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des jeunes perfonnes; mais elles font » le plus fouvent cruellement trompées... Croyez-en mon expérience : les unions » les plus heureufes font celles où l'on', »joint une indifférence réciproque à une » fortune honnête : il eft néceffaire à un » mari & à une femme de s'eftimer : » mais l'amour trouble le bonheur ». L'amour, en effet, eft toujours accompagné d'une inquiétude de jaloufię, & cet état d'agitation eft contraire au mariage, où doivent régner la paix & la tranquillité, afin que les deux époux puiffent remplir conjointement les devoirs de la vie civile, gouverner prudemment leur maison & bien élever leurs en fans.

Lucinde, qui s'oppofe aux projets que fes père & mère ont formés pour fon bonheur, demeure quelque temps la vic time de fon peu de docilité : mais elle fort bientôt de l'état d'infortune où elle étoit tombée par la faute, pour arriver au comble de fes vœux. Ce dénouement fatisfait le Lecteur, qui s'intéreffe au fort de cette jeune perfonne : mais il diminue un peu l'utilité morale de ce Roman. L'Auteur s'étoit propofé principalement de donner une leçon aux jeunes perfonmes qui, dans l'engagement du mariage,

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confultent plutôt leur propre cœur que l'expérience éclairée de leurs père & mère.

Ufage du Thé, ordonnné par le Méde cin de la montagne, Michel Schoupach, de Langnau, en Suifle; précédé de la defcription phyfique de cet ar brilleau, & de fon ufage en Chine. --Broch, in-S°. prix 15 f. A Langnau, & fe trouve à Paris chez Lacombe 2 Libr. rue Chriftine.

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Le Docteur Michel Schoupach, habitant des montagnes de Suifle, parmi les fimples qu'il confeille à fes malades, or donne effentiellement le thé de la Chitie, pris en grande quantité, comme un remède puiffant contre une infinité dè maux, & comme ayant particulièrement la vertu d'aiguifer l'appétit, pourvu que Finfufion foit fuffifaniment chargée c'est-à-dire une once pour un bol d'une douzaice de taffes. Il lui attribue des qua→ lités infiniment fupérieures au thé Suiffe, vulgairement nommé Euphraife, qui, par le mélange des différentes herbes qui le compofent, ne peut produire aucun bon effet; au lieu que celui de la Chine, fans mélange d'autres fim

ples, excite la tranfpitation, en donnant par fa qualité balfamique du reffort aux folides: mais il y apporte une condition effentielle, qui eft de ne point boire le thé trop chaud, comme cela eft d'ufage très-communément. Il eft perfuadé que c'eft de cet abus pernicieux, fur-tout pour les femmes, que réfulte le dérangement de leur eftomac, lequel ne pouvant plus faire fes fonctions, influe, par une faite néceffaire, fur toutes les opérations du corps. Combien de perfonnes vivent dans une parfaite fécurité à cet égard, & qui le font fait une telle habitude dès leur enfance, de prendre chauds & bouillans les alimens liquides', qu'ils ne peuvent les prendre différemment? Ils ne s'apperçoivent pas que l'émail de leurs dents s'en trouve endommagé, & qu'ils les perdent beaucoup plutôt qu'ils ne le devroient: feconde caufe du dérangement de l'eftomac, qui eft obligé de digérer beaucoup plus péni blement les alimens qui n'ont pu être broyés par le défaut des dents. Le Méde cin de la montagne condamne les boif fons chaudes, à caufe de la tranfpiration forcée qu'elles occafionnent néceffaire ment, ce qui rend les fibres débiles

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affoiblit & relâche tout le corps ; & fouvent ce déréglement de la tranfpiration ordinaire & accoutumée, marque bien mieux les commencemens des maladies que le vice des autres fonctions.

Le Docteur Suiffe défapprouve abfolument tout ce qui peut tendre à diminuer ou à déranger la tranfpiration fenfible de notre corps, qui doit évacuer environ quatre onces par jour; car plufieurs perfonnes diffipent en vingt-quatre heures, par la tranfpiration, autant qu'ils rendent en quinze jours par les felles; mais fi pendant la nuit, ajoute l'Auteur de cet écrit, vous avez transpiré plus qu'à l'ordinaire, pourvu que ce foit fans fueur & fans inquiétudes, foyez affuré que vous êtes dans une parfaite fanté. La vieilleffe eft une maladie, mais qui dure longtemps Gi l'on entretient une tranfpiration

libre.

Le Médecin de la montagne recommande de faire ufage de l'infufion de the en lavemens, lorfqu'ils font ordonnés au malade; & pour cela il préfère l'infufion du thé verd, qui a une qualité plus émolliente. Cet Efculape des Suiffes a tiré encore un meilleur parti de ce préfent chinois, en s'en fervant au lieu

de tabac à fumer: il le prefcrit aux hy. pocondres & à ceux qui font difpofés à la mélancolie. Il leur en fait fumer cinq à fix pipes par jour avec beaucoup de fuccès, ce qui fortifie le cerveau autant que le tabac l'affoiblit. Il fait encore un firop de thé, qu'il recommande comme très-bon pour aider l'action des febrifuges ordinaires. Il fait prendre ce firop aux malades dans une abondante infufion de thé, & il ne les guérit abfolument qu'en leur rendant leurs humeurs fluides & tranfpirables par l'ufage fréquent des bains & par des alimens hu

mectables.

Les Chinois & les Japonois attribuent au thé des vertus encore plus univerfelles & plus efficaces que celles que lui donne le Médecin Suiffe; mais on peut croire. que les feuilles de thé que les vaiffeaux, nous apportent, perdent beaucoup de leur qualité dans le transport.

On trouvera à la tête de l'érit que nous venons d'annoncer une defcription phyfique de l'arbriffeau qui porte le thé, & de fon ufage en Chine. Cet écrit contient auffi quelques inftructions curieufes fur le pouls, relativement à la doctrine des Médecins Chinois.

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