été molefté autant que les Conclufions des parties adverfes le requéroient.

2 Juin 1775. M. Capperonnier, Membre de l'Académie des Belles - Lettres, Garde des Livres imprimés de la Bibliotheque du Roi, Profeffeur Royal pour le Grec, vient de mourir d'une goutte remontée. C'étoit un des plus favans hommes de l'Europe, grand Bibliographe. C'est une vraie perte pour la Littérature, d'autant qu'il étoit encore jeune.

2 Juin. Par une inconféquence qu'on ne peut concevoir, mercredi, les Pairs affemblés au Parlement, on a déclaré valable la procédure du Châtelet dont on avoit annullé la bafe. Jeudi on a joint au fond la Requête de Mad. de St. Vincent en élargiffement provifoire. Remis à délibérer fur les autres Requêtes des co-accufés au mardi 27 Juin.

On a remarqué que le Prince de Conti avoit molli, & l'on attribue cette défection au Duc de Fronfac, qui depuis quelque tems s'eft attaché à S. A. & lui fait une cour affidue.

3 Juin. On annonce un nouveau Conte. de M. de Voltaire, intitulé: Le Dimanche, ou les Filles de Minée. On fent combien ce cadre doit prêter entre les mains d'un Ecrivain pareil, & l'on affure que c'eft un ouvrage charmant. Comme il eft d'une certaine étendue, qu'il n'eft encore que manufcrit, il est toujours rare.

3 Juin 1775, La Cérémonie du Sacre approchant, c'eft aujourd'hui l'objet des entretiens du public. Pour mieux l'inftruire on a fait imprimer, L'ordre de la marche & des cerémonies qui y feront obfervées. Dans ce fatras très long d'étiquettes puériles, voici ce qu'on en peut extraire.

La Cérémonie étant cenfée commencer au départ de Verfailles, S. M. en partira en grand appareil avec la Reine, les Princes fes freres, les Princes du fang, les Grands Officiers de la Couronne, les Seigneurs & Dames de la Cour, & les Miniftres.

S. M. fera reçue dans toutes les villes où elle paffera, au fon des cloches, au bruit de l'artillerie, aux acclamations des peuples, & fera complimentée par les Magiftrats. (Les acclamations futures des peuples ont paru fort fingulieres dans cette Relation, comme fi elles étoient de commande, ainfi que le refte.) M. le Duc de Bourbon, Gouverneur de Champagne, présentera à S. M. les clefs de la ville à fon arrivée.

S. M. après tout le cérémonial de fon entrée & de fa marche, fe mettra à genoux à la porte de l'Eglife métropolitaine, & y baifera le livre de l'Evangile. Elle offrira à Dieu un ciboire d'or, dont elle fera présent à l'Eglife

Il n'y a de toute la Magiftrature que les Confeillers d'Etat & Maîtres des Requêtes invités au Sacre qui s'y trouveront, & fix Secrétaires du Roi, députés de leur Compagnie.

Au Sacre, Monfieur, frere du Roi, repréfentera le Duc de Bourgogne; M. le Comte d'Artois, le Duc de Normandie; le Duc d'Orléans, le Duc d'Aquitaine; le Duc de Chartres, le Comte de Touloufe; le Prince de Condé, le Comte de Flandres ; & le Prince de Bourbon, le Comte de Champagne.

Les Pairs, Eccléfiaftiques ont tous les honneurs. Ils font affis à la droite de l'Autel; ce font deux d'entre eux qui vont chercher, le Roi, & qui, après avoir vainement demandé le Roi deux fois, à fa porte, difent pour la troifieme: Nous demandons Louis XVI, que Dieu nous a donné pour Roi, ils le conduiront à l'Eglife.

L'Archevêque de Rheims commence par faire une Requête pour toutes les Eglifes de France, fujettes au Roi, & ce n'eft, qu'après, ce premier ferment que le Monarque, en fait un autre, qu'on appelle le ferment du Royaume, & qu'il prête le troifieme, comme, Chef & Souverain Grand Maître de l'Ordre du St. Efprit.

4 Juin 1775. La piece la plus curicufe de toutes celles qui ont été offertes au Public, devant fervir à la Cérémonie du Sacre, c'est fans contredit la Couronne, qu'on voyoit chez

le Sr. Aubert Elle eft enrichie de diamans, évalués à 18 millions. Parmi eux fe diftinguent le Régent & le Sancy, renommés entre les plus belles pierres du monde connu.

4 Juin 1775. Le Procès de M. le Comte de Guines a effectivement été jugé hier au Châtelet d'une façon très barroque. En voici la Sen

tence:

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Sentences criminelles du Châtelet, rendues les 30 Mai & Juin 1775 dans l'affaire de M. le Comte de Guines. 30 Mai 1775.,; En voyant le Procès, a été arrêté qu'il eft donné acte audit Gerbier des Déclarations portées, tant aux dits Mémoires imprimés, qu'audit Interrogatoire dudit Comte de Guines. En conféquence, & attendu que ledit Requifitoire du Procureur du Roi n'énonce aucun objet déterminé de plaintes, ledit Decret d'affigné pour être oui, & tout ce qui s'en eft enfuivi, eft déclaré nul, & qu'il n'y a lieu à décerner ledit Decret fur ledit Requifitoire...

2 Juin 1775. , II eft dit par délibération du Confeil, oui fur ce le Procureur du Roi, en ce qui touche les plaintes & accufations concernant le jeu des fonds publics d'Angleterre; que pour avoir, par ledit Tort, rendu contre ledit Comte de Guines une plainte calom nieufe, par laquelle il lui a imputé de lui avoir ordonné de jouer pour le compte dudit Comte

Tort eft condamné à faire réparation d'honneur audit Comte de Guines, en préfence de douze perfonnes, au choix dudit Comte de Guines, dont fera dreffé acte, finon notre préfente fentence vaudra ledit Acte; ledit Tort condamné en outre en goo livres de dommages-intérêts envers ledit Comte de Guines, applicables de fon confentement au pain des prifonniers du grand Châtelet. Que les dits Delpech & Roger feront mis hors de Cour, & l'écrou dudit Roger fera rayé & biffé; & que les dits Comte de Guines & de Lobi de Monval font & demeureront déchargés des plaintes & accufations dudit Tort. En ce qui concerne ledit Tort, de l'imputation à lui faite par ledit Comte de Guines du vol de papiers & de deniers comptans, qu'il eft donné acte audit Tort de la déclaration faite au procès par ledit Comte de Guines, que c'eft dans un premier mouve ment après l'évafion dudit Tort, qu'il s'eft imaginé qu'il lui avoit fouftrait des deniers & des papiers, que ledit Comte de Guines a depuis retrouvés. Quant à l'imputation faite audit Delpech par ledit Comte de Guines, dans le récit de fa plainte, d'avoir négocié deux Lettres de Change fauffement acceptées du nom de Boyer, que ledit Delpech eft déchargé de ladite imputation, & que les termes injurieux inférés à ce fujet dans les Requêtes & Mémoires du Comte de Guines font & demeureront

fup.