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le jour de la Conception de la Vierge un difCours dont l'Aretin auroit rougi.

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On apprend de Coblentz que Madame épouse de Monfieur, frere du roi de France, en est partie pour Turin. Le maréchal de Broglie y eft de retour. On affure qu'il a fait affigner aux émigrés, un camp entre Luxembourg & Treves, près des frontieres de France. FRANCE.

PARIS (le 19 Avril). La haine contre la Religion, & les objets qui y tiennent de plus près, s'eft déployée dans toute fa force à la féance du 6 de ce mois. C'eft un raffinement de malice digne du caractere du fiecle, d'ąvoir choisi pour porter le dernier coup aux établissemens religieux, l'époque où la Religion rappelle à la mémoire des chrétiens un de fes plus auguftes myfteres; il femble que pour accabler de nouveaux outrages le divin fondateur du Chriftianifme, l'assemblée épioit le jour qui renouvelle le fouvenir du fupplice du Sauveur; qu'elle a eu la prétention de s'affocier avec fes ennemis & fes bourreaux. Tandis que l'Eglife étoit en deuil, tandis qu'une fainte & religieufe trifteffe regnoit dans nos temples, les prétendus légiflateurs égayoient leur féance de farcafmes indécens, de plaifanteries auffi barbares qu'impies; renverfoient, en fe jouant, les derniers monumens échappés à la haine & à la morgue de leurs prédéceffeurs, détruifoient d'un mot & dans un inftant, avec une gaieté & une étourderie folâtres, les établiffemens que les plus faints perfonnages avoient fondés avec tant de

till fub nuntios Dei, parvi penmones ejus,

fannabant

&

debant fer

illudebantque prophe donec

is, afcenderet furor Domi

veilles & de travaux pour le foutien de la Religion & de l'humanité; ces fociétés utiles & refpectables, fi néceffaires à l'éducation & à l'inftruction de la jeuneffe. Cet abatis étoit pour eux un divertiffement, une fête, qui leur fervoit à diffiper les idées lugubres & faintes que le Vendredi-Saint a coutume de préfenter à l'efprit des chrétiens; ils infultoient leurs victimes par les railleries les plus ameres; les faillies, les bons mots étincelloient dans toute la falle. Les noms des infortunés qu'ils chaffoient de leurs retraites, & dépouilloient de leur état, étoient pour ces hommes fans pudeur, une fource intariffable de plai. fanteries. Il falloit que la révolution qui a étonné par tant d'impies, fit voir encore des juges qui infultent l'innocent au moment qu'ils le condamnent, & qui égaient leur fentence de mort par des facéties plates & dégoûtan- .. Par. tes. Toutes les fociétés eccléfiaftiques & fé- 36. culieres ont été fupprimées; les deux maifons fur la haine de Sorbonne n'ont pas échappé à la hache nifine & de destructive: écoles célebres qui ont produit fon auteur, tant d'illuftres perfonnages, où l'enfeignement 1791, p. 17, de la science facrée s'eft maintenu dans toute 15 Janv. fa pureté, & qu'on pouvoit regarder comme les Dia. bift. plus fermes appuis de la Religion & de la faine CHRIST morale. Mais il devoit entrer dans les vues des fous pref destructeurs de la Religion & du clergé, de renverfer auffi les établissemens qui en foutenoient l'honneur & l'éclat. Les féminaires des Eudiftes, des Lazariftes, de St.-Sulpice, de St.-Nicolasdu-Chardonnet, où de pieux & favans eccléfiaftiques s'occupoient à former de dignes mi

ni in popur

Réflexions

du chriftia

1 Janvier

p. 104.

art. Jesus

je).

niftres des autels, par la pratique de toutes les vertus chrétiennes, méritoient bien fans doute d'être enveloppés dans la même profcription. Pour les miffions étrangeres & celles du clergé, qui n'avoient pour objet que d'étendre & de propager les lumieres de l'Evangile, il étoit naturel qu'elles cédaffent la place aux nouveaux miffionnaires & aux propagandiftes modernes. Les vénérables folitaires qui, fur le Mont-Valérien & dans la forêt de Senard, étonnoient la molleffe du fiecle par une vie auftere & laborieuse, & honoroient l'humanité par les plus fublimes vertus ces hommes fi utiles, & d'autant plus eftimables que leurs travaux étoient obfcurs, n'ont pas été pour cela plus ménagés. Les refpectables freres des Ecoles chrétiennes, qui s'étoient généreufement dévoués à toutes les fatigues, à tous les dégoûts qu'entraîne l'inftruction des enfans du bas peuple; ces citoyens qui rendent à l'état le premier & le plus grand des fervices, en veillant fur les mœurs & fur la religion de cette claffe de jeunes gens que la pauvreté laiffe en proie à tous les vices & à toute la corruption de la nature, ne devoient s'attendre qu'à des encou ragemens & à des récompenfes de la part du gouvernement, & voilà qu'on les chaffe avec dérifion; voilà qu'on détruit leurs écoles gratuites, pour élever aux fraix de l'état, & par conféquent aux dépens des citoyens, des écoles dites primaires, où des hommes fans mœurs & fans religion, choifis exprès par la faction dominante, feront bien payés pour négliger les

eafans, pour les laiffer croupir dans l'ignorance de la Religion & de leurs devoirs les plus effenciels. Les Oratoriens, les Doctrinaires, font également compris dans la deftruction (a); les Filles de la Sageffe, des Ecoles chrétiennes, en un mot, toutes les congrégations féculieres d'hommes & de femmes, eccléfiaftiques ou laïques, même celles uniquement vouées au fervice des hôpitaux & au fou lagement des malades, fous quelque déno

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(a) Les études étoient extrêmement tombées dans les colleges des Oratoriens & des Doctrinaires; & la conduite fcandaleufe que plufieurs membres de ces deux congrégations ont tenue dans la révolution, mais qui auroit dû les épargner dans cette profcription générale, ne contribuoit pas peu à détourner les parens catholiques de l'envie d'y envoyer leurs enfans. La deftruction des Jéfuites. dit un auteur à ce fujet, opérée par ceux qui ,, périffent aujourd'hui victimes de leur imprudence & de leurs faux calculs; l'abolition de cette fociété célebre, chef-d'œuvre de la politique & du civisme le plus éclairé, avoit porté un coup mortel à la Religion & aux mœurs; elle eft l'époa que de la décadence de l'éducation publique; elle eft la fource de la corruption, de la perverfité & de la bêtife de la génération actuelle, qui n'a ,, puifé fon instruction que dans des ouvrages abfurdes & impies, réceptacles d'ordures & d'extravagances. Les Oratoriens & les Doctrinaires n'ont point profité de l'expulfion des Jéfuites, dont ils s'étoient réjouis; ils n'en ont eu que moins de fujets. La fuppreffion de ces deux con2 grégations qui déjà s'anéantiffoient par ellesmême, n'eft pas un grand mal

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2, publique.,,

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pour

l'éducation

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mination qu'elles exiftent, foit qu'elles ne comprennent qu'une feule maifon, foit qu'elles en comprennent plufieurs, font éteintes & fupprimées. Rien comme l'on voit, n'a été oublié dans le fatal décret; il ne laiffe plus à la Religion aucun de fes établiffemens, prive la jeuneffe de fes plus fages inftituteurs, ôte aux pauvres fes dernieres confolations, des bienfaitrices dont la tendre piété, l'héroïque charité ne méritoient pas un tel excès d'ingratitude. Tous ces coups portés à la Religion catholique, & qui couvriront le corps politique lui-même de plaies, parce que la perte des avantages qu'il trouvoit dans la plupart de ces établiffemens, eft irréparable, tout cela n'a éprouvé aucune réclamation. Voilà pourtant les hommes, qui crioient à la calomnie, lorfqu'on les dénonçoit comme des confpirateurs contre l'autel & le trône, ces novateurs qui proteftoient qu'ils ne vouloient point toucher à la foi de nos peres, qu'ils prétendoient au contraire conduire les François au bonheur & les ramener aux beaux jours de l'Eglife; les voilà ces hommes, qui choififfent par une abominable & facrilege dérifion, la femaine la plus fainte de l'année, le jour confacré à un des plus grands myfte res de la Religion, pour porter à ses miniftres le coup le plus fenfible. Leur habit même eft pour ces prétendus réformateurs un objet de haine; le coftume d'un Religieux rappelle fans ceffe à leurs confciences déchirées, leur inhumanité; la moindre trace de Religion les importune; ils veulent anéantir jufqu'au fou

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