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3 prendre Phabit. Et lorsqu'on en parloit à cet illuftre exilé, & qu'on le peignoit fous les couleurs noires qu'il méritoit, il fe contentoit de répondre modestement: Ah! comme vous le maltraitez!

Quant à Prefelne, il paroît que c'étoit un homme très inftruit du Droit Romain, des Loix, des Ordonnances & du tems où elles ont été faites & rendues; qu'il étoit ami de Cromot, premier Commis de l'Abbé Terrai, qui n'avoit pas peu contribué à le faire entrer dans le Confeil fupérieur, & qui lui avoit procuré une penfion de 1,200 Liv., foit pour raifon de ce dévouement au Chancelier, foit pour avoir donné avis au Ministere de la Requête de la Nobles. fe de Normandie, fignée Argentau. Tels font les traits principaux qu'on a trouvé dans le Coup d'œil purin, concernant ces deux suppôts de M. de Maupenu.

1 Mai 1775. Le facre du Roi refte toujours fixé au 11 Juin, mais S. M. s'y rendra directement de Verfailles, & doit faire trois féjours en route. Elle doit coucher furtout à Villers-Cotteret, chez M. le Duc d'Orléans.

On trouve fort étrange que les charpentes mêmes, galeries en bois & autres ouvrages groffiers qui pourroient fe fournir & travailler à Rheims, foient envoyés de Paris par l'intervention des Menus: ce qui doit prodigieufe

1 Mai 1775. On doit commençer inceffamment au Châtelet, le rapport du procès de M. le Comte de Guines, & le Public attend avec impatience le Jugement d'une affaire qui excite depuis fi longtems fa curiofité.

2 Mai. Le Ballet de Cephale & Procris a été éxécuté aujourd'hui à l'Opéra, & malgré les changemens qu'on annonçoit dans les paroles & la mufique, le grand nombre des amateurs n'a pas été fatisfait. A l'égard de la derniere, on a trouvé le 1 Acte paffable, le d mauvais & le 3eme meilleur. Mais en général on veut que le plus mauvais des Opéra comiques du Sr. Gretry, à la Comédie Italienne, foit meilleur que cet effai au Théâtre Lyrique. Il faut convenir que ces rigoriftes font trop outrés, & qu'il y a des morceaux de diftinction dans l'ouvrage qu'ils rejettent fi dédaigneufement.

Les Ballets font la partie la plus agréable de ce Spectacle. Ils font travaillés, ils ont beaucoup de pittoresque, & ont une expreffion qu'on ne trouve pas toujours dans ces fortes de danfes.

3 Mai. L'Ordre des Avocats eft fort mécontent du Bâtonnier, dont la moleffe ne fait qu'augmenter. On voit clairement aujourd'hui que fon deffein eft de gagner du tems, d'arriver au moment de l'élection de fon fucceffeur, & de fortir de cette place fans avoir formé le Tableau.

Tableau. Me. Lambon s'eft confirmé dans cette réfolution, furtout depuis fa Conférence avec M. le Garde des Sceaux, qui lui a prefcrit beaucoup de réferve dans les radiations, même à l'égard des Vingt-huit, à l'expulfion desquels le Roi s'oppofoit. D'un autre côté, il veut éviter les reproches des zélés, dont la vigueur s'accroît par l'exemple des Parlemens de Province.

3 Mai 1775. Le Sr. La Rive, le protégé de Mlle. Clairon, a débuté Samedi aux François, mais fans produire aucun enthousiasme.

6 Mai. M. le Comte d'Houptot époufe Mlle. Périnay du Faugnes, fille du Receveur général des Finances. On parle fort de ce M. d'Houptot, parce que c'eft lui qui a eu cet hiver, au Bal de la Reine, l'aventure de la Lettre qui a fait tant de bruit.

7 Mai. 1 paroît une nouvelle Edition du Poëme de La Pucelle de M. de Voltaire, en ax Chants; ce qui en forme trois bien diftinctes: une en 18, l'autre en 20, & celle-ci. Les changemens au furplus de cette derniere ne confiftent point dans une augmentation réelle de Chants, mais dans une refonte des autres, où l'auteur a entremêlé quelques tirades particulieres. Par exemple, on y trouwe trois morceaux remarquables: Le premier fur la deftruction des Jéfuites: Le fecond fur la fuppreffion des Parlemens; & l'autre une fortie violente contre Freron, Nonotte, Patouillet & Tome VIII. B

les divers ennemis de M. de Voltaire. On conçoit aisément que tous ces morceaux font très fatyriques, & que le poëte ne fe feroit pas permis le fecond, s'il avoit prévû le retour de l'ancienne Magiftrature, ce qui pourroit bien donner lieu à d'autres corrections. On ne fait pourquoi dans l'Edition d'aujourd'hui on a retranché les vers qui concernoient Madame la Marquife de Pompadour.

8 Mai 1775. Madame la Préfidente de St. Vincent a préfenté une nouvelle Requête aux Chambres affemblées pour demander d'abondance l'apport au Greffe du Parlement de toutes les procédures, tant ordinaires qu'extraordinaires, judiciaires ou extrajudiciaires, & furtout la reftitution des papiers qui lui ont été enlevés, tant chez elle qu'ailleurs.

8 Mai. La liaifon intime qui fubfiftoit entre M. Le Noir & M. de Sartines donne lieu à des conjectures contre ce dernier. On fait que c'est lui qui avoit propofé fonami pour lui fuccéder. On fait que la veille de la disgrace de M. Le Noir, ils ont eu une conférence très longue enfemble; que M. de Sartines étant également dans les principes oppofés à M. Turgot ne lui eft point agréable & le contrarie fouvent au Confeil. Toutes ces raifons font préfumer qu'il ne reftera pas long-tems dans le Miniftere.

9 Mai 1775. M. le Marquis de la Hage a plaidé lui-même fa caufe hier, en la troifieme Chambre des Enquêtes du Parlement dans un procès dont il avoit fufpendu la pourfuite durant l'abfence de la Cour. Il l'avoit fait avec d'autant plus de raifon, qu'outre le Prince de Naffau qu'il avoit pour principale partie adverfe, il avoit encore le Sr. Berthier, fils du Premier Préfident du nouveau Tribunal. On juge par cette circonftance combien fa préfence a dû être agréable aux Magiftrats; car outre fon intérêt personnel qui arrêtoit fon activité, il paroît qu'un patriotisme ardent l'avoit encore plus animé. Non content de refter dans le filence, obligé malgré lui de foufcrire à un acte dont il reconnoiffoit la léfion, il porta fa vigilance jusqu'à faire des proteftations préalables. Voici comme il raconte lui-même le fait:

Je revins fur le champ à Paris pour m'affu rer d'un Officier public qui reçut mes protestations, mais les coups d'autorité frappés partout, & coup fur coup fur la Magiftrature, tenoient fi fortement courbés dans ces Officiers les resforts de l'ame, que, privés de toute énergie. ils ne connoiffoient que la crainte. La plupart, fur la fimple énonciation des motifs de protestation que je voulois faire, frémirent, comme fi je leur eus propofé d'entrer dans une confpiration contre l'Etat. Enfin le dernier de ces Notaires m'indiqua le Sr. Fontaine, Commiffaire

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