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Decret de la Renonciation du Roi Philippe à la Couronne de France, &c.

L'Affurance que les Couronnes d'Efpa

gne & de France ne feroient jamais mifes fur une même Tête, à été un des principaux & des plus importans motifs de la Guerre qui a affligé l'Europe jufqu'à ce jour: ç'a été auffi comme le Préliminaire dans les vûes qu'on a euës pour la Paix, & principalement dans les Propofitions qui ont été faites depuis peu en Angleterre. C'eft là deffus qu'on a pofé le fondement de cet Ouvrage, & l'on a jugé à propos d'établir la certitude, qu'en aucun temps, ni par quelque incident & événement que ce foit, les deux Monarchies ne puiffent être unics dans une feule Perfonne ; & c'est fur ce point & fur d'autres Point Préliminaires, qu'on eft convenu du Congrès qui fe tient à Utrecht, pour traiter des autres Articles de la Paix, & les régler, pendant lefquelles Négociations les morts imprévûës des Dauphins nôtre Neveu étant furvenues, l'Angleterre en prit occafion de porter fes vûës jusqu'à prévenir & anéantir les effets de tous autres accidens qui

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pourroient encore furvenir un jour; cette Couronne vint à proposer & foûtenir,comnéceffaire pour évitet toutes

me un moyen fortes d'inconveniens dans les circonftances qui pourroient arriver, qu'il failoit que je renonçaffe en mon nom & en celui de tous mes Defcendans, dès maintenant & à toûjours, à la Monarchie d'Espagne, ou à celle de France: en telle forte que fije demeurois dans l'Espagne, aucun de mes Succeffeurs ne pourroit jamais fuccéder à celle de France; & que ceux qui régnent ou régneront en France, ni tout entre Prînce qui eft iffu de cette Famille, ou qui en naîtra ci-après, ni fes Defcendants,ne pourront jamais pofféder laCouronne d'Efpague. Je ne hefitai pas un moment fur le parti que j'avois à prendre,& auffi on ne me laifpas le moindre loifir de prendre Confeil & de délibérer. Mon affection pour les Espagnols,la reconnoiffance des obligations que je leur ai, les fréquentes experiences que j'ai faites de leur fidelité, & la reconnoillance que je dois avoir pour la Providence Divine, de la grande faveur qu'Elle m'a faite de m'avoir placé & maintenu fur ce Trône, & donné des Sujets fi illuftres & d'un fi haut mérite, furent les feuls motifs,

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tifs, les feules raifons, qui eurent accès dans mon efprit, & influérent dans ma réfolution; laquelle lorsque je l'eus faite connoître, ne demeura pas fans être combatuë par d'autres propofitions & avantages,qu'on me vouloit faire envifager comme plus confidérables que celles qui m'avoient déterminé mais tout cela n'a fervi qu'à m'affermir dans mon deffein, & a mettre en état de pouffer & terminer cette affaire, afin qu'il n'y ait rien qui puiffe plus m'empêcher de vivre & de mourir avec mes chers & fidéles Espagnols. Mes fincéres intentions & ma conftance étant venuës à la connoiffance des Puiffances qui font intéreffees au maintien des propofitions & des moyens fufdits, ont donné occafion à la Reine d'Angleterre de rendre compte à fon Parlement, le 17. du mois paffé,de l'état où étoit la Paix avec les deux Couronnes d'Espagne & de France; & cette notification y a été aprouvée & aplaudie. J'en ai auffi fait donner communication au Confeil des Indes, afin qu'il foit informé de l'état de cette importante Négociation. A Madrid le 8 de fuillet 1712.

Signé,

MOI LE ROI.
Traité

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Traité de Sufpenfion d'Armes entre la France &l'Angleterre, figné à Paris le 19. Aout

1712.

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omme il y a lieu d'efpérer un heureux fuccès des Conférences établies à Utrecht par les foins de Leurs MajeftezTrèsChrêtienne & Britannique, pour le réta bliffement de la Paix générale, & qu'Elles ont jugé néceffaire de prévenir tous les évènemens de Guerre capables de troubler l'état où la Négociation fe trouve préfentement: Leurs dites Majeftez, attentives au bonheur de la Chrêtienne, font convenuës d'une Sufpenfion d'Armes, comme du moyen le plus fur pour parvenir au bien général qu'Elles fe propofent: Et quoi que jufqu'à préfent Sa Majefté Britannique n'ait pû perfuader fes Alliez d'entrer dans ces mêmes fentimens, le refus qu'ils font de les fuivre n'étant pas une railon fuffi fante pour empêcher Sa Majefté TrèsChrêtienne de marquer par des preuves effectives, le défir qu'Elle a de rétablir au plûtôt une parfaite Amitié & une fincére Correfpondance entre Elle & la Reine de la Grande-Bretagne, les Royaumes,

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Etats

Etats & Sujets de Leurs Majeftez; sa dite Majesté Très-Chrêtienne, après avoir confié aux Troupes Angloifes la garde des Villes, Citadelles & Forts de Dunkerque, pour marque de fa bonne foi, confent & promet, comme la Reine de la GrandeBretagne promet auffi de fa part.

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La publication dudit Traité le 24.

d'Aout a Paris.

n fait à fçavoir à tous qu'il appartiendra, qu'il y a Sufpenfion d'Armes générale, & de tous actes d'hoftilité, tant par Terre que par Mer, entre très-haut, très puiffant, & très-excellent Prince LOUIS, par la grace de Dieu, Rei de France & de Navarre, nôtre Souverain Seigneur: & très haute, très-puiffante, & très excellente Princeffe ANNE, Reine de la Grande Bretagne, leurs Vaffaux, Sujets, Serviteurs, en tous leurs Royaumes, Païs, Terres, & Seigneuries de leur obéiffance, pendant le tems de 4. mois, à commencer du 22. jour du préfent mois d'Août, & finiffant le 22. du mois de Décembre prochain: Pendant lequel temps de 4 mois, il eft défendu aux

Su

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