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renfermant des couches de grenat et d'épidote de 3 ou 4 pouces d'épaisseur, et quelques cristaux d'amphibole noire. La couleur des variétés noires du calcaire m'a paru provenir d'un mélange intime de graphite. Je n'ai pas pu découvrir le gîte duquel ces blocs ont été détachés; mais ni la texture du calcaire, ni la disposition du granit et de l'épidote, ne permettent de supposer que ces blocs appartiennent à quelques filons; toutes les montagnes qui environnent et qui dominent ce lieu sont granitiques, et outre qu'ils se trouvent très-près du faîte, leurs arêtes sont trop bien conservées pour supposer qu'ils y aient été transportés de loin.

Plusieurs couches calcaires alternant avec le granit s'observent encore à peu de distance de la mine de fer que l'on extrait dans les montagnes de Méner, dans la vallée de Cinca ou de Bielsa, en Aragon. Le rocher est à découvert sur une étendue assez considérable pour bien observer ce gisement. Ces couches ont depuis 3 jusqu'à 6 pieds d'épaisseur. Le calcaire qui les compose est en général à petits grains, qui quelquefois deviennent si fins que la roche paraît être compacte; du grenat communément amorphe, du quartz, 'du mica et du talc, y sont fréquement disséminés. Le granit qui les renferme est à petits grains et peu cristallin.

J'ai observé également, dans la vallée de Barèges, deux couches calcaires dans le granit. L'une est à environ 150 pas au dessus de Gèdre, sur le chemin de Gavarnie, et l'autre tout près à l'Ouest de Gavarnie, un peu à la gauche du sentier qui conduit aux pâturages

des montagnes d'Ossouë. A ces deux endroits, le calcaire est blanc, peu grisâtre, et à trèsgros grains. Le granit qui renferme le calcaire à Gavarnie prend déjà une texture schisteuse (1). Mais la plus belle couche calcaire que je connaisse dans le granit est dans les montagnes du Labourd. Elle mérite que nous nous y arrêtions

un moment.

Le calcaire qui la compose est d'un blanc grisâtre ou jaunâtre, très-cristallin, et à gros grains. Il exhale en le frottant, mieux encore en le brisant, une forte odeur d'hydro-sulfure. Réduit en poudre et jeté sur des charbons ardens, il donne une lueur phosphorique vive, d'un jaune rougeâtre. Il est accompagné de plusieurs substances minérales, dont la plus commune, en même temps la plus remarquable, est une jolie variété de graphite. Ce minéral est disséminé dans toute la couche en petites paillettes très-nombreuses, qui, lorsqu'elles sont

(1) M. Palassou, le premier naturaliste qui ait écrit sur les Pyrénées, et qui est encore celui qui a fait le mieux connaître la structure et la composition de cette grande chaîne, avait observé ce calcaire de Gavarnie et il l'a décrit dans son ouvrage, publié en 1772. Il le regardait comme primitif, mais il n'osait encore, à cette époque, le prononcer affirmativement, craignant d'attaquer l'opinion mise en avant par Buffon, et alors généralement adoptée, qne tous les calcaires étaient dus à des détritus de testacés marins, p. 163.

Ce respectable savant, quoique dans un âge avancé, fait encore souvent des courses dans les Pyrénées, et s'occupe toujours de géologie. Je lui dois beaucoup pour la complaisance qu'il a eue de me communiquer ses observations, et de m'indiquer souvent les points les plus intéressans à visiter. Je me fais un devoir et un plaisir de lui en témoigner ici toute ma reconnaissance.

très-rapprochées les unes des autres, forment des feuillets qui font prendre à ce calcaire une texture imparfaitement schisteuse. Lorsque ces paillettes sont plus grandes, on peut mieux reconnaître leur structure; on observe alors qu'elles sont ordinairement rondes, et qu'il y en a beaucoup qui tendent à prendre une forme régulière, qui est le prisme hexaèdre régulier, dont la hauteur est fort petite par rapport à sa largeur. Leur cassure est parfaitement lamelleuse, parallèlement aux bases de l'hexaèdre; avec un canif on peut aisément fendre ces paillettes en lames extrêmement minces et parfaitement flexibles; leur éclat est d'un brillant métallique très - vif. Ce graphite se rapporte donc à la variété lamelliforme et primitive de M. Haüy.

Ce calcaire renferme encore outre le graphite, mais en petite quantité, du talc lamelleux, souvent d'un beau vert d'émeraude, du mica argentin, de l'amphibole blanche et soyeuse, de la chaux fluatée violette; de l'hématite rouge, et du fer sulfuré, quelquefois cristallisé en dodécaèdre.

L'étendue de cette couche est très-considérable. Je l'ai suivie sur une longueur de quatre lieues; savoir, depuis le village d'Itzassou, à l'entrée de la vallée de Baigorry, jusqu'au village de Hellette sur la route de Saint-JeanPied-de-Port à Bayonne. Sa direction est à près de l'Ouest Nord-Ouest à l'Est Sud-Est, inclinant sous un angle d'environ 20 degrés au Nord. Son épaisseur est fort considérable; elle m'a paru être de 15 toises dans la grande carrière à chaux que l'on y a ouverte auprès du

de pierre à chaux

peu

village de Louhoussoa. Elle paraît être divisée en strates de 3 à 5 pieds d'épaisseur, et renferme à un petit nombre d'endroits des couches minces et peu étendues de granit et de gneiss.

Le granit dans lequel cette vaste couche est intercalée est tantôt à petits grains, tantôt à grains de moyenne grosseur, et il passe assez souvent à l'état de gneiss. La variété globuleuse décrite dans le §. 8 lui sert de toit dans la carrière de pierre à chaux de la petite montagne nommée Moiné-Mendia, près de Hellette. Le graphite lamelliforme est aussi disséminé dans tout le granit de cette contrée.

J'ai trouvé encore d'autres couches calcaires dans cette roche; mais, comme leur gisement ne se laisse pas aussi bien observer que dans celles que je viens d'indiquer, je n'en parlerai pas, d'autant plus que les exemples cites suffisent pour constater l'existence du calcaire dans le granit des Pyrénées.

6. Desroches trappéennes, telles que l'amphi

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bole grenue, entre la maison de Garras et le village de Mendionde, dans le ci-devant Labourd; du grunstein commun, à Tarascon vallée de l'Arriége; auprès du lac d'Estom dans la gorge de Lutour, vallée de Cauterez; à Lekhurrun, dans le Labourd, etc., etc.; du grunstein schisteux, entre Sengoaignet et Couledoux, dans la vallée du Gèr, etc.

7. De graphite. Voyez le §. 11, article 9. 8. Et enfin des couches de fer oligiste, fer spathique, etc. Voyez le §. 15.

S. 14.

Fissures

Le granit présente dans les Pyrénées, comme ailleurs, de nombreuses fissures, qui le traver- dont ce gra

sent en tous sens.

Plusieurs paraissent être très-peu postérieures à la formation de la roche. De ce genre sont celles dont les parois sont tapissées de tourmaline, comme à la Maladetta et à Heas (§. 11); car ces rosettes de tourmaline sont trop intimement liées avec la roche pour qu'on puisse les croire le résultat d'une infiltration, d'autant plus que le même minéral se retrouve dans l'intérieur de la roche.

Le croisement de plusieurs fissures donne lieu à une espèce de séparation en masses prismatiques ou pyramidales, plus ou moins régulières: quelquefois cependant ces fissures affectent un certain ordre et une constance apparente. La régularité des blocs, qui en sont le résultat, avait engagé M. Ramond à attribuer leur. forme à une sorte de cristallisation (1). Mais l'inconstance dans la grandeur des angles de ces blocs; leur surface raboteuse, semblable à celle produite par une simple cassure; et enfin la diversité des formes mêmes, me les font regarder comme dues au hasard.

S. 15.

nit est traverse.

Le granit est très-peu riche en mines. Je n'y Mines dans connais que deux formations métalliques dans le granit. ces montagnes, l'une de plomb et l'autre de

fer.

(1) Voyage au Mont-Perdu, pag. 19.

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