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ris. Il s'y rendit en effet; mais il crut auparavant devoir en prévenir M. de SaintPriest, puis lui rendre compte de cette démarche comme on l'apprit par son livre de raison.

Récit adreffé à M. de Maillebois, par M. Bonne-Savardin, de sa conversation avec Farcy (e).

Incertain du motif ou des soupçons que l'on avoit conçus contre moi, puisque l'on me mandoit au comité des recherches je crus qu'il étoit d'en prévenir Farcy. J'y fus et eus avec lui une conversation que je crois intéressante à mettre sous vos yeux.

prudent d

Quand, lui dis-je, cela finira-t il? Il faudra bien qu'il y ait un terme me dit-il; et si cette

(4) C'est ainsi qu'il appeloit M. de Saint-Priest. Pour l'intelligence de cette conversation, il faut savoir que MM. de Maillebois er de Bonne désignoient par t par des noms de convention les personnes en place, dont ils parloient dans leur correspondance emblématique; ainsi dans leur langage, Farcy veut dire Saint-Priest. Betville..... Lafayette.

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espérance ne nous soutenoit, il faudroit mettre la clefsous la porte et attendre l'instant d'être égorgés. Mais prévoyez-vous ce terme? Le prin

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auroit

tems, puisque c'est cette époque que le roi a chosie pour aller visiter les provinces.-Mais ne craignezvous pas que toute cette milice n'y mette des ertraves, qu'elle ne veuille vous suivre et rendre vos projets sans effet? Eh bien! si elle est tentée de suivre, nous la laisserons faire; et quand une fois nous aurons le cul sur la selle, nous verrons. Oui, lui dis-je, je conçois qu'alors il y des moyens, si vous aviez des troupes mais où en trouverez-vous? ComIl ne répondit pas. ment vous débarrasserez-vous de Betville? Son ambition est vaste, et il est en mesure. Eh! le pauvre diable, a-t-il repris, est plus embarrassé que nous. - On parle de ses projets; qu'il veut être connétable. Et moi, dit-il, je crois qu'il veut être ce qu'il pourra, jusqu'à ce que la Constitution soit faite, et qu'alors il plantera-là toute cette multitude. Mais, Monsieur, il ne la plantera-là que pour mettre quelque chose à la place, Son activité et son ambition ne lui permettront, ni d'être sans rien faire, ni de ne pas faire quelque chose d'utile.

Quand nous n'aurons que lui, les moyens ne nous manqueront pas. Oui, lui disje, ils ne vous manqueront pas, mais vous manquerez. de général, si vous ne vous attachez Adrien. Ah! je suis en ce moment bien en mesure d'une pareille besogne & sûr de triompher des obstacles. obstacles, Monsieur ! il n'y én a p point, il ne peut

Des

y en avoir. Personne en France ne lui disputera en talens, en fertilité de ressources, en moyens de conciliation, et je crois qu'il y a long-tems qu'on auroit dû faire les sacrifices les plus considérables, si sa position les eût exigés. Vous prêchez un converti; je le connois: mais cela n'est pas dans ma mesure. Au reste, je ne dis pas que cela ne soit pas. - Mais si malheureusement il en étoit autrement, prendriez-vous M. de Culent?

Quelle folie me répondit-il, il s'est conduit de manière à en ôter l'envie aux plus entêtés. ·J'ai voulu prendre son parti, et nous nous sommes long-tems débattus. Enfin, a-t-il repris, que fait-il, depuis cet instant? Pourquoi est-il où il s'est porté? Qu'en espère-t-il? Avec de l'énergie, une tête, il seroit allé habiter les mêmes lieux que Ermand; là, il auroit été convenablement, puisqu'il y a des possessions. Mais la tête n'y est plusAdieu; quand vous aurez été à la ville dire ce qui se sera passé.

venez me

Suit l'exposé de l'entrevue à l'hôtel-de-ville ensuite le narrateur continue ainsi :

Je fus le dimanche matin faire part à Farcy de tout ce qui s'étoit passé ; il en fut indigné. Hardiment étoit chez lui on dit que, prévoyant sa chûte prochaine, il s'arrange pour avoir la biblio théque du roi en retraite.

Il étoit difficile de douter, après une pièce de cette nature, du véritable esprit d'un mi

nistre qui se livroit à des espérances et à des projets si coupables, et accueilloit avec tant d'indulgence un conspirateur dont les complots lui étoient connus. Le comité des recherches crut qu'il étoit important pour la chose publique de lui arracher enfin son masque, ou de le mettre dans la nécessité de détruire les soupçons qui s'attachoient à sa conduite et ne pouvoient que nuire au bien des affaires dans une place où la confiance est le plus ferme appui de l'autorité, et le dénonça nommément aux tribunaux, ainsi que MM. de Maillebois et Bonne-Savardin.

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DES CHAPITRES

CONTENU S

DANS LE QUATRIÈME VOLUME.

CHAPITRE PREMIER

HAPITRE PREMIER. Nécessité d'une ressource
extraordinaire pour sauver la France. Aliéna
tion des biens du clergé. Tableau des divers pé-
riodes de l'opulence ecclésiastique. Artifices
employés par les prêtres pour mettre à contri-
bution la crédulité des peuples. Pag. t
CHAP. II. Coalition de toutes les classes privi-
- légiées contre la nouvelle forme du gouverne-
ment. Rebellion excitée par l'évêque de Tré-
guier. Conciliabule de gentilshommes à Tou-
louse. Ligue des magistrats avec le clergé, la
la noblesse et les pays d'état. Prolongation
des vacances de toutes les cours de justice.
Démarche séditieuse des parlemens de Rouen,
et Metz, déférés par le roi à l'Assemblée na-
tionale..
44
CHAP. III. Félicitations de citoyens anglois à
l'Assemblée nationale, Troubles excités à Mar-
seille par l'intendant et le parlement de Pro-
vence. Vexations de cette cour. Désordres
occasionnés par une milice de privilégiés. Du
prévôt Bournissac, et du tribunal du Châtelet.

62

CHAP. IV. Disposition générale de l'armée à
l'égard du nouveau régime. Irritation du soldat
contre M. Dubois de Crancey. Origine des trou-
bles de Toulon. Imprudence et inflexibilité du
commandant de ce port. Sa détention. Mesure
de conciliation prise à ce sujet par l'Assemblée.
Son zèle à poursuivre le despotisme dans tous

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