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vuide dans la Littérature. Il eft, fâcheux que prefque tous les ouvrages aient paru furtivement & qu'il n'ait pas pu lui-même les revoir & en donner une édition complette.

8 Novembre 1775. Extrait d'une Lettre de Pau du 30 Octobre 1775. Le Parlement a été confterné d'apprendre la derniere réfolution de la Cour le concernant; elle eft de le rétablir abfolument comme il étoit en 1765: il faut faire attention que cette Compagnie eft dans un cas totalement différent des autres. Le Parlement de Pau eft le même qu'il étoit alors, quant à fon effence; il n'a point été fupprimé & recréé par M. de Maupeou à l'inftar des autres, il n'a fait que le dévenalifer, droit qu'on n'a jamais contesté au Souverain du refte, il étoit réduit à un moin. dre nombre dès 1765, & c'eft encore un pou. voir que le Monarque vient d'exercer tout re cemment à l'égard du Parlement de Paris, qui ne s'y eft pas opposé,

Lors des démiffions de 1765, les non démis reftoient en beaucoup plus grand nombre qu'il n'en falloit pour compofer le Parlement, puisque cinq ici fuffisent pour faire Arrét. Les autres membres reçus depuis ont rempli les formalités d'ufage, ils ont levé les charges aux parties eafuelles fur des démiflions pures & fimples données par les anciens titulaires; ils ont été reçus avec l'agrément du Roi & de la Compagnie ce ne font pas d'ailleurs des poli

çons, ils font presque tous d'une naiffance dis tinguée, & les moindres étoient des Avocats très eftimés au barreau.

Enfin, en amalgammant enfemble les démis de 1765 & les Membres du Parlement actuel, il ne fe trouvoit que deux places de Confeiller & une de Président de trop, qu'on auroit aifément fu primées en très peu de tems par la mort ou démiffion de plufieurs très âgés.

Ce qu'il y a de plus extraordinaire, c'est que cette befogne fe fait contre le vœu des Etats de la Province, qui font très contens du Par lement actuel, qui déteftofent les anciens & fe font toujours refufés aux propofitions que certains partifans des démettans ont faites en diver Les circonstances pour demander la réintégra tion du Parlement comme en 1765.

8 Novembre 1775. M. d'Ormeffon, Intendant des Finances, languiffant depuis longtems vient de mourir. Son fils avoit la furvivance & l'ad. jonction, enforte que cet événement ne doit rien changer à fon état. On compte même que malgré la jeunesfe & fon peu d'expérience il confervera fes Départemens, quoique très chargés, dans leur totalité, au moyen du Sr. d'Ailly, un de fes premiers Commis, très ami de M. le Contrôleur général.

8 Novembre 1775. On affure que tout étoit prêt pour faire fubir au Roi l'opération différée depuis trop longtems, mais que S. M. ca vo

yant l'appareil a voulu retarder encore jusques à fon retour à Verfailles, & que ce jour même elle est allée à la chaffe & a forcé trois fangliers: ce qui annonce & prouve combien fa conftitution fe fortifie & fe confolide.

9 Novembre 1775. M. le Noir, Confeiller d'E tat, eft en effet parti pour Pâu, il y a plusieurs jours: il aura avec lui M. Journet, l'Intendant d'Auch: ils feront feuls Commiffaires du Roi pour cette miffion, & nul officier militaire ne doit préfider au rétabliffement du Parlement de cette ville.

Ce rétablissement a été arrêté uniquement entre M. le Garde des Sceaux, M. le Comte de Maurepas, M. de Malesherbes & M. le Cortrôleur général; les autres Miniftres ne s'en font mêlés en rien, & le Roi lui-même s'en rappor tant entiérement au zele de ces Miniftres n'a fait que figner l'Edit, comme une fuite du plan général arrêté il y a un an.

L'avis de M. de Miromenil avoit été pen. dant longtems de rendre au Parlement de Navarre les officiers démis en 1765 & d'y réunir les officiers actuels dont on juge fans doute la réception légale, puisque par l'Edit, quoiqu'ils foient renvoyés, il eft dit que S. M. fe réferve à leur accorder de nouveau l'agrément d'a cheter des charges vacantes, & d'y fiéger fur leurs anciennes Provifions. C'eft M. de Males. herbes qui, plus conféquent, plus ferme, plus

entier que le Garde des Sceaux, lui a fait enten-dre que devenus maîtres de la befogne par la confiance du Roi, il ne falloit en ce cas ci laisfer aucun louche, il falloit fuivre les principes dans toute leur rigueur: que le plus grand nom bre des officiers ayant fufpendu leurs fonctions en 1765, & cette pluralité formant effentielle. ment le vœu de la compagnie, tout ce qui s'en avoit fuivi étoit illégal, même la reprise du fervice par le plus petit nombre; & la Compagnie avoit continué de réfider parmi les membres difperfés, exilés, emprisonnés, & non parmi les fchismatiques, &c.

9 Novembre 1775. La maladie épizootique regnant dans les Provinces Méridionales eft un. fléau général pour tout le Royaume, par les fe cours que le Gouvernement eft néceffité à verfer fans ceffe dans ces Provinces qui, bien loin de pouvoir y fubvenir par des augmentations d'impôts, font au contraire dans le cas de mériter des diminutions. On fait que fuivant le réglement du mois de Février, on fait affommer les Bœufs attaqués, & on les enterre très profondement. La convention eft que fur l'eftimation faite de la: bête tuée en préfence des officiers municipaux S. M. paye un tiers de la valeur au propriétaire & en outre tous les frais de tuerie, d'enfouillement; & pour la feule province de Béarn il éncoûte déjà plus de 700,oco Livres au Roi: en

d'Auch, beaucoup plus étendue, cela doit aller à plufieurs millions.

9 Novembre 1775. C'eft vendredi prochain qu'on doit jouer à la cour la tragédie de Menzikoff de M. de la Harpe.

Un tour de Page cause une grande défolation parmi les Demoiselles de la Comédie; on leur a fouflé une vermine fort defagréable qui les tourmente, & eft une espece d'épidémie répandue parmi elles: ce qui amufe depuis plufieurs jours la jeuneffe brillante de Fontainebleau.

10 Novembre 1775. M. le Comte de St. Germain a déclaré que la premiere chofe dont il alloit s'occuper, ce feroit de venir au fecours des officiers malheureux. Cette réfolution ne peut que redoubler le zele & l'amour du militaire pour un Ministre annonçant d'auffi heureuLes dispofitions. On y doit d'autant plus compter qu'ayant éprouvé lui-même l'infortune, il eft plus à même d'avoir la fenfibilité dont man• quent fouvent fes femblables.

10. Novembre On vient d'apprendre la mort du Duc des Deux-Ponts. Il étoit ami des Let tres, grand protecteur du Sr. Freron; il avoie inftitué dans fes Etats deux Gazettes, l'une Politique & l'autre Littéraire: mais il étoit furtout connu par fon attachement pour le feu Roi & par fon zele pour la Comteffe Dubarri, à la quelle il avoit promis un afyle chez lui en cas qu'elle voulût quitter la France, ou fut obligée

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