500 mètres (plus de 6 lieues et demie). Ce projet ne pouvait soutenir le plus léger examen.

J'aborde enfin celui qui paraît tenir en suspens l'administration, en concurrence avec l'ancien projet de M. Abeille. M. l'ingénieur Plagniol a osé encore choisir la montagne de Sombernon, pour but de ses recherches, sans en être détourné par la défaveur qu'ont dû nécessairement jeter sur toute proposition relative à ce passage, deux tentatives aussi malheureuses. Son projet, accompagné de plans et de détails estimatifs, a été présenté à l'administration qui l'a jugé digne d'être examiné attentivement. Cet ingénieur, prenant le canal à la ving- Aperçu du

le puits de 85,47 (180 pieds), qui m'a fourni l'exemple que j'ai donné dans la première partie, de la position respective des roches, et qui est situé entre Pouilly et Créancey. Ce qu'il y a de très-remarquable, c'est qu'au fond de ce puits, et à 11m.,47 au-dessous du niveau du granit, est ouverte une galerie qui n'a été poussée qu'à 4,54 (14 pieds), et qui indique le niveau de la percée dont je viens de parler. Il est probable qu'à ce niveau une grande partie de ce souterrain eût été exécutée dans le granit.

projet Plag.

niol.

[ocr errors]

tième écluse, actuellement désignée un peu au-dessus de Sainte-Marie, près de Pont-dePany, lui fait remonter le vallon d'Agey et de Remilly, jusqu'au-dessus de ce dernier village, et arrivé là, à la 55° écluse, il y établit son biez de partage qui se dirige sous la montagne, et sort de l'autre côté (1), au-dessus du village de Grosbois, d'où il descend dans la vallée de la Brenne, et gagne Pouillenay par Vitteaux, Posange et Arnay-sous-Vitteaux. Quoique la percée, sous la montagne de Sombernon, ne soit que de 7910 mètres, la longueur totale du biez est de 8635, attendu qu'on n'entre en galerie dans le corps de la montagne que lorsque la tranchée est arrivée à une hauteur de 12 à 13 mètres. Cette tranchée a 475 mètres de longueur, du côté de Remilly, et seulement 250 de celui de Grosbois. Je passe aux moyens d'exécution.

La montagne de Sombernon ayant environ 179 mètres d'élévation (2) au-dessus du niveau du bież de partage, il eût été superflu de proposer, ainsi que le faisait M. Laurent (3), de creuser des puits de cinquante toises en cinquante toises (97,45), pour l'airage et pour Pextraction des matières, sur toute l'étendue de la ligne du biez. M. Plagniol parvient à opérer cette extraction plus simplement et plus économiquement, au moyen d'une galerie horizontale de 3,60 de largeur, et de

[ocr errors]

(1) Voyez la carte et la planche I.

(2) La ligne de la galerie ne passe pas exactement audessous du sommet.

(3) Navigation de Bourgogne, pag. 158.

puits d'airage placés à 250 mètres l'un de l'autre. Les matériaux pourraient être charriés au dehors de la galerie, soit par des hommes, soit par des animaux. Pour accélérer la confection de cette dernière, en même tems que l'ouverture se commencerait par les deux extrémités, deux grands puits d'airage et en même tems d'extraction, situés à mille mètres de distance l'un de l'autre, et au milieu de la ligne, partiraient du sommet, et viendraient aboutir à la galerie.

L'auteur pense, et tout annonce que c'est avec raison, qu'il ne serait nécessaire de voûter le souterrain sur aucun point. C'est dans le schiste bituminifère que la majeure partie des travaux serait exécutée, et l'observation de plusieurs lieux où cette roche se maintient saine et sans dégradation, dans diverses inclinaisons, quoique exposée à toutes les variations de l'atmosphère, prouve que, taillée en voûte, et à l'abri de toute influence de l'air extérieur, la galerie se conserverait dans son intégrité. Sous le rapport de l'abondance des eaux, le projet ne paraît pas non plus devoir mériter de contradiction, M. Plagniol proposant, entre autres ressources, l'adoption du réservoir de Grosbois, qu'il agrandit même, et dans lequel il amène, par une percée faite dans la montagne de Civry (1), les eaux de Baume et de Semarey.

(1) Le même ingénieur a soumis à l'Administration un projet, suivant lequel le canal, après avoir été conduit jusqu'à Châteauneuf, d'après les plans de M. Abeille, remonterait la vallée de Commarin, jusqu'en deçà du village de Semarey, point du biez de partage, à cinquante-sept écluses

C'est aux hommes de l'art qu'il appartient de juger le mérite de cette conception qui, au premier coup d'œil, étonne l'imagination. Considérons cependant que, pour légitimer de grands projets, et appuyer de vastes entreprises, nous n'avons plus besoin d'aller chercher chez les anciens d'illustres exemples. Quand on a parcouru ces routes magnifiques des Alpes, éternels monumens du plus glorieux règne, ces rampes hasardeuses rendues faciles pour tous les genres de transports, ces longues voûtes percées au travers des rocs inaccessibles, et au milieu de tous les obstacles que la nature multipliait à chaque pas, peut-on croire qu'il reste encore quelque chose d'impossible au génie des arts, soutenu par les regards du grand homme qui les anime tous. Sans donc citer ici des travaux qui puissent offrir, avec le projet de M. l'ingénieur Plagniol, des traits de dissemblance, sans même justifier ce projet par l'exemple de cette immense galerie de 14000 mètres (plus de trois lieues et demie), entreprise pour le canal de Picardie, en partie exécutée, et que nous avons vue sur le point de recevoir du gouvernement une approbation solennelle, je me bornerai à dire que, dans la confection de ce même canal, terminé sur un nouveau plan, et navigable aujourd'hui, on remarque deux galeries

au-dessus de celle du bassin de Dijon. Ce biez aboutirait dans la vallée de la Brenne, en traversant la montagne de Civry, au moyen d'une percée de 500 mèttes, et le canal recevrait ensuite, jusqu'à Pouillenay, la direction qui est indiquée dans le projet par Sombernon.

souterraines qui règnent ensemble sur une longueur de 6800 mètres. Reste à considérer à présent, si la nature du sol apporte quelque empêchement réel à l'exécution du projet.

On a vu,

roches à tra

› verser.

dans la première partie, que la Nature des ligne granitique qui se manifeste à Remilly, Mémont et Mâlain, après une interruption d'environ seize kilomètres ( 4 lieues), est la limite des roches primitives de ce côté. Quoique la masse de granit, qui sort de terre à Remilly, paraisse être la sommité d'un roc isolé cependant son existence sur un point aussi rapproché des importans travaux que l'on propose, et à un niveau qui leur est supérieur, peut faire concevoir des inquiétudes, et rend nécessaire le plus sérieux examen pour les confirmer ou les détrnire. Les trois puits d'épreuve qui ont été ouverts sur la ligne de la percée projetée, faciliteront cette recherche. L'observation des couches fera le reste.

De quelque côté que l'on considère la masse granitique de Remilly, on ne tarde pas à la voir disparaître, en s'enfonçant très - rapidement. Déjà à quelques mètres au-dessous du village, le ruisseau ne creuse plus son lit que dans les grès, et presque subitement ne met plus à découvert que des schistes bituminifères. De l'autre côté, le premier puits, dont l'ouverture est presque de niveau avec la 55° écluse, et avec la percée projetée, est entièrement dans les grès, et n'atteint le granit qu'à 12-83 (1). Si nous montons au puits supérieur, nous ne retrouvons plus, dans les matières qui

(1) Voyez la planche I.

« PreviousContinue »