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fupprimés. Al'égard des accufations dudit Com te de Guines, favoir contre les dits Tort & Roger, au fujet de la communication d'un état concernant la Marine; contre ledit Tort, au fujet de la communication des Dépêches, & contre lesdits Tort & Delpech, au fujet de la contrebande, les parties font mifes hors de Cour. Que lesdits Gaulard, Des Audrays, Gomel & Boyer, font reçus parties intervenantes. Faifant droit fur leur intervention, enfemble fur leurs Requêtes & Demandes, & fur celles desdits Comte de Guines & de Monval, à fin de fuppreffion de termes injurieux; que les Mémoi-, res de Tort, fignés Falconnet, font & demeureront fupprimés, & que les termes injurieux desdits Mémoires feront rayés & biffés par le' Greffier de la Chambre, ce dont fera dreffé procès-verbal; qu'il eft fait défenfe audit Falconnet de faire de femblables Mémoires à l'avenir, fous telles peines qu'il appartiendra. Que fur le furplus des plaintes & accufations, fins & demandes des dites Parties, elles font mifes hors de cour & de procès: que ledit Tort eft condamné envers ledit Comte de Guines aux & des dépenfes, l'autre 6e compenfé. Tous dépens au furplus, compenfés entre les autres parties, & qu'il éft permis audit Comte de Guines de faire imprimer & afficher la préfente Sentence jusqu'à concurrence de 300 Excmplaires, aux dépens dudit Tort, partout où befoin fera."

Rien de plus fingulier que eette Sentence, dont les deux parties doivent appeller. On ne voit pas que M. le Comte de Guines puiffe dans cet état retourner encore à fon Ambaffade.

4 Juin 1775. M. l'Archevêque de Paris fait publier un Mandement qui ordonne des prieres publiques à l'occafion du Sacre du Roi. Il eft tout-à-fait dans le fens du Clergé, qui rapporte l'autorité des Princes toute à à lui. C'est une vraie capucinade politique.

nu, c'eft-à-dire

4 Juin. Réflexions fur les Mémoires, par Me. de la Croix. Bavardage d'Avocat, où l'auteur veut prouver l'utilité & la néceffité des Mémoires. Comme il en fait beaucoup, il n'eft pas étonnant qu'il ait entrepris cette tâche. Mais rien de nouveau dans les raifons qu'il apporte & dans la maniere de les préfenter. Une feule anecdote qui concerne un grand Seigneur, voulant revenir contre un engagement pris avec fon Créancier celui-ci étoit déjà décrété fur le témoignage de quatre impofteurs; il implore le fecours de l'Avocat, il met fous fes yeux les billets & les lettres du débiteur, qui avoit félicité le premier fur fa bonne foi, & l'avoit prié d'accepter quelques préfens offerts par la recon noiffance. Il fait tout imprimer, lettres, billets; il envoye au grand Seigneur le Mémoire foudroyant prêt à paroître. Celui-ci court au devant de fon deshonneur, paye & remercie Me, de la Croix.

4 Juin 1775. Le Sr. Roblein, reçu Avocat, a voulu forcer les Avocats de Poitiers à l'infcrire fur leur tableau. Ceux-ci ont confulté à Paris, pour favoir fi le Sr. Roblein avoit droit de les actionner? Ce qui a donné lieu à un Mémoire imprimé, intitulé: Confultation fur la difcipline des Avocats. On y décide d'après les principes développés dans la Confultation, que le plaignant eft non recevable dans fa demande.

Comme la profeffion d'Avocat a la confiance pour bafe & pour reffort: comme tout eft confiance, & de la part du public envers l'Avocat, &. de la part de l'Avocat envers fes confreres: comme cette confiance dont chacun d'eux eft honoré, exige d'eux tous des fentimens qui y répondent, c'est-à-dire de la délicateffe & de la générofité, il a fallu parmi eux une police analogue à cette Constitution; & elle ne pouvoit l'être qu'autant qu'elle feroit fimple dans fa marche, févere dans fes décifions, & exercée par le Corps même fur fes Membres. Ce n'eft point une jurisdiction, c'est une cenfure. Comme cenfure, elle n'eft pas aftreinte aux formes de la Loi comme cenfure, elle veille fur les mœurs relatives à cet état particulier, tandis que la Loi veille pour affurer le repos de toute la fociété comme cenfure, elle ne peut point être foumife à une infpection étrangere; les jugemens qu'elle porte font libres, comme le fentiment qui

les dirige. On peut dire qu'ils reffemblent à ceux que l'honneur prononce dans le monde.

Sans doute le genre de pouvoir qui résulte de-là, femble un pouvoir redoutable; mais qui pourroit s'en plaindre ? Ce feroient les Avocats feuls. Déja affujettis, en qualité de citoyens, aux loix générales, ils le font encore à ces ufages fi rigoureux qui leur font propres. Cependant, loin de murmurer contre ce joug qui pefe fur eux, on les voit tous fe féliciter de le porter, tant parce qu'il fait leur fûreté commune, que parce que furtout l'intérêt public, auquel ils font voués, y eft attaché effentiellement. C'est le Public qui recueille les fruits d'une adminiftration, dont les Avocats fupportent avec joie toute l'austérité.

Tel eft le réfumé des principes qui forment la base du Miniftere des Avocats, dont le dépôt s'eft jusqu'ici confervé dans le cœur des Avocats, expofé pour la premiere fois dans ce Mémoire aux yeux des Magiftrats &.du Public, le 15 Avril, & foutenu d'une Confultation en date du 15 Mai, foufcrite par 14 des plus anciens & des plus célébres Coryphées de l'Ordre.

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4 Juin 1775. M. le Marquis de Brunoy, toujours fol de plus en plus, fe difpofoit à aller en pélérinage à pied pour vifiter les lieux faints. Il avoit arrhé une certaine quantité de compagnons, pour lesquels il devoit y avoir des voitures, & auxquels il faifoit une pension à

la fin de ce voyage, qui devoit être de plufieurs années. On affure qu'un ordre du Roi le retient en France, & l'empêche d'exécuter cette pieufe extravagance. Pour s'en dédommager, il comptoit faire à Brunoy la proceffion ordinaire de la Fête-Dieu. Monfieur, à qui la terre appartient aujourd'hui, s'y oppofe. Le voilà réduit dans une inaction bien défolante pour fon zele.

On affure que ce Marquis, qui avoit 24 millions de biens, en a déjà mangé huit, dont la plus grande partie depuis qu'il a gagné fon procès. Comme il eft accablé de créanciers, pour éviter la multitude des frais & les lenteurs des procédures, on a commis fes caufes à la deuxieme Chambre des Enquêtes.

Quoiqu'il n'ait plus ni la terre ni le châ teau de Brunoy, comme il fé plaît en ce lieu. il y a acheté une maifon, & y vivra en parti culier. H n'a plus les prieres nominales comme Seigneur, mais on le recommande toujours, après Monfieur, au profie, comme bienfaiteur de l'Eglife.

4 Juin 1775. Le bruit fe répand que M. de Kerguelen eft condamné par le Confeil de guerre de Breft, à fix ans & un jour de prifon, & déclaré incapable de fervir le Roi fur fes Vaiffeaux, comme Capitaine & comme fecond.

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