pective, etse présente une vaste étendue. De hautes montagnes dominent cette ville bâtie à leur pied; à l'occident est le passage de la Forclaz par où l'on va à Chamouny; et au midi, le Catogne dont il faut faire le tour pour prendre le chemin du Grand St. Bernard. Nous consacrâmes le reste de la jour née au repos, pour nous préparer aux fatigues des jours suivans. Etablis sur le gazon, et ayant devant les yeux tout le Valais, nous passâmes utilement le temps à réfléchir sur les œuvres du Créateur, et à le louer au milieu des témoignages de sa puissance et de sa bonté, dont il a rempli pour notre édification le beau et vaste temple de la nature. Quel charme est attaché aux conversations religieuses! Rien que de pur dans la pensée et de ravissant pour le cœur : les passions se taisent, les tentations s'amortissent, les peines s'oublient, le sentiment s'ennoblit, le feu du zèle se ranime, les vertus se développent, les consolations se préparent. Il y a là quelque chose de divin; c'est un avant-goût des plaisirs de la société des Anges. Vous aimez une personne; vous voulez son bonheur ; vous arrêteriez, s'il était en votre pouvoir, le bras de la mort levé sur sa tête; et si vos jours sur la terre devaient n'avoir point de fin, vous les consacreriez à donner à cette personne, quelle que soit la raison qui vous la rend chère, tout le bien qui dépendrait de vous. Edifiez-la donc par vos discours et votre exemple; nourrissez-la de saintes pensées ; accoutumez-la à tourner ses affections vers le Ciel. Alors vous mettrez ou vous nourrirez en elle le germe de la vie divine, de cette vie qui n'a ni fin, ni maux, ni ténèbres, et qui, parvenue à la liberté de son développement dans l'âme, y produit la lumière avec la sagesse et la paix avec l'immortalité. Et certes, si Dieu a établi entre nous des rapports et des moyens d'influence, s'il nous a destinés à une union éternelle, s'il veut que nous soyons des moyens de bonheur les uns pour les autres, et que la gloire de chacun réjaillisse sur tous, s'il n'a créé le temps que pour amener l'éternité, si nous sommes destinés à voyager ensemble vers ce terme, et à habiter ensemble le ciel, chercheronsnous moins ici-bas dans la société de nos semblables des encouragemens et des forces pour tendre vers l'accomplissement de notre destinée, que nous n'en cherchons pour jouir des biens de cette vie passagère? ww mum XIII. De Martigny au Montanvert, dans la vallée de Chamouny (1). PRESQUE au sortir du bourg de Mar tigny l'on commence à monter la Forclaz (2). Cette montée dure près de deux heures, par un chemin droit rapide et pierreux, et assez semblable (1) Avant de rendre compte de notre course à l'hospice du grand St. Bernard, je crois devoir rapporter celle que nous fimes immédiatement après au Montanvert, afin de terminer là ce que j'avais à dire sur la vallée de Chamouny, en supplément à ce que j'en ai dit dans les Promenades aux environs du Mont-Blanc. (2) Ce mot est formé de deux mots celtiques, for, le dehors, et claz, une crevasse, une ouverture: on le trouve quelquefois employé dans les Alpes pour désigner un passage élevé entre deux montagnes, au lit d'une ravine creusé dans le fond d'une longue et profonde crase. Depuis Martigny l'on voit dans toute son étendue le plan incliné dont ce chemin occupe le milieu. Des deux côtés le flanc des montagnes présente jusqu'au sommet un tapis de verdure, et dans le bas, des prairies agréablement émaillées. Le point le plus élevé de la Forclaz est à 529 toises au-dessus de Martigny : nous jouîmes de là d'un beau point de vue. D'un côté se présentait à nous tout le haut Valais, le Rhône qui le traverse, les plaines fertiles que ce fleuve abreuve, et au centre la capitale du Canton; de l'autre côté, par un étrange contraste, le revers sauvage des monts qui ferment la vallée de Chamouny, la profonde et étroite vallée de Trient que sillonne un torrent écumeux, et la pente rapide que nous avions à descendre pour y arriver. Rien de plus triste que le hameau de Trient composé de quelques chétives baraques. La largeur du vallon est à |