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quet pour les rallier et rétablir le calme. Per- Pied-de-Port sonne n'était plus capable que lui de remplir cette mission. En peu de jours il parvint à leur rendre de la confiance, en les assujettissant à l'instruction et à la discipline. Sous son œil vigilant, Saint-Jean-Pied-de-Port s'accrut de tous les ouvrages qui font encore aujourd'hui sa principale force: un système de défense tracé par l'ingénieur Lafitte, et assez bien lié, en fit un excellent refuge, en même temps qu'un dépôt assuré contre toutes les tentatives de l'ennemi.

Servan tranquille sur sa gauche et renforcé de plusieurs bataillons, porta les troupes du camp de Bidard en avant de Socoa, et entreprit de nettoyer la rive droite de la Bidassoa où les Espagnols avaient laissé beaucoup de postes ; informé néanmoins que son adversaire se portait en forces de Château-Pignon sur Beru et Irun, il prescrivit au général Dubouquet de lui donner de la jalousie sur le camp d'Ispéguy. Cette ruse réussit, Caro retenu dans ses positions n'arriva sur les bords de la Bidassoa qu'après l'opération de Servan, et trouva cette rivière si bien gardée qu'il n'osa plus la franchir. Le moment paraissait arrivé où les Français allaient changer de rôle; les contingens de la levée de 300 mille hommes rejoignaient en foule. Servan avait l'intention de placer sa droite au camp de la Croix des Bouquets, de forcer le camp de Zugarramundi pour

s'ouvrir la route de Saint-Estevan par la vallée de Bastan, et il pressait l'instruction des bataillons récemment organisés, lorsqu'il fut destitué et conduit à Paris dans les premiers jours de juillet.

Le général d'Elbecq qui le remplaça était maladif, incapable de soutenir le poids dont on l'avait chargé; il ne fit aucun changement notable aux dispositions de son prédécesseur, mais ne poursuivit pas l'exécution de ses projets. Le mois de juillet se passa en affaires de postes, précurseurs de coups plus décisifs. Déjà les nouvelles levées ayant porté l'armée des Pyrénées-Occidentales à 35 bataillons, 1,500 canonniers et 700 chevaux, lui permettaient de prendre une attitude menaçante : les moyens de transports, le matériel s'y formaient dans une proportion convenable. Le besoin de renforts à la Vendée y fit bien détacher 3 à 4 mille hommes; cependant les commissaires de la Convention ne perdirent pas une minute pour les faire remplacer. A la vérité on perdait des bataillons aguerris pour en recevoir d'inexpérimentés; mais les maux de la patrie froissant tous les cœurs, cette jeunesse des villes ramassée à la hâte, suppléa, par un dévouement sans bornes et une résignation admirable, à ce qui lui manquait de forces physiques pour soutenir les privations et les fatigues de la guerre, qu'elle méprisa bientôt autant que le danger.

CHAPITRE XIX.

Affaires de l'intérieur depuis le mois de février. Journées du 31 mai, 1er et 2 juin. - Origine de la Vendée et du fédéralisme.

AVANT de

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passer à la seconde période des opérations de cette campagne, nous avons à rendre compte de l'état de l'intérieur depuis la mort du Roi.

veulent s'em

parer de

La situation de la France devenait de jour en Les Jacobins jour plus critique : le nouveau sénat n'apprenait de toutes parts que désastres et défections qui

semaient la défiance dans tous les cœurs. La république ne formait qu'une espèce de gouvernement provisoire, car le projet de constitution présenté au mois de février par Condorcet, n'ayant point été sanctionné, la pierre fondamentale de la nouvelle charte restait encore à placer. L'idée d'une réaction royale agitait tous les esprits, et les Jacobins ne voyant plus de sûreté que dans l'usurpation du pouvoir, tournèrent dès ce moment leurs efforts vers ce but. Les plus sincères, entraînés par des maximes républicaines, et se forgeant de belles utopies, croyaient les réaliser en dirigeant les affaires à leur gré: les

l'autorité.

Ils attaquent les

plus astucieux mesurant l'étendue du péril, jugèrent que le seul moyen de sauver leur parti était de se saisir de la toute-puissance; et en associant la multitude à leurs intérêts, ils ne songèrent qu'à la placer dans l'obligation de se dévouer à une défense commune.

Les Girondins visant à l'aristocratie des talens

Girondins. et de l'éducation, étaient trop fiers de leur prépondérance, pour ne pas heurter les ombrageux sectateurs du nivellement; et ceux-ci leur portaient une envie qu'on ne prenait plus la peine de dissimuler dans les clubs. « A quoi bon, di» sait-on, détruire l'aristocratie des nobles et » des Bourbons, pour supporter celle de ces » faux républicains, qui n'ont pas, comme les >> premiers, des droits consacrés par l'habitude. »>

Robespierre et Danton ne pouvaient plus reculer, il fallait qu'ils courbassent leur front audacieux devant leurs adversaires, et restassent des chefs de faction obscurs, ou qu'ils se missent franchement à la tête de la populace pour les accabler. Leur parti fut bientôt pris ; entourés de la faveur du bas peuple, ils ne comptaient triompher que par lui, et pour démuseler entièrement le tigre, il fallait le débarrasser des derniers obstacles que les républicains les plus influens et les plus estimés, eussent pu lui opposer. Forts de l'appui de la commune, ils se promettaient la victoire; mais afin d'y marcher plus sûrement,

ils sentirent l'urgence de s'associer un instant avec ceux des Jacobins qui partageaient avec eux les suffrages de la multitude.

La voix terrible de Danton s'est déjà fait entendre pour dépopulariser les Girondins en les accusant. Marat ne se fait aucun scrupule de les vouer, dans de sales écrits, aux poignards des amis de la liberté.

surer le tri

Montagne.

La Convention flottant incertaine entre les Mesures qui deux factions, et ayant repoussé toutes les atta- peuvent as ques dirigées contre ses membres; il importe de omphe de la recourir à des moyens plus puissans que de vagues et inutiles dénonciations. Trois mesures sont indispensables pour assurer la réussite du complot des montagnards: la première est de faire éloigner les corps de volontaires appelés des départemens pour la sûreté de la capitale, et qui, sous le ministère de Beurnonville, ne serviraient point de gardes prétoriennes aux anarchistes : la seconde est de faire dénoncer leurs adversaires par le peuple, comme des ambitieux, ennemis de la liberté publique : la troisième est de se débarrasser de l'entrave que l'inviolabilité des députés apportait à leurs desseins, et d'obtenir qu'ils fussent justiciables du tribunal révolutionnaire, dont l'établissement vient d'être décrété. (13 mars.)

Le comité insurrecteur établi dès long-temps Formation aux Jacobins et aux Cordeliers, agissant de con- insurrecteur

d'un comité

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