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BUFFON ET SES COLLABORATEURS

M. DAUBENTON

M. Daubenton naquit à Montbard le 29 mai 1716 et mourut à Paris le 31 décembre 1799. Buffon le mit en lumière, et M. Daubenton paraît l'avoir trop vite oublié'. En dehors de sa collaboration à l'histoire naturelle et de ses essais pour l'amélioration des laines indigènes, sa carrière scientifique fut toute consacrée au professorat. Énumérer les chaires qu'il a successivement occupées sera la meilleure manière de faire connaître les services qu'il a rendus à la science.

En 1778 il fut nommé professeur de zoologie générale au Collége royal (Collège de France).

1. On sait que la collaboration de Daubenton à l'Histoire naturelle cessa tout d'un coup, sans que les véritables causes de cette rupture aient été jusqu'alors bien connues. J'ai eu la bonne fortune de recueillir, dans la correspondance de Montbelliard, deux lettres qui jettent un jour tout nouveau sur cette affaire; elles ne sont pas favorables à Daubenton. On les trouve à la page 354 du tome I de la Correspondance, à la suite de la note 4.

En 1783 il professa l'économie rurale à l'école vétérinaire d'Alfort.

En 1793 il fut nommé titulaire de la chaire de minéralogie au Muséum d'histoire naturelle.

En 1795, enfin, il fit plusieurs cours à l'École normale1. Les travaux de M. Daubenton pour le grand ouvrage de l'histoire naturelle lui font beaucoup d'honneur comme anatomiste et comme savant; mais ils ont été parfois exaltés outre mesure, uniquement pour déprécier la part principale que M. de Buffon a prise à ce monument grandiose, dont lui seul avait su concevoir la pensée. M. de Buffon, qui ne se sentait pas le courage patient de l'observateur, avait besoin d'aide, dans la partie toute d'observation de son livre, à laquelle il ne pouvait consacrer des heures entièrement absorbées par ses hautes méditations. Il donnait le sujet sur lequel travaillaient ses élèves en s'inspirant de son génie; mais du maître venait toute direction. Les hommes qu'il associa à son œuvre ont été formés par lui et sa grande gloire a fait leur renommée. M. Daubenton était médecin à Montbard; sans Buffon il fût demeuré obscur et inconnu dans sa ville natale où il était venu exercer son art, sans ambition et sans espérance d'en sortir jamais. Il a donné quelques mémoires sur la médecine

1. C'est à la séance d'ouverture que Daubenton s'écria, au sujet du lion, tel que l'a décrit Buffon: « Il n'y a pas de roi dans la nature ! » Le professeur fut applaudi avec frénésie.

dans la Collection académique, et, parmi eux, une suite de recherches sur les indigestions. Il démontre que, chez le plus grand nombre de sujets, l'affaiblissement général commence par l'estomac; il conseille, pour remédier au mal, les pastilles d'ipécacuanha auxquelles il assura une grande vogue et qui, aujourd'hui encore, portent son nom 1.

Dans les dernières années de sa vie, Daubenton se consacra exclusivement à l'amélioration des laines nationales. Il fit venir des troupeaux étrangers et établit à Montbard une bergerie qui lui servait pour ses expériences; on en trouve les résultats consignés dans les mémoires de l'Académie. Une instruction pour les bergers, qu'il fit paraître dans les premiers jours de la révolution, lui valut une certaine popularité, et la bonne fortune de se voir, durant la Terreur, délivrer par le comité révolutionnaire une carte de sûreté sous le nom du berger Daubenton: ce qui ne contribua pas peu à assurer son repos durant ces mauvais jours. Deux lettres inédites, qui font partie de ma collection, se rapportent à cette

1. La Société impériale d'acclimatation, dans sa séance du 3 mai 1861, a institué, sur le rapport de M. Drouin de Lhuys, son vice-président, une Commission pour ériger une statue à Daubenton, au moyen d'une souscription nationale.

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