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fait charger de nouveau de la partie des grains & enfuite de l'approvifionnement de Paris, ôté à M. le Noir. Il a gagné la confiance de M. Turgot de plus en plus, en adoptant fon fyftême & en l'outrant, enforte que ce Miniftre n'a vu perfonne plus propre à le feconder dans la place de Lieutenant général de Police. Ce Magiftrat a le travail lent & lourd: il manque de cette activité, la partie peut-être la plus effentielle pour la place dont il eft chargé.

15 Mai 1775. On parle beaucoup d'une Lettre du Roi aux Evêques, à l'occafion des troubles actuels, où S. M. leur apprend ce qu'ils doivent faire.

15 Mai. On annonce un nouveau pamphlet, intitulé: La Poule au pot. Quoiqu'on n'en dife pas grand bien, il est toujours fort rare, & on ne le connoît que par oui- dire.

15 Mai. On écrit de Nancy qu'à peu de distance de la ville il y a un bois, au milieu duquel eft une maifon où s'étoient logés plufieurs particuliers, au nombre de 22, de différens états, les uns Militaires, d'autres Chevaliers de St. Louis, des Ex-Magiftrats, des Gentilshommes, des Gens fans profeffion, &c. On ajoute que le jeudi, 4 de ce mois, des Troupes ont fouillé ce bois, ont invefti la maison & ont enlevé trois caroffées de ces Meffieurs, qui ont été conduits à la citadelle & mis en prifon. On ignore les motifs de leur déten

tion, plus remarquable dans les circonftances actuelles, auxquelles bien des gens prétendent qu'elle a rapport.

16 Mai 1775. Défense de François de Vedel-Montel, &c. Tel eft le titre d'un nouveau Mémoire dans l'affaire du Maréchal de Richelieu. I eft de Me. Blondel, Avocat. Il est très bien fait, clair, méthodique, mais verbeux & d'un ftyle quelquefois emphatique. Après tout l'Hiftorique préalable, il établit:

1. Qu'il n'exifte aucune preuve juridique du faux dont fe plaint M. le Maréchal de Richelieu.

2. Que quand la preuve existeroit, il n'en réfulteroit pas que Madame de Saint Vincent fût auteur de ce faux.

3. Qu'en fuppofant même, contre toute évidence, que Madame de Saint Vincent foit cou pable du faux, M. de Vedel n'en a eu ni pu avoir aucune connoiffance, & conféquemment n'en eft ni n'en peut être complice..

16 Mai.. eft à craindre que les émeutes dernieres ne retardent la représentation du Siege de Paris, Tragédie en profe du Sr. Sedaine, qui devoit fe jouer inceffamment aux François. Ce fujet eft tiré des Maillotins, révolte arrivée & punie en cette Capitale, em 1383, par Charles VI. Cette reffemblance empêchera fans doute l'auteur de fonger à fa Pie

même raifon engagera M. du Rofoy à faire re tarder aux Italiens fon. Siege de Paris, fous Henri IV..

17. Mai 1775. M. de Luc, Marquis de Saluces, comme feul repréfentant & defcen→ dant de la Maifon de Saluces, s'eft pourvu au Confeil pour des dédommagemens qu'il réclame à raifon de fa defcendance.. D'autres Saluces, fe prétendant iffus de même race, ont demandé que défenfes fuffent faites au Marquis de Saluces de fe qualifier feul repréfentant & defcendant de la. Maifon de: Saluces: On a vu fur cette demande divers Mémoires des Parties, fur laquelle s'éleve enfin aujourd'hui un Procès en regle au Parlement. M. de Luc vient de fournir un Mémoire très modéré pour foutenir fa prétention, appuyée de piecesfi probantes, qu'il paroît devoir gagner inconteftablement.

18, Mai.. A la Lettre du Roi aux Evêques, qu'on a annoncée eft jointe une Inftruction pour les Curés, que les premiers doivent leur transmettre, & que ceux-ci rendront à leurs ouailles au prône... Indépendamment des leçons générales qu'ils doivent donner fur le précepte de ne point prendre le bien d'autrui, & de reftituer celui qu'on a pris, ils font chargés de leur apprendre la fcélérateffe des auteurs de pareilles émeutes, qui ne s'y font portés par aucun befoin réel, mais dans le feul projet de

dévafter & d'affamer le Royaume. Malheureufement on trouve dans cet écrit des affertionsabfolument fauffes: favoir, que les marchés ont toujours été garnis; que la denrée n'a jamais été à un taux trop cher; que perfonne ne doit être dans le cas de manquer de pain, par les précautions que le Gouvernement a prifes pour occuper les pauvres dans les paroiffes en les faifant travailler, &c. Cet imprimé eft comme tous ceux qui fortent aujourd'hui du Contrôle général, verbeux, fophiftique, mal- adroit, annonçant de bonnes vues dans le Miniftre, & fourniffant en même tems des armes à ceux qui veulent les combattre..

Le Clergé d'ailleurs eft fort fcandalife qu'on faffe ainfi empiéter S. M. für fes droits, & qu'on lui attribue celui de donner en quelque forte une Lettre Paftorale. Les Evêques prétendent que M. Turgot, qu'ils regardent comme un Athée, à raifon de fes liaifons avec les Philofophes du jour, tend infenfiblement à faire le Roi Chef de l'Eglife Gallicane, & conféquemment à détruire la Religion. Mais ils n'ofent réclamer dans ces circonstances critiques qu'on attribue en partie au Clergé, &. ils attendront fans doute le tems de leur Asfemblée, où ils réuniront ce chef de repréfen. tation à beaucoup d'autres.

18 Mai 1775. Il n'a encore été rien ftatué

& continuée à ce matin, pour entendre la fuite du Rapport de la procédure concernant le Maréchal de Richelieu, &c. Ils doivent fe raffembler la femaine prochaine.

18 Mai 1775. C'eft M. de Cuffé, Archevêque d'Aix, qui eft chargé du difcours à prononcer au Sacre. Ce Prélat s'eft enfermé pour fon travail. Le Cordon Bleu eft la récompenfe ordinaire de cette fonction.

18 Mai. Il paroît deux nouveaux Mémoires de M. le Comte de Guines. Le premier, quoique plus volumineux, eft le moins fatisfaifant. Le fecond, moins long, a pour titre: Mémoire fur la nature & l'origine de l'affaire pour le Com te de Guines, Ambassadeur du Roi, contre le nommé Tort, ci-devant fon Secrétaire. L'objet de celui-ci eft d'établir que l'affaire eft purement Ministérielle, & par quels événemens, de dégré en dégré & à fon infçu, cette affaire Minifterielle & jugée par le Roi, eft devenue un procès criminel, un procès à juger encore. On préfume aifément que c'eft à M. le Duc de la Vrilliere & à M. le Duc d'Aiguillon que M. le Comte de Guines attribue indirectement fa tour. nure nouvelle. Ce Mémoire eft très bien fait, il eft fort adroit, & fans aucune méchanceté apparente compromet étrangement les deux Ministres, & furtout le dernier, inftigateur de l'autre. On parle déjà d'un Arrêt du Confeil qui les venge & fupprime cet écrit.

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