Page images
PDF
EPUB

Voila qui doit fuffire à votre ambition.
Hé! n'eft-il donc d'heureux que Voltaire

ton?

ou Neu

Chryfologue, comme tous les gens de cette efpèce, fe laiffe duper par ceux qui s'abaiffent à louer fes prétendues connoiffances. Le Négociant, qui connoît fon foible, vante beaucoup fon génie propre aux fpéculations, lui emprunte de l'argent dont il fe fert pour faire un commerce illicite, & captive enfin fi bien la confiance de Chryfologue, que ce vieillard lui deftine fa nièce, déjà promife au Chevalier de Kerlon. Ce Chevalier arrive de l'Amérique, où demeure le père de Julie, dont il apporte le confentement pour fon mariage. Cléon, qui fes vues, perfuade à cet Amant qu'aVant de fe préfenter devant Chryfologue, il est néceffaire de prévenir l'efprit bizaree & chagrin du vieillard, de lui montrer enfin l'écrit du père de Julie. Kerlon remet cet écrit à celui qu'il regarde comme l'ami & l'affocié de Chryfologue. Cléon s'en fert pour faire croire. à Julie que fon Amant inconftant renonce à tous les droits qu'il avoit fur elle. Dans ce même temps le Chevalier reçoit

a

une lettre de fon Colonel, qui lui man. de que les Anglois fe difpofent à faire une defcente fur les côtes de Bretagne. II part fans prendre congé de fa Maîtrelle, pour s'épargner des chagrins, & parce qu'il efpère que cette abfence ne fera point longue. Cléon fe faifit encore de la circonftance de cette abfence pour achever de perdre cet Amant. Cependant comme les ennemis fe préfentent en grand nombre pour faire une defcente, tous les Bretons en état de porter les armes, & Cléon, comme les autres, font appelés pour s'oppofer à cette defcente; mais Cléon n'est rien moins que brave, & malgré l'aveu de Julie, qui lui déclare qu'elle ne confentira jamais à lui voir remplacer le Chevalier, s'il ne se joint aux combattans, il ne peut le réfoudre à partir. Chryfologue, qui p sède tous les fecrets imaginables, lui en donne un pour le raffurer. Autrefois, dit-il,

J'ai lu dans je ne fais quel Auteur d'un grand poids, Qu'un Guerrier prudemment, dans un cas tout femblable,

›Avoit mis en usage une rufe admirable:

Il portoft à la maio un fort morceau d'aimant;

Vous favez fur le fer l'effet de cet agent.

Or, voici tout fon art: l'ennemi tiroit, zeste, Notre homme promptement vous faifoit ce seul geste,

Les balles s'écartoient, le coup étoit paré,
Et l'action finit lans qu'il fût effleuré.

Ce fecret puifé dans Rabelais, qui eft P'Auteur de poids ici cité, ne raffure point Cléon. Il prend le parti de fe cacher pendant le combat, & de reparoître avec les vainqueurs; mais cette poltronnerie, comme on s'y attend bien, lui réuffit mal; il eft reconnu pour ce qu'il eft, pour un lâche & un fripon. Le Chevalier de Kerlon, précédé par la renommée, qui publie fon courage & sa bravoure, fe préfente devant Julie. Cette Anante, au comble de fes vœux de retrouver le Chevalier fidèle aux loix de l'honneur & de l'amour, lui fait don de fa main. Chryfologue fe retire un peu confus d'avoir été quelque temps la dupe de celui qu'il regardoit comme fon ami. Il dit qu'il renonce déformais à recevoir chez lui des Négocians, & ce trait achève de caractérifer ce perfonnage qui a une très-mauvaife tête, & ne fait

jamais

jamais fe renfermer dans les bornes que dicte la prudence.

Cette petite Comédie eft un fimple effai, qui annonce cependant un talent qui n'a befoin que d'être exercé pour réuffir.

Dictionnaire de la Nobleffe, contenant les généalogies, l'hiftoire & la chronologie des Familles nobles de France, l'explication de leurs armes, & l'état des grandes Terres du Royaume aujourd'hui poffédées à titre de Principautés, Duchés, Marquifats, Comtés, Vicomtés, Baronnies, &c. par créations, héritages, alliances, donations, fubftitutions, mutations, achats ou autrement. On a joint à ce Dictionnaire le Tableau Généalogique, Hiftorique, des Maisons Souveraines d l'Europe, & une notice des Familles étrangères, les plus anciennes, les plus nobles & les plus illuftres. Par M. de la Chenaye Desbois. Seconde Edition. Tome IX. A Paris, chez Antoine Boudet, Libraire Imprimeur du Roi, rue Saint Jacques. 1775. Avec Approbation, & Privilége du Roi.

I, Vol.

E

Ce neuvième Volume du Dictionna de la Nobleffe, qui commence à LIA¿ finit à ME exclufivement, étoit promi pour le courant de Janvier, & n'a éc retardé que d'un mois. On y trouvera comme dans les précédens, les Généa lo gies des grandes Maisons connues; plufieurs auffi d'ancienne race, nobles de nom & d'armes, qui n'ont point encore paru, redigées fur les titres originaux communiqués & vérifiés; d'autres, moins anciennes, dont la date de l'anobliffement eft connue ; quelques notices for urz grand nombre de Familles qui n'ont rien envoyé, & dont il eft parlé dans les différens Armoriaux des Provinces; enfin la fuite de l'hiftorique de toutes les terres titrées.

Le dixième Volume, qui eft fous preffe, contiendra le reste de la lettre M,&, je penfe, les lettres N&O. C'eft à ceux qui ont des Mémoires fur ces lettres, à les engoyer francs de port, foit au Libraire, foit à l'Auteur; & fi les titres originaux font communiqués, on en fera mention, comme il a été fait dans ce volume & les précédens. On compte enfin que les Tom. XI, XII, XIII, & XIV, completteront tout l'Alphabet,

« PreviousContinue »