çoife. C'eft fur M. le Noir, Lieutenant général de Police, que M. le Garde des Sceaux fe repose aujourd'hui de l'Inspection générale de la Librairie.

23 Avril 1775. II paroît des Lettres d'un Officier d'Artillerie à un Officier général, où l'on attribue l'avancement de M. de St. Auban à une charge vénale qu'il a eue, & à une multitude de manoeuvres & d'intrigues dont il s'eft fervi. Cet Officier ý a répondu par un Supplément aux Confidérations fur la réforme des armes. Il y donne l'état de fes fervices très nombreux, & prétend fe juftifier de façon à ne laiffer aucune prife à fes adverfaires. Il attribue ce Libelle à la cabale des Bellegarde & des Monthieu. H paffe pour avoir été l'inftigateur fecret du Confeil de guerre tenu aux Invalides contre eux en 1773.

23 Avril. Un Chirurgien de la Marine, diftingué par fes talens, attaqué de la manie du vient de fe Suicide, toujours trop commune

tuer.

24 Avril. Madame la Comteffe Dubarri s'eft enfin fixée, & a acheté la terre de St. Vrain près d'Arpajon; ce qui la met à-peu-près dans la diftance où elle doit être éloignée de Paris & de la Cour.

24 Avril. Le fameux prêtre Janféniste, mort fur la paroiffe de St. Severin, & qui y a caufe beaucoup de fcandale, eft un abbé Dumoulins

vieillard âgé & recommandable dans le parti, pour fon favoir & fon zele en faveur de la fecte. On prétend qu'il a beaucoup aidé M. l'Archevêque de Tours dans fon Inftruction Paftorale fi renommée, & dans les autres ouvrages d'érudition eccléfiaftique qu'il a publiés.

24 Avril 1775. Le difcours de M. Du Paty, prononcé à la rentrée du Parlement de Bordeaux, étoit attendu avec impatience dans ce pays-ci. On en faifoit les plus grands éloges, & il paroît les mériter à bien des égards. On y remarque beaucoup de nerf dans les idées, des vérités lumineufes & hardies, mais furtout un patriotisme qui doit rendre ce Magiftrat à jamais recommandable. Son difcours plaît d'autant plus que fa conduite s'accorde avec fon langage, & qu'il a prouvé dès fa plus tendre jeuneffe fon attachement aux Loix & aux grands principes de la liberté Nationale. On peut critiquer dans fon ftyle des métaphores trop outrées, un luxe d'expresfions, qui annonce plus d'imagination que de goût, mais qui font les défauts ordinaires de l'enthoufiasme de la jeuneffe.

Les théologiens ne font point contens de voir cet Avocat général affociant indiftinctement les Marc-Aurele, les Titus, les Louis XII, les Henri IV, & les plaçant enfemble au fein de la gloire éternelle.

24 Avril. Il paroît une brochure nouvelle en vers fur les affaires du tems, intitulée: Le coup

d'œil purin. Ce titre bizarre annonce une production finguliere, dont on parlera plus amplement, fi elle le mérite.

26 Avril 1775. La Reine prend fort à coeur la protection des Lettres. Elle a fait avoir derniérement à M. de la Harpe 1,200 Livres de pension pour fa tragédie de Menzicoff, qu'il a eu l'honneur de lire devant elle.

27 Avril. Quoique le Succeffeur de M. Du Belloi à l'Académie Françoise ne foit pas encore élu, c'est un bruit général que M. le Maréchal, Duc de Duras, ayant defiré être de cette Compagnie, en fera nommé inceffamment. Le mérite littéraire de ce Seigneur n'eft pas bien connu, mais on prétend que c'est un Chef que les Encyclopédiftes veulent fe donner dans l'Académie, propre à tenir tête au parti du Maréchal de Richelieu.

27 Avril. Le titre feul du Coup d'oeil purin, fort étendu, en donne l'explication, & fert comme de Commentaire à ce mot baroque. Il porte: Le Coup d'oeil purin, augmenté par fon auteur de plus de 700 vers, enrichi de beaucoup de Notes néceffaires & très intéressantes, avec un précis des actions héroïques de Meffieurs de Miromefnil dans la Magiftrature, ou Abrégé de l'hiftoire mémorable à la postérité, de la conduite, des caracteres & des faits iniques de ceux qui compofent le Confeil fupérieur de

font inftallés au Palais le 17 Décembre 1771, quor que déclarés parjures par Arrêt du Parlement du 15 Avril de la même année. Enfin la Notice des forfaits énormes commis par Perchel, Avocat, & foi- difant Procureur général de ces Violateurs des Loix. Væ qui condunt leges iniquas & fcribentes injuftitiam fcripferunt.... Revelabitur ignominia tua, & videbitur opprobrium tuum ISAIE Chap. 10 & 47. A Tote, chez le Grand-Pere de Ficquet, dit Vilormand, hôtelier, à l'enfeigne de la valife d'un Mylord efcamottée. A Rouen, chez Perchel, en fon hotel d'Argentcourt, & de Prefelne: fan affocié à la trahifon.

28 Avril 1775. Le Coup d'oeil purin paroît être la piece la plus recherchée en Normandie depuis la création du Confeil fupérieur de Rouen, le 17 Décembre 1771. On compte jusqu'à près de 400 pieces, tant en vers qu'en profe, faites contre ce Tribunal, & la préférence qu'on accorde à la premiere brochure. ne donne pas une grande idée des autres. Celle-ci eft une converfation entre quatre perfonnes du bas peuple de la ville de Rouen, & le ftyle, quoiqu'en vers, au ton des interlocuteurs, eft un patois difficile à comprendre & qui n'en vaut gueres la peine. Les notes font ce qu'il y a de plus curieux, en ce qu'elles rendent compte de beaucoup de faits & d'anec dotes qui intéreffent la Province & ceux qui

prennent part à la révolution qu'elle a foufferte. On trouve également des détails curieux à cet égard dans l'avertiffement & dans un morceau de profe qui fè trouve à la fin, contenant un abrégé des Vies des Srs. Perchel, Procureur général du Confeil fupérieur de Rouen, & Prefelne, autre Membre de ce Confeil. Le tout eft terminé par des vers en Epigrammes qui ne valent pas mieux que le refte.

Un fait intéreffant & qui mérite d'être extrait, c'est qu'on avoit augmenté de deux fols pour livre la Capitation, pour les gages des Officiers des Confeils fupérieurs de Rouen & deBayeux: augmentation qui devoit monter à environ 700,000 Livres par an, quoiqu'il ne fallût gueres qne 100,000 par an pour cette dépenfe.

Au refte, il paroît que ce Poëme burlesque a été compofé avant le rétablissement du Parlement, & dans le tems de la plus grande fermentation, c'est-à-dire qu'il fe reffent de l'efprit fatyrique & de la licence effrénée qu'ont occafionné dans cette province les troubles qui l'ont agitée.

28 Avril 1775. Il paroît un grand ouvrage fur la Legislation & le Commerce des grains. Ce Livre eft de M. Necker, auteur de l'Eloge de Colbert, couronné à l'Académie Françoife, & renommé pour différentes vues politiques & fyftématiques, que le Miniftere a adoptées, fur