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SCENE III.

LES ACTEURS PRÉCÉDENS, Madame D'ALMONT.

Madame D'ALMONT. Savez-vous," Monfieur, quel est notre nouveau plan? Nous allons paffer une journée délicieuse.

M. D'ALMONT. Il eft rare que vous me falliez part de vos arrangemens, plus rare que je m'en informe.

Mde D'ALMONT. Nous aurons une fociété choifie, quoique très-nombreuse. Je raffemble ici des modèles & des rivaux de toute espèce. Nous ne manquerons ni d'épigrammes, ni de vers nouveaux, de raifonnemens profonds, ni même de projets lumineux. Nous allons présider à la réforme de l'Etat...

M. D'ALMONT. Je connois une réfor me bien plus urgente, Madame.

Madame D'ALMONT. Quelle eft-elle, Monfieur?

M. D'ALMONT, Celle de ces grands réformateurs; celle de cette fociété fi nombreufe, quoique fi bien choisie. On peut s'amufer de toutes ces chofes; mais d'en occuper exclufivement...

I, Vol.

C

Madame D'ALMONT. J'oubliois de Vous dire que nous aurons comédie ce

foir.

M. D'ALMONT. Fort bien!

Mde D'ALMONT. Chacun de nos Acreurs pofléde complettement fon rôle. Lucile fera délicieufe dans le fien. M. D'ALMONT. Mais, Madame .. Mde D'ALMONT. Nous aurons même au fortir de table un petit concert en miniature, qui charmera les oreilles les plus délicates.

M. D'ALMONT. Encore une fois, Madame...

Mde D'ALMONT. Avez-vous vu nos décorations nouvelles? J'en ai moi-mêine tracé le deffin...

M. D'ALMONT. Vous oubliez, Madame, que j'ai à foutenir un procès des plus fâcheux. J'attends ici mon Procureur, cinq Avocats & deux Notaires.

€ Mde D'ALMONT. Tant mieux! Mon. fieur; nous leur ferons voir la comédie, Je vais leur faire marquer une place.., (Elle rit). Ha! ha ha! En vérité tout réuffic au mieux. Ce fera pour l'affemblée un fpectacle de plus. Il y a inême certains traits dans ma pièce...

M. D'ALMONT. Dans votre pièce,

Madame ? Eft-ce une de vos productions qu'on va repréfenter?

Madame D'ALMONT. Certainement, Monfieur. En augureriez vous mal? M. D'ALMONT. Je fais que vous ne manquez pas d'efprit.

Madame D'ALMONT. L'éloge eft affer mince.

M. D'ALMONT. Point de chicane làdeffus, Madame. Je vous accorde autant d'efprit que vous voudrez; mais, de grâce, daignez en vouer une partie à des ob. jets ellentiels; votre fillea des droits réels fur vos foins. Elle eft en âge d'être pour. vue; il faut y fonger. Il faut en même temps éloigner d'elle certaines perfonnes qui pourroient déranger mes vues. Par exemple, ce n'est qu'à regret que je fouffre ici Dorante.

Mde D'ALMONT, Dorante, Monfieur! Dorante m'eft effentiel. C'est mon pre mier Acteur.

M. D'ALMONT. Il porte un nom que je ne puis fouffrir.

Mde D'ALMONT. Si vous faviez comme il excelle dans fon rôle !... Vous en jugerez.

M. D'ALMONT. Belle folution!

Mde D'ALMONг. J'ai donné à Durval

un rôle de tracaflier, d'ami faux, de fourbe avantageux... Il le rend avec une vérité!... Vous diriez que c'eft la chofe même.

là.

M. D'ALMONT. Durval a du mérite,

Mde D'ALMONT. Il a du moins celui

SCENE 1 V.

LES ACTEURS PRÉCÉDENS, UN LAQUAIS

LE LAQUAIS. M. le Marquis Dorante, Madame.

Mde D'ALMONT. Qu'il entre.

M. D'ALMONT. Je lui cede la place. LE LAQUAIS. Monfieur, c'est vous que M. le Marquis a demandé.

M. D'ALMONT. Moi? Eh! que peut-il me vouloir?

Mde D'ALMONT. Sans doute il veut vous donner un échantillon de fon ta left.

M. D'ALMONT. Je l'en tiens quitte. Je connois trop celui de fon aïeul,

Mde D'ALMONT au Laquais, Dites à Dorante qu'il peut entrer,

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SCÉNE V.

LES ACTEURS PRÉCÉDENS, DORANTE.

Madame D'ALMONT à Suzette. Faites venir ma fille. (Suzette fort).

DORANTE. Pardon! Madame. C'étoit

M. votre Epoux que je cherchois dans

Pinftant.

Mde D'ALMONT. Vous venez très à propos. J'ai fait dire à Lucile de fe rendre ici.

M. D'ALMONT. Quant à moi, Monfieur, je ne préfume pas y être bien néceffaire.

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DORANTE, Pardonnez moi, Monfieur, il est très important que vous m'accordiez la grâce de m'entendre. (Il tire un papier de fa poche.

Mde D'ALMONT. Eh! Monfieur! un

peu de complaifance! vous ferez epchanté, vous dis je.

DORANTE, Monfieur, fi vous ne jugez point à propos de m'écouter, daignez au moins prendre lecture de cet écrit.

M. D'ALMONT, Monfieur.... rien ne preffe... Je vous entendrai au théâtre, fi je puis.

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