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coûté deux cents mille écus à l'Empereur pour ses ambassadeurs. Le maréchal d'Uxelles a eu 180 mille francs pour son ambassade d'Utrecht quoyqu'il ait porté le deuil de sa mère 15 mois pour la grande affection qu'il luy àvoit toujours porté. Je ne vous diray pas ce qu'il m'en a cousté pour mon séjour de Rastadt.

(Orig. Dépôt de la guerre, 2506, no 141.)

26. Gally au président Cholier.

A Bade, le 10 septembre 1714.

M. le Pce Eugène et M. le Mal de Villars sont arrivés icy le 5, après midy, et dès le mesme jour ces deux chefs de l'ambassade se rendirent les visittes et avec une grande démonstration de l'amitié qui est entre ces généraux. Ils ont signé le 7, à 11 heures du matin, la paix généralle et doivent repartir dans 4 ou 5 jours pour retourner tous deux auprès de leurs maîtres; ils doivent avoir encore quelques conférences sur les affaires des particuliers, celles du Roy, de l'Empereur et de l'Empire étant heureusement terminées, à la satisfaction plus généralle et plus entière qu'elle n'a paru jusques à présent dans aucune paix.

M. le Pce Eugène est arrivé, comme Mr le Mal de Villars, avec peu de suitte. Ils mangent tous les jours ensemble chés les ambassadeurs; ceux du Roy font une dépense magnifique et surprenante. Je n'ay que le temps de vous envoyer ces nouvelles, Mr, et de vous dire que Mgr le Mal a reçu toutes vos lettres. J'y joins une médaille' frappée pour Mgr le Mal et Mr le Pce de Savoye, persuadé que vous serés bien aise de la recevoir. Il y en a encore d'autres, mais je n'ay pu encore les avoir.

(Orig. autogr. Archives du comte de Cibeins.)

1. Nous avons donné la reproduction de cette médaille dans notre Villars, etc., t. II.

II.

Les lettres écrites ou reçues par Villars de 1714 à 1734 n'ont pas été conservées en aussi grand nombre que celles des années précédentes. Nous ne connaissons que la correspondance de Villars avec le prince Eugène publiée par nous (Villars, etc., t. II), celle de Villars et de l'intendant de Provence Lebret, dont nous donnerons quelques extraits dans le prochain volume et qui vient de fournir à M. Babeau la matière d'un intéressant travail (BABEAU, le Maréchal de Villars, gouverneur de Provence, Paris, 1892), la correspondance militaire de Villars pendant sa dernière campagne, qui a été presque entièrement publiée par le général Pajol (les Guerres sous Louis XV, I, 341 et suiv.) et enfin quelques lettres éparses dans diverses collections. Nous empruntons à cette dernière source les quelques lettres qui suivent.

27. Fénelon à Villars.

A Cambray, ce 23 mars 1714.

Vous venez, Monsieur, de finir le plus grand ouvrage de notre siècle. Il fut commencé par les armes à Denain, et il a été achevé par une très heureuse négociation à Rastadt. J'avois toujours cru que vous seriez beaucoup plus touché de la réputation méritée en procurant le repos de l'Europe, que de celle qui dépend du sort des armes et qui fait tant souffrir les peuples. Nos ennemis, aprez nous avoir refusé la paix, ont été réduits à nous la demander. Toutes les nations sont en respect. La gloire des armes du Roi éclatte. On voit sa sincère modération. Il ne nous reste qu'à faire des vœux pour que sa longue vie affermisse cette heureuse paix et qu'elle nous en fasse goûter longtemps les fruits. Je ne suis pas seulement sensible au bonheur de la France, je le suis aussi à l'honneur infini qui vous en revient et qui passera à toute la postérité ! On ne peut avoir plus de joie que je n'en ai des nouvelles marques d'estime que le Roi vous a données, en votre personne et en celle de Mr votre fils. Enfin, je me représente avec un vrai plaisir les applaudissements que je sai que vous avez reçu de toute la ville de Paris. J'en jouis de loin par l'intérest très vif que j'y prends. Mais, quelque reconnaissance que je conserve pour toutes les bontés dont vous m'avez comblé en ce pays, je ne puis plus désirer d'avoir l'honneur de vous y revoir, et ce seroit souhaitter la destruction de votre plus bel ouvrage. Je me borne à vous

demander la continuation de votre bienveillance et de vous assurer du zèle inviolable avec lequel vous sera dévoué le reste de sa vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. FR. AR. DUC DE CAMBRAY.

Je n'ose, Monsieur, importuner mad. la mareschalle par un compliment, puis-je espérer que vous lui montrerez icy les marques de ma joye et de mon respect.

(Original. Communiqué par M. le vicomte de Grouchy.)

28. Villars au vicomte de Trelans.

A Paris, le 24 septembre 1715.

Je veux me flatter, Monsieur, que vous ne serez pas fasché d'aprendre que, par les bontez de S. A. R1e, le Roy m'a fait l'honneur de me nommer président du conseil de guerre. Cette place, qui me donnera les moyens de rendre tesmoignage des services de tout ce qui est employé dans la guerre, redoublera ma vivacité pour leur estre utile.

Nous avons le bonheur de voir à la teste du Royaume un régent plus illustre encore par ses grandes actions que par sa naissance, et qui, connoissant par luy mesme les divers mérites des officiers, joint à un esprit droit et juste toute la bonté que l'on peut désirer à un grand prince.

Pour moy, je regarderay comme un de mes premiers devoirs une extrême aplication à faire que les troupes soyent bien payées; vous pouvez les asseurer que S. A. Royale n'oublie rien pour cela et nous avons tous lieu de croire que par une très sage prévoyance elle mettra un ordre parfait à toutes choses; et, bien que l'attention de S. A. R. laisse peu de mérite à ceux qui ont l'honneur d'exécuter ses ordres, je veux espérer que ces vaillans hommes que j'ay veu souffrir avec tant de courage les plus dures extrémitez causées par le manque d'argent et de pain, jetter mesme celuy qu'ils venoient de prendre, aprez en avoir manqué deux jours, pour courir plus légèrement au combat; j'espère, dis-je, que ces mêmes hommes donneroient s'il estoit nécessaire des marques de leur respect pour S. A. Royale, de leur confiance dans ses paroles, de l'amitié qu'ils m'ont toujours marquée et de leur fermeté à souffrir patiemment quelques jours, bien que je suis très persuadé qu'il n'arrivera aucun retardement. Je vous prie de leur dire que j'ay lieu de croire que les payemens seront réguliers, mais ils tromperoient bien ce que j'attends de leur vertu et ce que je leur

ay veu faire s'ils marquoient la moindre impatience. Je vous prie de vouloir bien m'informer de tout ce que vous croirez convenable au bien du service.

(Original communiqué par M. Gauthier. Arch. du Doubs.)

29. Le duc de Saint-Simon à Villars.

Ce 19 aoust 1716.

S. A. R. m'a fait la grace, Monsieur, de m'accorder la croix de St Louis pour le gouverneur de mes enfants que je désirois fort; je joins icy son placet avec le bon de la main de S. A. R., je me flatte que vous me ferés la grâce de vous souvenir de le faire expédier et recevoir la première fois qu'on en fera.

En voicy un autre du sieur de Berge, manchot, et en outre fort blessé, par dessus très pauvre, qui a besoin des eaux, et peut estre davantage de quoy y aller; il a esté page de feu Mr de Lorge, je vous seray très obligé si vous pouvés luy accorder cette grâce.

Le 3o placet est pour un homme en qui je m'intéresse extrêmement, à cause de son frère qui m'est très attaché et que mon père a fait aide major de Blaye, il y a bien des années. Si cela est possible, je recevray votre bonté là dessus comme faitte à moi

même.

J'avois dessein de vous rendre compte hier de ces trois choses, et d'autres encore d'une autre espèce dont nous nous sommes entretenus et sur laquelle je voy avec un grand plaisir vostre sentiment estre celuy de tout ce qui mérite d'estre compté parmi nous, si à quelqu'heure vous estiés moins assiégé qu'à l'ord®, Mr de la Force ou moy vous en dirions davantage.

Je suis, Monsieur, plus parfaitement que je ne vous le puis dire, votre très humble et très obéissant serviteur.

LE DUC DE SAINT-SIMON.

(Original. Communiqué par M. le vicomte de Grouchy.)

TABLE

DU QUATRIÈME VOLUME.

SOMMAIRES.

1713 (suite).

Ouverture des conférences de Rastadt, 1. Villars et le prince Eugène s'installent dans le château, 2. Premiers entretiens, 4. Discussions au sujet de la princesse des Ursins, 5. Villars conseille à Louis XIV de se contenter de Landau fortifié, des frontières de la paix de Ryswick et du rétablissement des électeurs de Cologne et de Bavière, 7-11. Il prie Mme de Maintenon de demander pour lui l'épée de connétable, 12. Nouvelles propositions du roi; le prince Eugène menace de rompre, 13. Lettre indignée de Villars à Voysin, 14. Le roi n'insiste pas, 15. Réclamation de la duchesse d'Elbœuf, du duc de Saint-Pierre et du marquis de Sainte-Croix, 16. Négociations secrètes de l'électeur de Bavière avec le prince Eugène, 17.

1714.

Discussions au sujet des privilèges des Catalans et de la princesse des Ursins, 19, 20. Les plénipotentiaires envoient un avant-projet à leurs cours, 21, 22. Les électeurs remercient Villars de ce qu'il a obtenu pour eux, 23. L'avant-projet n'est pas agréé par le roi; Villars impute à la rivalité de Torcy et de Voysin les difficultés qu'il éprouve, 24. Il s'en plaint à eux et à Mme de Maintenon, 26. Mission suprême de Contades auprès du roi ; Villars se retire à Strasbourg et Eugène à Stuttgard, 27. Eugène, sur le rapport de Contades, consent à revenir, 28, 29. Mort de la reine d'Espagne (3 mars), 30. Signature du traité définitif (7 mars), 31. Entrevue de Villars et du duc de Lorraine, 32. Villars à la cour, 32. Ouverture des conférences de Bade pour la paix générale, 33. Mort de la reine Anne d'Angleterre, 34. Villars et le prince Eugène se rendent à Bade, 34. Difficulté d'étiquette à l'occasion du titre de celsissimus, 35. Conférences

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