mériter, il rapporte des certificats authentiques de fa conduite, qui prouvent le contraire de l'affertion avancée par fon accufateur.

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Au furplus, le Rapport de ce procès, commencé le 4 de ce mois au Châtelet, fe continue, mais le jugement ne peut avoir lieu qu'à la fin de Mai.

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12 Mai 1775. M. Albert joint à la place de Lieutenant général de Police, l'Inspection de la Librairie, partie bien effentielle dans un moment où les Ecrivains fe tournent vers la politique & le Gouvernement, & où tout le monde écrit fur ces matieres...

13 Mai. Les Comédiens Italiens doivent donner aujourd'hui la premiere Représentation de Roger Bontems & Favotte, parodie de l'Opéra d'Orphée & Eurydice. C'eft le Sr. Moline, le traducteur de cet Opéra Italien, qui eft auteur de cette facétie.

On devoit donner au même Théâtre aujourd'hui une autre piece nouvelle, intitulée: L'heureufe efpieglerie, mais qui a été retardée par l'indifpofition d'un acteur.

13 Mai. M. l'Archevêque de Toulouse, homme d'efprit, ambitieux, mais ne pouvant fe fignaler à la cour & dans les matieres politiques comme il l'auroit defiré, cherche du moins. à le faire dans fon Diocefe & à fe rendre utile par des vues patriotiques. En conféquence, il. a rendu le 23 Márs dernier une Ordonnance

concernant les fépultures, dont l'objet principal eft que nulle perfonne, de quelque qualité & condition qu'elle foit, fans aucune exception, ne foit enterrée dans les Eglifes, & que même il foit choifi hors de la ville des enceintes pour les cimetierres.

Le 31 Mars, le Parlement de Touloufe, fur un Réquifitoire du Procureur général, conforme audit Mandement ou Ordonnance, conte nant 15 articles, a ordonné qu'il feroit exécu té d'autorité de ladite Cour, fuivant fa forme & teneur, & qu'il fera imprimé, publié & affiché, ainfi que le Réquifitoire du Procureur général, & l'Arrêt de la Cour.

13 Mai 1775. M. le Duc de Gêvres a été reçu hier au Parlement Duc & Pair, à la pla ce du Duc de Tresmes fon pere,

13 Mai. Une partie du travail de M. le Comte du Muy pour fon Département de la guerre, paroît enfin en 6 Ordonnances, toutes datées du 26 Avril, concernant le Régiment de Royal-Corfe, celui de Royal-Italien, les Régimens d'Infanterie Allemande, d'Alface & de Bouillon, & pour mettre la Légion de Corfe fur le pied des autres Légions Françoises, fous le nom de Légion de Dauphiné.

Une, plus volumineufe, de même date, concernant l'Infanterie, dédouble 7 Régimens de 4 Bataillons pour en former 14, & donne une conftitution plus avantageuse au fervice.

T4 Mai 1775. Roger Bontems & Favotte n'ont point eu de fuccès aux Italiens hier. L'objet d'une parodie doit être de faifir les endroits foibles du meilleur ouvrage, d'en faire une critique fine & judicieuse, en les préfentant fous un jour ridicule, plus propre à les faire remarquer de ceux à qui ils auroient échappé. Une gaîté pleine de fel en doit être le caractere diftinctif. Il faut furtout beaucoup de légèreté, & que l'auteur ne s'appefantiffe pas fur les détails. II paroît que le Sieur Moline ignore abfolument l'art de la Parodie. Sa piece n'eft qu'une farce calquée fur l'Opéra d'Orphée & Eurydice, fans aucun farcasme direct qui en indique les défauts, fans efprit & fans faillies. Auffi le Parterre l'a-t-il fort mal reçue, & lorsque l'acteur eft venu l'annoncer pour la feconde fois, il crié en chorus: Non, non, non, &c. mais des alguafils ont bientôt fermé la bouche aux mécontens en les menaçant de les enlever.

14 Mai. Le livre de M. Necker a fort fcandalifé les Economistes, mais n'étant pas en état d'y répondre avec la même profondeur, un de leurs apologiftes s'eft contenté de publier une petite Brochure, intitulée: Lettres fur le Commerce des grains, où il y a plus d'injures que de raifons. On en eft d'autant plus furpris qu'on attribue le Pamphlet à M. le Marquis de Condorcet. C'eft fans doute pour l'en récompenfer que M. Turgot vient de lui donner le Départe

ment des monnoies, qu'avoit M. de Fargès, chargé aujourd'hui du Département des grains, à la place de M. Albert.

15 Mai 1775. Quand un homme fort de la foule & s'éleve à quelque place distinguée, on recherche tout de fuite quel il a été, quel il eft & quel il fera. M. Albert eft aujourd'hui dans ce cas. Voici ce qu'on en rapporte d'affez certain. Il étoit Lieutenant général de Perpignan; la protection de la Maifon de Noailles & fon ambition l'ont excité à venir à Paris & à y ache-. ter une Charge de Confeiller au Parlement à la feconde Chambre des Requêtes en 1764. II avoit alors 45 ans, & étoit fort mal à l'aife. Il chercha d'abord à fe diftinguer dans fa Compagnie, par un avis toujours à lui, dans lequel il perfiftoit conftamment, fans s'en départir jamais, fût-il feul. Dans fa Chambre, comme M. deVaudeuil en eft le Magiftrat le plus diftingué, il faifoit toujours la contre-partie, au point que fes confreres ne fe rappellent pas les avoir vus: une feule fois de la même opinion. M. Albert ne parle ni avec facilité ni avec grace, mais fes avis étoient hériffés d'érudition. Il eft profond dans les Loix, furtout dans le Droit Romain & dans le Droit Canon. Il s'étoit acquis une forte. de réputation dans fa Compagnie, puisqu'on l'a vu chargé de rédiger des Remontrances. Cependant il fentit bientôt qu'il ne pourroit per-. cer dans fon état, autant qu'il le defiroit. Il fe retourna du côté du Confeil, & fe fit donner

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une place d'Intendant du Commerce par Com> miffion. Ife fit charger de la partie des grains, celle dont le Miniftere s'occupoit le plus alors & la plus propre à le faire distinguer. On affure qu'il a même écrit fur cette matiere quelque petite brochure, médiocre fans doute, puisqu'ellé n'a pas caufé un certain bruit.

Il avoit toujours confervé fa charge de Con-> feiller au Parlement, mais il n'y venoit plus. I' ne s'eft point trouvé aux affemblées orageufes. de 1770 & 1771, & n'a pas été compris dans l'exil. Il étoit alors fur le point de fe remarier à une Demoiselle d'une naiffance commune, ni jolie, mais qui avoit beaucoup de biens. II déploya des fentimens romanesques fur l'état critique où il fe trouvoit par celui de fa Compagnie, & fembla fe refufer en quelque forte à un hymen qui alloit envelopper la future dans fa disgrace. Celle-ci fe piqua à fon tour de généro-fité; elle perfifta dans fa réfolution, & le mariage fut conclu le jour même de l'exil.. M. Albert ne crut point devoir fe montrer à Paris, lorsque fa Compagnie n'y étoit plus: il fut à Argenteuil fe cantonner avec fa femme, chez fon confrere,. M. le Fevre d'Amecourt, où il refta jusqu'à la liquidation- de celui-ci. Il revint à Paris avec lui, & toujours pouffé par l'ambition qui le dévoroit, ayant vu que le parti des Economistes. prenoit le deffus, il s'y eft jetté à corps perdu; & le Sr. de St. Preft ayant été renvoyé, il s'eft