Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

tant plus, qu'elle me procure l'occafion de vous affurer, Mademoifelle, de l'eftimé diftinguée, dont je fuis pénétré depuis longtems pour vos talens & pour votre perfonne, & que je partage avec tous les gens de goût & avec tous. les gens honnêtes.

J'ai l'honneur d'être avec refpe&t, &c..

Mademoiselie,

D'ALEMBERT. Secrétaire pérpétuel de l'Académie Françoife.

A Paris, ce 10 Juillet.

12 Septembre 1775. Il est des Compagnies de Goths, de Vifigoths & d'Oftrogoths, qui, fans respect pour les beaux chef-d'œuvres d'architec-ture produits durant le dernier fiecle, les achettent pour les démolir & en retirer un lucre fou vent confidérable. Ces Barbares avoient déjà marchandé avec M. le Duc de Penthievre pour le château de Sceaux, dont ils offroient 1,200,000 Liv. Le Prince étoit fur le point d'acquiefcer, mais on affure aujourd'hui qu'il s'eft ravifé & qu'il. conferve ce château.

13 Septembre. On ne peut douter que l'au teur des Réflexions politiques fur l'Administration intérieure de la Pologne ne foit un partifan du Roi actuel. Il lui a dédié fon livre, & a mis à la tête une ode intitulée: Apologie de l'autorité Ma narchique contre les fauteurs de la licence. Cette ode eft peu lyrique, & n'a pas cet enthousias

[ocr errors]

më que donne ordinairement l'amour de la li.. berté, mais qui fe trouve rarement dans l'efcla. vage.

13 Septembre 1775. Le Grand Seigneur actuel. a engagé M. de St. Prieft, notre Ambaffadeur à la Porte, d'écrire à Paris pour former à fa Hau teffe une troupe de muficiens qu'elle veut attirer à fa cour. Elle defire que rien ne foit épargné pour cette entreprise & offre de payer très-cherement ces Meffieurs. Les politiques voient avec plaifir ces difpofitions de l'Empereur Turc: ils efperent qu'à la longue il en résultera une révolution chez cette nation barbare, & que les arts la poliront.

14 Septembre 1775. Le Sr. Linguet, dans fon Numero du 25 Août, a inféré un Eloge du Cheval de Caligula, Conful de Rome, prétendu traduit de l'Anglois. Quelques gens ont voulu y trou ver des allufions contre le Duc de la Vrilliere, parce qu'il donne à cet animal la qualité de Se-. crétaire d'Etat. Mais ce Miniftre étant déplacé, le crime n'a plus paru.fi grave, & l'auteur n'a pas éprouvé le châtiment dont il étoit menacé & dont fes ennemis auroient triomphé.

14 Septembre 1775. Les comédiens François. répetent la comédie du Célibataire de M. Dorat, & l'on efpere l'avoir inceffamment.

14 Septembre. L'auteur de la réfutation des Dialogues en espece de Drame, dans la premiere Lettre en critique d'abord la forme, ainfi que le

ftyle. Il trouve les interlocutions minutieufes,. puériles, triviales. Il ne veut pas qu'on faffe. parler un grand Roi (le Roi de Pruffe) à des Souveraines (l'Impératrice Reine & l'Impératri ce de Ruffie) illuftres & remplies de mérite, le langage des gens de rues ; qu'on leur attribue. des conforts indignes, des Ambaffadeurs burles. ques, des agens étrangers invraisemblables; en un mot, qu'on fe faffe un jeu des matieres poli tiques & nationales. Il paffe au fond, & tance. fortement le fatyrique fur le ridicule dont il voudroit couvrir le manifefte des Puiffances co-partageantes.

Dans la feconde Lettre, il eft queftion d'une. effufion d'ame entre les deux Impératrices, que le premier auteur appelle combats d'ambition & de remords; fuivant lui, cette confeffion politique démontreroit que toutes deux ont été des folles, des dupes, des imbécilles avérées, jouées. par le Monarque Pruffien, n'ayant ni foi, ni loi, ni religion, ni principes. La Critique préfente en oppofition un éloge pompeux de celui-ci, & prétend que Marie-Therefe n'eft point affervie à fes Directeurs, ni Catherine II à fes Philofophes; que tous trois ont pour bafe de leur gouvernement la droiture & l'équité.

Le 3me. Dialogue roule fur un entretien de Frédéric avec un certain Israëlite, fon confident, nommé Ephraïm, concernant les opérations numéraires, les manoeuvres fpéculatives du héros

de Brandebourg pour augmenter fes finances par des reviremens judaïques, c'est-à-dire des fraudes honteufes attribuées à cette nation. Le défenseur, pour toute réponse, prouve l'absurdité que l'auteur ait eu révélation d'un pareil Confeil; il le plaifante, & lui met fur la tête la couronne des Juifs, que l'autre fait offrir par Ephraïm au Roi de Pruffe.

L'auteur, après avoir attaqué Frédéric dans fes opérations de finance, de politique, de guerre, le prend dans le 4e. Dialogue à parti comme Auteur Roi, & voudroit infinuer que tout fon mérite Académique eft dû aux beaux efprits qui l'environnent. L'auteur de la Réfutation s'éleve hautement contre cette affertion, & regarde très - férieufement le Roi de Pruffe comme un grand Ecrivain.

Les agreffions du Roi de Pruffe contre la ville de Dantzig, fujet du sme. Dialogue, font vivement peintes dans le Drame politique, dans le meffage burlesque d'un Sergent- Ambaffadeur, M. de Whiskerfeld, Négociateur titré de S. M. auprès de cette République; & cette fois l'A. vocat fe jette de côté, & cherche uniquement à faire retomber fur le critique les turlupinades dont celui-ci abonde fi complettement. Il venge de la même maniere la France infultée par l'envoi d'un Confiturier', ou Maître de dan. fe de Berlin, pour négocier auprès de Louis XV. Dans le ome. Dialogue, le Roi de Pruffe,

*

après avoir préfenté le plan de partage aux Sou veraines, fes co partageantes, les laiffe méditer fur fes propofitions, & reparoft au 6me. pour fa voir leur fentiment, qui eft un acquiefcement formel. L'auteur de la Réfutation défend cette acceffion comme le fruit de la fageffe des Puiffances, & non comme le résultat d'une politique atroce & infernale.

Le 7me. Dialogue eft la consommation du Partage, qui fe termine par les farcasmes nombreux dont Frederic accable les deux Majeftés, fes affociées à fon brigandage; ce que le Critique reprouvé comme une diffonance frappan te, furtout vis-à-vis de Catherine que, fuivant lui, Fréderic eftime & redoute.

Le réfumé de l'Apologifte, après avoir dé-· montré que l'ouvrage eft un vrai libelle, rem pli de calomnies contre les vues faines, pru dentes & légitimes du Traité en question, eft de faire envifager à l'auteur les risques qu'il court pour avoir plaifanté fur tant de perfonnages auguftes,

Quant à la partie littéraire, le Critique n'en eft pas plus content. C'est un Drame fans vraifemblance, dont le théâtre eft une espece de halle, où chacun des interlocuteurs déroge fou vent à fon caractere donné, vient débiter ef.: frontement fes principes monftrueux fous des ; lazzis frivoles & qui ne peuvent faire rire que les

« PreviousContinue »