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cependant à ces derniers de porter le nom & les armes de la maifon, & confervés dans la jouiffance de leurs titres.

26 Août 1775. Le Clergé ne s'eft pas contenté de faire fuprimer la Diatribe à l'auteur des Ephémérides, il a follicité un Arrêt du Confeil qui interdit pendant trois mois le Libraire Valeyre pour avoir imprimé ce pamphlet, quoique muni d'une approbation tacite & vu par le Sr. Cadet de Senneville, Cenfeur. En outre, comme l'on l'avoit inféré en grande partie dans le Mercure, le Cenfeur Louvel qui approuve ce Journal Périodique, eft rayé & perd fa pension de 400 livres. Voilà les principales difpofitions de l'Arrêt qu'on connoît; il ne paroît pas encore, mais femble d'une injustice extrême, comme on en peut juger par ce qu'on en rapporte.

26 Août. Quoique M. l'Ambaffadeur de Sardaigne eût defiré qu'on prît les plus grandes précautions pour que fa fête ne fût troublée par aucun accident finiftre, quoiqu'en conféquence la Police eût fait afficher plufieurs jours d'avance l'ordre & la marche des voitures, tant pour l'aller que pour le retour: rien de ces arrangemens n'a été obfervé; il y a eu là plus grande confufion. On en rejette la faute fur M. le Maréchal Duc de Biron, qui s'étoit chargé de faire garder les paffages par fon Ré

a auffi un peu contrarié la fête ; une pluye furvenue mal à propos a empêché que le feu d'artifice ne fût tiré avec fuccès & l'a même fait manquer tout-à-fait. Du refte, toute la Cour y eft venue, le Roi, la Reine, &c. Madame la nouvelle Princeffe de Piemont y eft restée plus tard, ainfi que Mesdames. On ne s'eft point apperçu que la premiere eût aucun regret de quitter la France, elle avoit cette joie naïve d'une jeune perfonne dont les fens commencent à s'ouvrir à tous les plaifirs. La foule n'étoit pas auffi confidérable qu'on l'avoit cru, & le local, quoique délicieux, avoit des inconvéniens pour l'entrée & la fortie, qui gênoient beaucoup la circulation. On s'eft plaint de la mesquinerie des gens de M. l'Ambaffadeur, qui ont mal rempli fes ordres fans doute, ont laiffé manquer les rafraîchiffemens & ont fort mécontenté le public.

27 Août 1775. La Lettre d'un Profane, &c. fait un bruit du diable dans la Finance, & M. de Vaines ayant beaucoup d'ennemis, c'est-àdire d'envieux, ceux-ci colportent le libelle avec empreffement & le répandent en profusion dans les fociétés. Il eft à préfumer que le Gouvernement vengera ce fuppô: de la Secte Economique, fi, comme il faut le croire, il n'eft pas coupable des friponneries qu'on lui reproche. Quant à fon origine, fortie d'un laquais, elle feroit plus d'honneur à fon mérite perfon

nel, s'il étoit accompagné de cette modeftie qui fied bien à tout le monde & furtout aux gens

parvenus.

27 Août 1775. Madame n'eft plus groffe, comme on l'avoit annoncé, & la joie de la famille Royale eft diminuée à cet égard. M. le Duc d'Angoulême va toujours très bien & l'on a déjà commencé à ébaucher les premiers traits de cet augufte Enfant. On affure que la Reine, malgré fa fatisfaction de voir le trône appuyé par ce rejetton de la branche regnante, verfe de tems en tems des larmes, de regret que la Providence ne lui ait pas encore accordé la même faveur qu'à Madame la Comteffe d'Artois.

28 Août. On avoit parlé du Connétable de Bourbon, la nouvelle tragédie de M. de Guibert, comme de la plus belle chofe du monde : deux repétitions de cette piece faites à Paris avoient été fuivies avec une fureur fans exemple au Théâtre de la Comédie Françoife, & les acteurs engoués de ce concours follicitoient en conféquence l'auteur de la leur donner pour être jouée en cette Capitale. Enfin elle a été exécutée avant-hier à Verfailles, & les connois. feurs affurent qu'il eft impoffible de rien voir de plus mauvais que non-feulement le plan en eft détestable, mais que la verfification même eft d'une platitude unique ; qu'il n'y a au

ftyle de M. de Belloy, tout barbare qu'il foit, eft encore préférable à celui ci. Ils ajoutent qu'elle est d'une longueur mortelle, ayant duré près de trois heures. D'ailleurs on vante les acceffoires, comme de la plus grande beauté, comme formant un coup d'œil impofant, bien propre à produire de l'effet, fi le poëte eut entendu tant foit peu le mouvement de la fcene:

Au refte, cette tragédie eût-elle été infiniment meilleure, on auroit toujours regardé comme une gaucherie d'offrir fous les yeux de la famille Royale, des Seigneurs & Miniftres Etrangers, à l'occafion d'une fête publique donnée à Versailles pour un événement auguste, une époque de notre hiftoire, peut-être la plus injurieufe au nom François & furtout à la maifon de Bourbon, par le fpectacle continuel d'un traitre portant ce nom, & de faits hiftoriques où nous fommes dégradés, battus, avilis, &c. On eft fâché qu'on ait fait une dépenfe évaluée à plus de cent mille écus auffi mal à propos. Sans le refpect dû au lieu & à leurs Majeftés préfentes, l'on n'auroit pu s'empêcher de huer en quantité d'endroits & de témoigner ouvertement fon indignation.

29 Août 1775. Le Roi, à la représentation du Connétable de Bourbon, s'eft apperçu de la maladreffe qu'il y avoit à mettre fous fes yeux & fous ceux de fa famille un semblable sujet;

il s'eft récrié qu'il avoit été trompé à la lectu re, & qu'il ne fouffriroit pas que cette tragédie reparût. En conféquence les comédiens François ont reçu ordre de remettre chacun leur rôle fur le champ, ordre de brûler les copies qu'ils en auroient tirées, défenfes d'en tirer, & il leur a été déclaré qu'on les rendroit responfables de ce qui en paroîtroit en tout ou en partie.

L'éclat donné à cette tragédie, excite à rechercher qui eft ce M. de Guibert. Il paroît que fa naiffance n'a rien de recommandable; que fon pere, Maréchal de Camp & Cordon Rouge, avoit été appellé à Versailles par le Duc de Choifeul, pour avoir une efpece de Bureau fans titre, qui lui a été ôté depuis peu; ce qui l'a obligé de retourner dans fa province.. Le jeune homme, peu riche, vient d'époufer la petite-fille d'un comédien.

Du refte, le pere n'approuve point l'effor qu'a pris fön fils dans la Littérature. On fait que lorsque celui-ci a lu fa tragédie devant le Roi, le premier n'a point voulu y affifter, quoique S. M. eût permis qu'il s'y trouvât, difant:,, que lorsque fön fils liroit quelque ou,,vrage fur fon métier, il l'écouteroit avec plaifir, mais non dans un genre étranger à fon

état.

30 Août 1775. On fait que l'extrême riches