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de fa pieufe mere, & armé du grand argument de l'expérience & des bons effets, que fes opérations rétrogrades & reftauratrices ont produits dans ce pays, en y ramenant l'ordre & la paix, & lui gagnant tous les cœurs de fes Tujets. (a)

ANGLETERRE.

LONDRES (le 18 Avril). Le comte d'Elgin eft parti d'ici le 30 Mars au foir pour Paris on le dit chargé d'une miffion parti culiere près du gouvernement de France. Les généraux, amiraux & les principaux officiers de terre & de mer fe trouvent plus fouvent dans le confeil-privé du roi. Milord Rawdon, le même qui fe diftingua en plufieurs occafions lors de la guerre contre les Américains, a de très-longues conférences avec S. M. Les

Vienne portoit: Ex quibufdam indiciis verendum, ne Francifcus Jofephinis principiis imbutus fit. Une autre du même homme, en date du 6 Avril, eft une efpece de rétractation de la précédente, & finit par donner des motifs d'une espérance très-fondée.

(a) Ce qui prouve finguliérement combien les Tofcans fouffroient péniblement les innovations reli-' gieufes, ce font moins les différens foulévemens, nommément celui de 1790, que la maniere dont ils en fubirent la punition. La régence, durant l'absence de Léopold, avoit été obligée de tout accorder. Après le traité de Reichenbach, le prince déploya fon reffentiment. Plus de fix cens, jugés les plus coupables, furent condamnés à différentes peines, la plupart aux galeres. On les a vu tous en prieres, chapeau bas, fur les chariots qui les tranfportoient, chantant des antiennes, des cantiques & des litanies ce qu'ils ne cefferent de faire jufqu'au lien de leur deftination.

D &

couriers de cabinet fe fuccedent rapidement. Toutes ces circonftances indiquent quelque grand événement prêt à éclorre, quoique couvert encore des ombres du mystere.

Un courier extraordinaire eft arrivé lé 12 au bureau de Milord Grenville, avec des dépêches de M. Walpole, envoyé de S. M. à la cour de Lisbonne. Elles contiennent des détails très-fatisfaifans relativement à la reine de Portugal. Le docteur Willis, non-feulement en conçoit les efpérances les plus flatteuses, mais encore un prompt rétablissement.

La nouvelle d'un combat qui a eu lieu dans la mer de l'Inde entre la frégate Françoise la Réfolution & la frégate Angloife le Phénix, a fait ici beaucoup de fenfation, & les effets publics ont éprouvé d'abord une baiffe confidérable. M. Pasker, eft venu de la part du commodore Cornwallis, pour en faire le rapport officiel. Il s'enfuit de ce rapport qu'en vertu des articles 26 & 27 du traité de commerce, les officiers Anglois ayant le droit de vifiter tout bâtiment François qu'ils pourroient foupçonner être chargé pour Tipoo, tirerent un coup de canon à poudre, pour faire fignal à la frégate Françoife d'amener; mais celle-ci y ayant répondu par deux bordées à boulets, la Phénix fe mit fous la poupe de l'ennemi, & le maltraita tant qu'il fe rendit. Des perfonnes prétendent qu'au moyen d'explications mutuelles qui ont eu lieu entre les deux cours, cette affaire n'aura pas de fuites férieufes.

Les dernieres nouvelles que la compagnie des Indes a reçues du préfident & confeil

de Tellichery, en date du 27 Décembre, portent que la durée des pluies n'a permis, que depuis peu, au général Abercrombie de tenter il quelques mouvemens. Le 15 Novembre, quitta Tellichery pour affembler l'armée près de Cananore; & après avoir été renforcé par les recrues arrivées d'Europe, & les détachemens de Bombay, après avoir mis garnifon à Tellichery & à Cananore, & avoir établi par les pof tes une chaîne de communication avec ces places, il a monté le Ghauts avec une armée compofée de 7 mille hommes effectifs, & a pris pofte au défilé de Pondicherum, où il fe trouve à préfent. Comme la faifon pour entrer en campagne est déjà commencée, nous fommes dans l'attente des événemens qui en feront la fuite.

Un corps de nos troupes commandé par le colonel Maxwel a pris d'affaut, le 31 du mois d'Octobre, le fort important de Pinagra, qui fe trouve fitué au pied des montagnes à l'entrée du défilé d'Alim Baddy. Ce fort fervoit de retraite à un corps confidérable de nos ennemis qui pilloit & détruifoit les diftricts qui s'étoient foumis à notre gouvernement. On s'eft fervi de la poudre qui y étoit, pour le faire fauter, afin qu'il ne puiffe plus fervir de retraite à ceux qui en fortoient pour ravager le pays, ALLEMAGNE,

VIENNE (le 19 Avril). Le roi a donné audience lei de ce mois au comte de Woyna, ambaffadeur de la république & du roi de Pologne; au comte de Schonfeld, ambaffadeur de l'électeur de Saxe, & au marquis

de Sbarra, miniftre de la république de Lucques, qui ont eu l'honneur de présenter leurs nouvelles lettres de créance à S. M.

Le 3, l'archiduc de Tofcane eft arrivé en cette capitale. Le général Pruffien de Bifchofswerder eft parti le lendemain pour Berlin, après avoir eu une longue audience du roi. Malgré le fyftême de notre cour de ne point donner d'ombrage à la France, & le defir qu'elle auroit même à préfent, où le chef de la maifon d'Autriche n'eft plus le chef de l'Empire, de faire rejaillir une partie des doléances de la France fur les puiffances avec lesquelles exifte le concert établi par Léopold, il paroît que la réponse du nouveau miniftere de France décidera une fois pour toutes la quef tion fi long-tems agitée de la paix ou de la guerre. En attendant, les troupes qui doivent fe rendre dans l'Autriche antérieure, continuent leur marche; ce font le feld-maréchal prince de Cobourg, & les généraux d'infanterie de Hohenlohe & d'Efterhazy qui les commanderont en chefs.

Le colonel Hiller eft parti pour la Croatie, afin d'y reprendre le travail de la nouvelle dé marcation avec les commiffaires Turcs, travail qui s'accrochera probablement encore, parce que les Turcs ne voudront pas céder le grand bois voifin de Bihacz, d'où cette fortereffe Turque tire fon approvifionnement pour le chauffage.

BERLIN (le 18 Avril). Le général-major baron de Bifchofswerder a paffé par ici ve. nant de Vienne pour fe rendre à Potzdam. Depuis fon retour, tout eft en activité, & l'on

fait des préparatifs qui annoncent qu'une partie de nos troupes ne tardera pas à fe mettre en marche. Les maréchaux, chârons & autres artifans néceffaires en pareille occafion travaillent nuit & jour. Il avoit été défendu, il y a quelque tems, aux régimens de recevoir dans leurs corps des François, des Alfaciens, des Lorrains, des Suiffes & des Allemands qui auroient été dans le fervice de France; cet ordre a été renouvellé hier à la parade, pour que les officiers aient foin d'examiner rigoureusement les recrues qui se préfenteront, afin qu'il ne fe gliffe point de factieux parmi nos troupes. Le roi a accordé au général François de Heymann une penfion annuelle de 2000 thalers.

BONN (le 21 Avril). Le grand nombre de docteurs & prófeffeurs tudefques qui quittent leurs chaires pour aller mener la bonne vie en France, n'a point encore fuffifamment purgé nos écoles. Le P. Hedderich continue à dogmatifer dans ce pays, où l'on apperçoit partout les fymptômes du mal françois. Nous apprenons auffi que l'abbé Schwind que l'électeur de Treves avoit envoyé dans l'univerfité de Göttingue pour y apprendre le droit, l'histoire eccléfiaftique (un archevêque envoyer fes fujets & fur-tout fes eccléfiaftiques apprendre l'hiftoire de l'Eglife dans une école luthérienne!) a depuis quelques mois abandonné l'univerfité de Treves où il étoit profeffeur, pour fe mettre à la fuite des fuyards de Bonn, de Mayence & de Saltzbourg. Il est un des vicaires de l'évêque intrus Brendel, & a fait

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