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vention. Il montre que le but de l'article incriminé n'est pas seulement d'établir une comparaison, mais même une assimilation entre l'ancien gouvernement et la royauté de juillet, et il en conclut qu'on a voulu exciter contre elle à la haine et au mépris en l'assimilant à un gouvernement qui a si justement encouru la haine et le mépris de la France.

Me Mauguin prend la parole, et dans une habile plaidoirie qu'on prendrait pour un discours de l'honorable meuble à la Chambre, il défend le journal en accusant la marche du gou

verneшeut.

Ensuite M. Paulin, gérant du National, présente avec étendue des explications qui paraissent produire sur le jury l'impression la plus favorable. Il soutient la légalité du jugement qu'il a exprimé sur la combinaison ministé rielle da 13 mais, et déclare qu'il n'y a point eu de sa part excitation à la haine et au mépris du gouvernement du roi, mais avis de bon citoyen, cri d'alarme d'an Français profondément effrayé des dangers de son pays.

« Messieurs, dit M. Paulin en terminant, l'intrigue enfin est désormais imaîtresse da poste; elle s'applique à rendre insupportables à la royauté les conditions auxquelles elle fut relevée en juillet; notre dernier espoir, après ce que nous avons fait pour combattre l'intrigue, c'est qu'on ne nous mettra pas dans la nécessité d'opter un jour entre deux intérêts, dont une administration vraiment patriote eût opéré lentement la conciliation d'une manière durable. »

Après les répliques da ministère public et de Me Mauguin et une demiheure de délibération, le jury ayant répondu négativement, M. Paulin a été acquitté.

est aussitôt entouré d'une foule de citoyens et reçoit les plus vifs témoignages d'intérêt et de satisfaction.

14. Cour royale. Question du mariage des prétres. Affaire de M. Dumonteil,

Cette cause si importante et dejà jugée en première instance a été plaidée de nouveau devant la première Chambre de la Cour royale dans les audiences du 30 avril et du 7 mai. Aujourd'hui M. le procureur gé. néral Persil a donné des conclusions tendant à la confirmation du jugement

attaqué. La Cour, après une heure et demie de délibération, est rentrée en séance, et a déclaré, par l'organe de M. Lepoithevin, son président, qu'il y avail partage. Le mode de vider ce partage de voix est réglé par un sénatusconsulte de l'an X, relatif à l'organisation judiciaire. Les trois chambres civiles seront convoquées, et l'affaire plaidée de nouveau.

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15. Londres. Cour du banc du roi. Il s'est présenté dernièrement devant cette cour, un procès des plus singuliers. Un homme marié s'accusait luimême d'un double adultère, afin de pouvoir obtenir, après l'avoir déshonorée, la femme qu'il aime. Voici les principaux détails de ce procès :

M Robinson, homme d'affaires à Londres, eut des relations avec M. Lindseer, graveur. Il s'introduisit 'dans la famille de ce dernier; le graveur avait une femme jeune et jolie, avec qui il était nouvellement uni; Iuais il concevait d'autant moins de defiance, que M. Robinson était marié lui-même et père de deux enfants.

Cependant M. Robinson avait dressé son plan de séduction, et il n'échoua que par la vertu de mistriss Lindseer,

Le dépit de M. Robinson fut à son comble lorsqu'il apprit que mistriss Lindseer était sur le point de donner à son mari un gage de leur tendresse Tutuelle. Cet evenement, qui aurait dù le faire renoncer à ses projets, lui suggéra, au contraire, une idée infernale pour arriver enfin an but où il aspirait. Dès ce moment, ses visites auprès de mistriss Lindseer furent plus assidues que jamais; il continua de lai parler d'amour, sans se rebuter par la menace qu'on lui faisait de le démasquer. Il fit plus, il se vanta auprès de diverses personnes, du prétendu succès de ses efforts, déclara qu'il était le père de l'enfant qui allait venir au monde, et que cette circonstance seule ayant fait naitre quelques scrupules dans l'esprit de la jeune femme,l'empêchait d'être le parrain.

A la naissance de l'enfant, M. Robinson affecta une grande joie, et tint une conduite qui commença enfin à inspirer des soupçons au pauvre Lindseer. Il en résulta quelque brouille dans le ménage; c'etait là précisément ce que désirait l'adroit séducteur; il espérait 16

Ann. hist. pour 1831. Appendice.

que, poussé à bout, le graveur répudierait sa femme, et que celle-ci cesserait enfin de résister aux efforts d'un homme de son mérite. Quelques commencements d'explications survenues dans le ménage semblaient déjà justifier la hardiesse de ce plan, lorsque M. Robinson tenta un coup encore plus audacieux.

Les lois anglaises, comme on le sait, ne punissent l'adultère que par des dommages et intérêts prononcés contre le complice. M. Robinson eut l'affreux courage de s'exposer à un procès de cette nature, en formant contre le malheureux Lindseer une action en revendication de l'enfant nouveau-né, 'qu'il supposait être le fruit de son commerce criminel avec mistriss Lindseer. Il ne doutait pas que Lindseer, prenant cette fable pour une vérité, n'abandonnât aussitôt l'enfant, et que la possession de cette innocente créature ne lui assurât la possession de la mère.

Il n'en fut pas ainsi mistriss Lindseer dévoila aux yeux de son mari la tarpitude de l'accusateur; elle avait conservé quelques lettres dont les expressions non équivoques renverserent tout l'échafaudage de cette noire imposture. Ces preuves, non-seulement convainquirent Lindseer, mais elles empêcherent M. Robinson de persister dans l'action qu'il avait intentee, Traduit devant la Cour du banc du roi, diffamation, par un mari trop pour henreux de n'avoir eu à supporter que ce genre d'outrage, M. Robinson n'a pu que balbutier de faibles excuses; il a allégué la passion qui le domait, et qu'il aurait voulu, pour tout au monde, faire partager à la personne qu'il aimait si eperdument. Le jury a rendu son verdict en faveur du mari, à qui il a été accordé 300 livres sterling (7,500 fr.), de dommages-intérêts.

18. Paris. Theatre Francais. Première représentation de CAMILLE DESMOULINS, drame en cinq actes et en prose, par MM. Blanchard et Maillan.

C'était la seconde évocation des scènes révolutionnaires sur le ThéâtreFrancais (v. 23 avril): Camille Desmoulius y paraissait escorté de Robespierre, de Danton, de Fouquier Thinville. Une séance du tribunal auquel présidait cet homme de sanglante inémoire y remplissait un acte entier.

Cet acte était d'abord le second : dans l'intervalle d'une représentation à une autre, il devint le quatrième : la piece subit un remaniement général. Par ce seul fait, on peut juger du système de composition dans lequel les anteurs l'avaient faite. Camille Desmon lins se soutint quelque temps an thei tre, sans exercer toutefois aucune heureuse influence sur sa situation.

que

25. Cour d'assises. Desarmement du poste de la garde nationale, rue du Ci metière-Saint-Andre-des-Ares, et altadu poste du Petit-Pont, occupé par la troupe de ligne, le 15 fevrier. Les accusés, dont plusieurs portent le ruban de la décoration de juillet, ont ainsi déclaré leurs noms, age et profession; 1o Victor Sciard, age de 34aus, avocat à Soissons, ancien einbie du jury, des récompenses mationales; 2° Emile Broissin, àgé de 30 ans, sous-lieutenant en non activité; 3° Chinouffre, âgé de 30 ans, menuisier, ex-artilleur de la garde nationale de Paris; 4° Lepage, âge de 24 ans, 6vrier sur les ports; 5o Durand, áge de 24 ans, corroyeur; 6o Lelièvre, âge de 46 ans, coiffeur; 7° Dumas, conduc teur de travaux; 8° Mailla, age de 28 ans, contre-maitre chapelier, exartilleur de la garde nationale; 9° Char ny, age de 24 ans, commissionnaire; 10° Delachambre, àgé de 40 ans, serrurier.

L'acte d'accusation commence par retracer succinctement les événements qui ont suivi le service funebre cele bré le lundi 14 février, dans l'église de Saint-Germain-l'Auxerrois, avec une solennité affectee. L'exposition, au milieu de cette pompe, d'une image qui semblait un appel fait à un parti ennemi du gouvernement, avait su gulièrement irrité les esprits de jeunes gens pleins de sentiments gene:eax, mais dont la tête etait exalicée par des idees républicaines, et qui avaient manifeste qu'ils ne trouvaient pa dans les actes du gouvernement, et surtout dans la Chambre des deputes, tout ce que leur imagination leur pre sentait comme necessaire.

Le lendemain, 15 février, après une tentative infructueuse pour entrainer les élèves de l'Ecole polytechnique, une foule de jeunes gens descendit de la montagne Sainte-Geneviève svæc un drapeau tricolore, pris à la porta

de la maison d'un commissaire de police. Ils se dirigèrent en criant vive la liberté à bas les baionnettes! vers le pont de l'Archevêché. Une lutte violente s'établit entre eux et les gardes nationaux injuriés et maltraités, mais qui parvinrent à les repousser. L'attroupement se porta ensuite vers la Chambre des députés; il paraît que le

but de ce mouvement était d'entrainer les hommes qui achevaient de démolir l'archevêché. Vers une heure après midi, on vit arriver sur le quai des Grands-Augustins deux cents jeunes gens qui se recrutèrent en route; à leur tête était un drapeau tricolore sarmonté d'un bonnet rouge. Ils criaient vive la liberté à bas la Chambre des députés! et quelquefois vive la république !

Auprès de la rue du Bac, M. Lemercier, colonel de la 10° légion, vint à cheval au-devant de l'attroupement. On se précipita sur lui; on s'empara de son épée, dont la pointe fut dirigée sur lui, mais bientôt, elle lui fut rendue. La bonne contenance de la garde nationale fit refluer dans la rue du Bac l'attroupement, qui criait: Enfonçons les grenadiers!

Vers trois heures et demie, deux cents jeunes gens porteurs d'un dra- peautricolore, criant: A bas la Chambre des députés et vive la liberté! forcèrent le poste de la Légion-d'Honneur, qui, peu nombreux, ne put s'opposer à leur passage; mais l'aspect d'un bataillon venant du pont Louis XVI Ies détermina à entrer dans la rue de Bellechasse; ceux qui faisaient partie de l'attroupement s'écrierent: « Gredins! nous reviendrons ce soir; nous aurons des armes nous vous tirerons des coups de fusil, »

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Le même jour, à cinq heures et demie, cent cinquante jeunes gens, venant du côté de l'Odéon, traverserent la place de l'Ecole de Médecine, et descendirent la rue Hautefeuille, ayant à leur tête deux individus en uniforme d'artilleur. Le poste de la garde nationale, rue du Cimetière-SaintAndré-des-Arcs aurait dû être com- posé de dix hommes: six étaient absents. En passant devant le poste, ils crièrent: Vive la liberté ! il faut nous remettre vos fusils. Ils s'emparèrent, avec violence et menaces de mort, des fusils dont étaient porteurs les gardes nationaux et de ceux qui se trouvaient

dans l'intérieur du corps-de-garde. Un seul homme du poste, M. Legrand, conserva son arme, en feignant de vouloir se joindre à l'attroupement; mais à peine sorti du corps-de-garde, il s'échappa et entra dans une maison voisine. L'attroupement emporta le drapeau du corps de garde et neuf fusils. Parmi ceux qui faisaient partie de l'attrcupement, il se trouvait déjà des hommes porteurs d'une carabine, de pistolets, de sabres et d'autres armes; ils chargèrent une partie des fusils, et attaquèrent le poste du PetitPont, occupé par huit grenadiers de la ligne. Le factionnaire Lescot fut seul désarmé. La garde nationale vint au secours da poste, et le dégagea au moment où les séditieux étaient sur le point d'en enfoncer les portes à coups de crosse de fusil et avec le bâton d'un drapeau tricolore.

Au moment où l'attroupement était dissipé par des gardes nationaux, ceux qui le composaient trèrent trois coups de fusil et denx coups de pistolet, qui heureusement n'atteignirent personne. L'accusé Delachambre est désigné comme ayant tiré sur M. Biffi, garde national, un coup de fusil qui manqua pareillement son effet. M. Bitfi poursuivit et frappa d'un coup de sabre sur les reins le meurtrier, qui, en fuyant, avait jeté son fusil à terte.

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On voit sur le bureau des pièces de conviction, huit des fusils enlevés au poste de la rue du Cimetière-SaintAndré-des-Arcs, et le fusil du grenadier Lescot. Plusieurs de ces aimes ont été trouvées chargées entre les mains ou au domicile des accusés.

Les témoins assignés tant à charge qu'à décharge sont au nombre de près de quatre-vingts.

Les débats out rempli les séances du 26 et du 27.

M. Léonce Vincens, président de la Cour, a fait le résumé des débats; MM. les jurés sont entrés ensuite en délibération à neuf heures du soir, sur les questions posées au nombre de 47, et divisées en trois séries.

A dix heures et delnie, les jurés sont rentrés en séance. Ils ont déclaré tous les faits constants, mais prononcé qu'aucun des accusés n'était coupable. En conséquence, les dix accusés ont été acquittés. De bruyants applaudissements ont accueilli ce résultat.

28. Odéon. Première représentation DU MOINE, drame en cinq actes et en Autant le roprose, par M. Fontan. inan de Lewis, d'où procède ce drame, abonde en intérêt, en passion, et surtout en terrear, autant le drame est froid, languissant, ennuyeux. L'intervention du diable n'y produit nullement l'effet qu'on pouvait en attendre. Le moine Ambrosio, qui lui vend son âme pour du plaisir, est trompé, uonseulement sur la durée, mais encore sur la nature du marché. Au lieu de dix années que le moine a stipules, le diable écrit dix jours; qu'importe? Ambrosio est si malheurenx, si triste, qu'on est tenté de le feliciter plutôt que de le plaindre, lorsqu'on voit le diable anticiper le terme de sa vie et de ses maux,

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30. Cour d'assises. Affaire du Journal de Paris. M. Léon Pillet, gérant du Nouveau fourual de Paris, a eté cité devant la 2e section de la Cour d'assises, ponr avoir inséré, le 10 avril dernier, un article dans lequel sont incriminées les intentions du ministère public, à l'occasion de l'accusation portée contre MM. Sambuc, Cavaignac, Trelat et consorts.

M. Persil, procureur général, qui s'était constitue partie civile, ne s'est point présenté à l'audience.

Une partie de l'article inculpé est ainsi conçue : « Qui pourra nous taxer d'injustice envers M. Persil, si nous Dous en prenons à lui de l'odieux et da ridicule qui resteront de ce procès ? Nous ne voulons pas faire un reproche à son caractère et à ses intentions; M. Bellard aussi avait de la bonne foi et du zele; comment a-t-il servi la cause pour laquelle il s'est sacrifié ? »

Le jury, après une courte délibération, a répondu sur la question posée, que M. Pillet n'était pas coupable.

M. le président, après avoir prononcé l'acquittemeat, et ordonné la restitution du numéro saisi, et avoir consulté ses collègues, a prononcé l'aret suivant: «La Cour, vu l'ordonnance , d'acquittement, condamne M. Persil, partie civile, aux frais du procès.

Id. Tribunal de commerce. Billets de la Banque. Beaucoup de personnes ont l'habitude, lorsqu'elles veulent faire parvenir des billets de la Banque de France d'un lien dans un autre, de les couper en deux, et d'envoyer chaque

moitié aux destinataires dans deux lettres distinctes. On croit prendre parlà une précaution infaillible contre les infidélités ou la négligence des employés de la poste; mais cette mesure est plus dangereuse qu'utile, car il suffit qu'une des moitiés vienne à s'éga rer, pour qu'on soit absolument sans recours contre la Banque, qui ne peat être tenue de payer que sur la présentation du titre intégral, et non pas sur une fraction de titre. C'est ce que le tribunal de commerce a décidé aujour d'hui, sur la plaidoirie de Me Henri Nouguier, contre Me Vatel. Il s'agissait, dans l'espèce, de la moitié de gauche, on attenante à la souche, ce qui offrait un moyen facile de vérifier à quelle série appartenait le billet mutilé. Mais le principe n'en a pas moins été proclamé d'une manière generale et formelle.

31. Théatre-Français. Première représentation de L'AMITIÉ DES FEMMES, comédie en un acte et en vers, par M. Lafitte. Notre époque n'a pas de Molière, mais elle compte au moins un bon nombre d'acteurs-anteurs, par mi lesquels se distingue M. Lafitte. La question de savoir si les femmes penvent s'aimer entre elles lui fournit l'idée principale de la petite pièce, dont on vient de lire le titre, et dans laquelle, à défaut d'intrigue bien piquante et bien neuve, de caractères bien vrais, se trouvaient quelques scènes agréables et plusieurs vers heureux.

JUIN.

1er. Paris. Réouverture de l'Academie royale de Musique. — Un nouvean directeur avait été donné à l'Opera: la conséquence de ce changement de personnes devait être une restauration complète de la salle. Cette restaurativa eut lieu, et au bout d'une clôture de quelques semaines, le snecesseur de M. Lubbert, M. Véron, rouvrit an po blic une salle rajeunie, rafraichie, inondée de torrents de lumières. L'epéra de Guillaume Tell, réduit en trois actes, et le ballet de la Somnambule, composaient le spectacle destine à solenuiser la séance de réouverture.

4. Ouverture du Theatre du PalaisRoyal. Dans cette petite enceinte, releguée en un coin du Palais-Royal,

un théâtre de marionnettes s'é'ablit en 1784. Aux comédiens en bois, succédèrent des enfants, comme au théâtre de M. Comite; puis vinrent des comédiens de l'âge et de la taille de tous les autres. L'exploitation de cette entreprise, connue long-temps sous le titre des Petits Comédiens de M. le comte de Beaujolais, ayant passé aux mains de la demoiselle de Montansier, le théâtre, désormais appelé de ce nom, devint populaire. Brunet y commença sa forinne: Damas, mademoiselle Saint-Val, Baptiste cadet, y firent leurs débuts. Depuis l'installation de la troupe de Brunet au bonlevart du Panorauia, le salle Montansier servit à divers usages, et fut tour à tour club et café. Rendue enfin à sa destination primitive, cette salle a dû subir une reconstruction totale sous les auspices de MM. Dormeuil et Poirson jeane, directeurs du nouveau théâtre, dans lequel le vaudeville, déjà maitre exclusif de trois ou quatre scènes dramatiques à Paris, vint encore élite domicile, et faire acte de propriétaire.

9. Ouverture dn Théatre Molière. — Comme le théâtre du Palais-Royal (voy. 4 juin), le Theatre Molière, situé entre les rues Quincampoix et Saint-Martin, se relevait de ses ruines, mais sons une étoile bien différente: le premier avait jais prospéré, le second n'avait jamais fait de bonnes affaires. L'ouverture du théâtre Molière fut pourtant assez brillante, un mélodrame, intitulé la Tireuse de Cartes, obtint un grand succès: quelques talens, d'un ordre secondaire il est vrai, se faisaient remarquer dans la troupe. C'était beaucoup, mais ce n'était pas assez encore pour lutter contre la fâcheuse influence du quartier sur la prospérité et l'existence même du théâtre. Sous ce rapport, du moins, le Théâtre du PalaisRoyal était assez bien partagé pour avoir des auditeurs, même avec des pièces médiocres et des acteurs de la même force.

11. Théatre- Français. Première représentation des RENDEZ-VOUS, comédie en trois actes et en vers, par M. Alexandre Longpré. Cet imbroglio manquait non d'esprit, mais de vérité, de vraisemblance, de clarté. C'était la caricature plutôt que la pein ture d'une époque licencieuse et frivole. L'auteur avait déjà obtenu un

succès plus franc, plus durable, quoique dans le même genre, avec la petite comédie des Trois Chapeaux.

14. Theatre allemand. Première représentation d'EURIANTE, Opéra en trois actes, musique de C. M. Weber. Deux mois auparavant (voy. 6 avril), ce même opéra, traduit en francais, avait été représenté à l'Académie royale de musique. Les artistes allemands, qui, pendant l'absence de la troupe italienne, occupaient la salle Favart, voulurent l'exécuter à leur tour dans sa pureté primitive, c'est-àdire sans appeler au secours de la partition aucun morceau emprunté à des partitions étrangères. Madame Schroeder-Devrient et le ténor Hai zinger remplissaient avec un talent supérieur les deux principaux rôles.

15. Cour d'assises. Affaire des Vendanges de Bourgogne Accusation de provocation à un attentat contre la vie et ta personne du roi des Français. -Depuis les scandaleux désordres de samedi, des précautions ont été prises contre l'invasion du prétoire par des intrus. Aussi ne voit-on au banc des témoins, et loin des bancs réservés au barreau, qu'un petit nombre de curieux.

L'acte d'accusation renferme les faits suivants :

Le 9 mai dernier, une réunion de 200 personnes s'assembla an restaurant des Vendanges de Bourgogne, faubourg du Temple, pour célébrer l'acquittement de MM. Trélat, Cavaignac, etc. Le repas eut lieu dans une salle au rezde-chaussée donnant sur le jardin. Divers toast furents portés, où se trouvaient les opinions les plus hostiles contre le gouvernement actuel.

C'est au milieu de cette réunion qu'Évariste Gallois se leva, et dit à bante voix, de son propre aveu, à LouisPhilippe en tenant un poignard à la main. Il répéta deux fois ce cri; plusieurs personnes l'imitèrent en levant le bras, et criant à Louis-Philippe ! Alors des sifflets se firent entendre, soit que les convives voulussent désavoner cet affreux attentat, soit, comme le déclare Gallois, qu'on supposât qu'il portait la santé du roi des Français. Il est cependant bien établi que plnsieurs convives blâmèrent hautement ce qui s'était passé.

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