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Fayette, sur Bailly. La Fayette réunit ses aides-de-camp, leur ordonne de partir sur-lechamp. Les députés accouraient à l'assemblée; la séance s'ouvre, présidée par Alexandre de Beauharnais. « Messieurs, dit-il, je dois pré« venir l'assemblée qu'à huit heures du matin, << un instant avant de me rendre ici, le maire

de Paris s'est rendu chez moi, et m'a an«< noncé la nouvelle qui, sans doute, portera << la consternation dans l'assemblée, celle du

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départ du roi avec une partie de la famille

royale. J'imagine que l'assemblée nationale « donnera des ordres pour que, dans toutes les parties du royaume, l'on soit instruit de cette « nouvelle alarmante. »

A cette communication succède un long silence dans l'assemblée; les esprits semblent abattus; cependant Regnaud de Saint-Jeand'Angely rompt le silence. « La constitution est « terminée, dit-il, et quels que soient les dan«gers de la patrie, ils ne peuvent se comparer « à ceux qui vous menaçaient quand vous eûtes « à prononcer l'immortel serment du Jeu-de<< Paume. » Regnaud de Saint-Jean-d'Angely propose de mander à l'instant les ministres à la barre pour recevoir les ordres de l'assemblée, et d'envoyer dans tous les départemens des courriers extraordinaires, pour faire arrêter, au

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nom de la nation, tout individu de la famille royale qui ne serait pas muni d'un passeport du corps-législatif. Le président répond que M. de La Fayette avait prévenu les intentions de l'assemblée, et que, sans attendre ses ordres, il avait envoyé sur toutes les routes pour arrêter le roi et sa famille. Le commandant général des gardes nationales, les ministres, le département, la municipalité se présentent à la barre pour recevoir les ordres de l'assemblée, et lui porter l'hommage de leur zèle et de leur obéissance. Charles de Lameth demande que M. de Rochambeau soit envoyé sur les frontières, que des lances soient données à tous les citoyens du royaume, pour disputer la victoire à chaque pas. Le trouble était au plus haut degré dans l'assemblée, tous les membres parlaient à la fois; leprésident essayait vainement de ramener l'ordre en répétant sans cesse : du calme! messieurs, du calme!

Le peuple avait arrêté aux barrières les aides-de-camp de La Fayette : le jeune Romeuf emportait avec lui le décret qui confirmait les ordres déjà donnés par le général; des ouvriers se saisissent de lui; il obtient d'être conduit à la barre de l'assemblée, qui, après l'avoir entendu, ordonna qu'il continuerait son voyage. Sur le vœu et les indications du peuple qui

l'entoure, l'aide-de-camp de La Fayette prend la route de Châlons.

Dans le même temps, La Fayette était arrêté sur la place de Grève par un attroupement nombreux. « Vous nous avez répondu du roi << sur votre tête, lui dit un grenadier, et cependant il est parti. - Je paierai ma dette « s'il n'est pas arrêté, répond le général; mais « il le sera, mes mesures sont prises.

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Cazalès, en se rendant à l'assemblée, fut arrêté par des groupes nombreux et menacé du sort de Foulon et de Bertier : des députés furent envoyés pour le délivrer.

La séance était permanente. M. Delaporte, l'intendant de la liste civile, vint donner connaissance à l'assemblée d'un écrit cacheté que le roi lui avait fait remettre; on l'ouvrit, et l'on y trouva une déclaration de Louis XVI, contenant d'énergiques protestations contre les actes émanés de l'assemblée pendant sa captivité. Après avoir tracé le tableau de l'anarchie qui désolait le royaume, le roi faisait un appel à la France; il annonçait aux habitans de Paris le bonheur qu'il aurait de se retrouver au milieu d'eux, lorsqu'une constitution, acceptée librement, assurerait le règne des lois et placerait la liberté sur des bases inébranlables. Au bas de la déclaration étaient écrits ces

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