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nion, ils ont pouffé l'infamie jusques à dire que puisqu'on defiroit leur confentement, c'étoit parce qu'on le jugeoit néceffaire & qu'il ne falloit pas le donner en conféquence.

I Juillet 1775. M. le Comte d'Arenda étoit monté fur un cheval fuperbe à la Revue du 29; tout le monde lui en faifoit compliment, lorsqu'il eft tombé & s'eft trouvé fous les pieds du courfier. On a été fort effrayé. Heureusement il s'eft relevé, & quoique très pâle, il est remonté en felle, & a foutenu toute la Revue à merveille.

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2 Juillet. On a oublié de rapporter une anec dote affez plaifante concernant la premiere repréfentation de la fête du Village aux Italiens. On a obfervé que la piece commençoit, continuoit & finiffoit fans qu'on vît le héros pour qui tout étoit fait. A la fin on a demandé l'auteur, & des plaifans ont ajouté: & le Seigneur.

2 Juillet. On peut fe rappeller les quolibets qui ont été dits lors de la derniere promotion des fept nouveaux Maréchaux de France, tous rou lant fur l'impéritie de ces Militaires. Un plaifant a voulu en ramaffer en quelque forte la quinteffence dans un quatrain. On fait que les vers fe retiennent plus aifément & donnent plus de grace & plus de force à un bon mot. Le voici:

Réjouiffez-vous, & François! Ne craignez de longtems les horreurs de la guerre: Les prudens Maréchaux que Louis vient de faire Promettent à vos vœux une profonde paix. oi

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C'eft ainfi encore qu'on a développé dans une Epigramme très piquante les divers farcasmes lancés dans les fociétés contre M. le Duc de Duras, fait presqu'en même tems Maréchal de France & Membre de l'Académie Francoife:

Duras invoquoit à la fois

Le Dieu des vers & le Dieu de la guerre:
Il réclamoit le prix de fes vaillans exploits
Et de fon favoir littéraire :

Tous deux, par un fuffrage égal
Ont fatisfait fa noble envie;
Phébus lui dit: Je te fais Maréchal;
Mars lui donna place à l'Académie.

3 Juillet 1775. Le livre intitulé: Ami des Loix, dont on a rendu compte, il y a déjà quelque tems, a éte condamné par le Parle ment au feu, ainfi qu'un autre, intitulé: Le Catéchisme de la Nation.

3 Juillet. Les Gentilshommes de la Chambre ont pris fait & caufe pour les Comédiens: le procès que leur avoit intenté le Sr. Mercier eft évoqué au Confeil.

4 Juillet. En 1773 le Sr. Maziere, fermier général, reçut des Lettres par lesquelles il fut fommé de porter 360 Louis au Cours, au profit d'une Compagnie, à peine d'être affaffiné. Le 19 Octobre le Sr. Garnier, officier d'office

du matin pour joindre te caroffe de Chartres, eut un befoin & defcendit pour le fatisfaire dans le foffé du Cours. Des efpions en vedette l'arrêtent; on le regarde comme un des coquins de cette prétendue Compagnie, qui venoit reconnoître le dépôt & l'enlever. On lui fait fon procès au Châtelet, & ne fe trouvant point de preuves, les Juges, malgré leur partialité, ne parent qu'ordonner qu'il en feroit plus amplement informé pendant un an. L'accufé refufa de figner la fentence, parce qu'il n'étoit pas expreffément innocenté. Et le Procureur du Roi en interjetta Apppel à minimá. Le nouveau Tribunal fiégeant alors, le 21 Mars 1774, réduifit le plus amplement informé à fix mois, ordonnant que Garnier feroit tenu de garder prifon. Il étoit question de prononcer au bout des fix mois, lorsque le Tribunal a été renverfé. Le prifonnier invoque aujourd'hui le Parlement, pour obtenir les dommagesintérêts qu'il eft en droit de réclamer contre le Sr. Maziere.

C'est à cette occafion qu'il paroît un Mémoire de Me. Dodin, où cet Avocat peint énergiquement toutes les horreurs qu'a fubies fon client, gémiffant fous le poids de l'opulence & du crédit. Il s'éleve contre les vexations extrajudiciaires exercées d'abord contre lui par les fuppôts de Police & par le Commiffaire Serrault; contre les autres qu'il a fubies au

Châ

Châtelet par la partialité du Lieutenant-criminel Du Lys & du Procureur du Roi Moreau; enfin, au Palais, par le Jugement du Tripot Maupeou.

Il détaille dans un avertiffement les différens pour-parlers qu'il a eus avec le Sr. Maziere, & furtout la déclaration de ce dernier, qu'il avoit une Lettre de cachet toute prête pour faire mettre à la Baftille ce malheureux, lorsqu'il feroit prononcé un hors de Cour. Il en résulte que le Sr. Maziere, craignant la publicité d'un Factum qui dévoiloit fes manoeuvres frauduleufes pour le perdre, a voulu employer l'autorité pour en empêcher l'impreffion, mais qu'il n'a pu réuffir heureufement.

Suit une Confultation du 31 Mai, fignée Bosquillon. Ce Jurisconfulte eft abfolument dans les mêmes principes que fon confrere, & au défaut des remords volontaires du Traitant, voudroit provoquer contre lui la vindicte de la Juftice.

4 Juillet 1775. Mad. la Ducheffe de Chartres eft accouchée hier d'un Prince, nommé le Duc de Montpensier. On juge quelle joie en a reffentie la Maifon d'Orléans. On a expédié un courier à M. le Duc de Chartres.

4 Juillet. La liberté du Commerce de l'Inde a été l'objet d'un Mémoire des Directeurs du Commerce de la Province de Guyenne, & fur lequel eft intervenu un Avis des Députés du

Commerce, comme auffi fur un Mémoire de la communauté de la ville de l'Orient contre cette liberté. Le Maire de l'Orient vient d'y faire une Replique, qui démontre que le commerce de l'Inde ne doit point s'affimiler aux autres; que les principes en font différens; qu'on ne peut pas mettre en parallele les opérations fuivies & combinées d'une Compagnie qui avoit le privilege exclufif pour ledit Commerce, à celui de divers Armateurs, ne pouvant avoir entre eux aucun accord fur leurs expéditions; que l'expérience confirme tous les jours l'erreur où l'on eft tombé en détruifant la Compagnie; que ce Commerce enfin ne peut réuffir que par un enfemble d'opérations, Malgré la force des raifonnemens & des faits allegués par l'auteur, le génie du Miniftere eft conftamment oppofé à cette liberté, qu'il réclame inutilement.

4 Juillet 1775. La Gazette politique intitulée: Courier d'Avignon, qui, lors de l'invasion de la France, avoit été transportée à Monaco fous le nom de Courier de Monaco, retourne à fon ancien domicile, au grand regret de ce petit Souverain. C'eft le Sr. le Blanc, Secrétaire des Commandemens du Prince de Conti, qui en a la direction. Elle doit commencer avec ce mois.

5 Juillet. Les Princes & Pairs ont été affemblés hier au Palais pour continuer l'examen du procès du Maréchal de Richelieu. Il eft question aujourd'hui de la Requête de la Préfidente

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