tentat fe continuent; mais il faut fe défier des divers rapports qu'on en fait, vu que rien n'eft jufqu'ici authentiquement connu dans le public. Il a été publié & affiché au nom du jeune roi, une proclamation, où S. M. exhorte le peuple à attendre le réfultat du procès qui s'inftruit relativement au complot. Neuf de ceux qui avoient été arrêtés fur le foupçon d'y avoir eu part, viennent d'être relâchés. L'ordre qui défend aux étrangers de quelque qualité qu'ils foient, de fortir du royaume, fubfifte encore dans toute fa rigueur, ainfi que celui qui défend à qui que ce foit de s'approcher de plus d'une lieue de la capitale. Ce dernier ordre fur-tout eft fi févere, que M. de Stael de Holstein, ambassadeur de notre cour près celle de France, qui.revient de Paris, a dû s'y conformer. Au milieu de toutes ces inquiétudes, la reine eft dangereufement malade; elle tombe d'une défaillance dans une autre, & les médecins n'annoncent que très-peu d'efpoir de lui conferver la vie. POLOGNE. VARSOVIE (le 4 Avril). Les feffions de la diete n'ont rien produit de remarquable. Le général prince Adam Czartoriski & le comte Mofztowski font de retour ici de leur miffion près la cour de Dresde. On n'en connoît pas encore le résultat. En attendant, on fe difpofe à célébrer le 3 Mai l'anniversaire de la révolution; il doit fe former vers ce tems près de cette capitale, un camp de 8 à 9 mille hommes. On annonce pour ce jour un évé nement inattendu, dont on ne dit point la nature. Quel que foit cet événement, les dernieres dépêches arrivées de Vienne, de Pétersbourg & de Berlin, ne font guere favorables à la nouvelle conftitution. On apprend qu'un corps de 30,000 Ruffes fe trouve près des frontieres de la Curlande. ESPAGNE. MADRID (le 3 Avril). La reine eft heureufement accouchée le 28 du mois dernier, d'un infant au château d'Aranjuez. Le roi, felon la coutume, a présenté le nouveau-né à tous les ambaffadeurs, grands d'Espagne, confeillers d'état, & autres perfonnes de diftinction raffemblées dans le fallon. L'infant a été baptifé par le cardinal patriarche des Indes. Son oncle l'infant Don Antoine, au nom & comme représentant le roi de Hongrie & de Bohême, l'a tenu fur les fonts - baptifmaux : il lui a donné pour premiers noms, PhilippeMarie-François &c. Sa majefté catholique, en action de graces de l'heureufe délivrance de la reine, a fait chanter le Te Deum dans fa chapelle. Il y a eu à cette occafion des réjouiffances & des illuminations pendant trois jours. La reine & l'infant fe portent très-bien. Don François de Monino, préfident du confeil des Indes, vient de partager la difgrace de fon frere le comte de Florida-Blanca, ayant reçu ordre de fe retirer dans la petite ville d'Ennies, avec perte de tous les appointemens dont il jouiffoit. M. le comte d'Aranda ne gar. dera pas fa place de fecrétaire-d'état au dé partement des affaires étrangeres, qui n'eft plus de la même importance, depuis qu'on a créé un confeil d'état. M. de Gardoqui, qui remplaçoit par interim M. de Lerena, a été nommé définitivement au miniftere des finances. La place de confeiller au confeil de la guerre, a été donnée à Don Michel d'Ottomendi, chef du bureau des affaires étrangeres; celui-ci fera remplacé par Don Dominique d'Yriarte, fecrétaire d'ambaffade à Paris. Les dernieres lettres, reçues des côtes d'Afrique, portent que les deux freres du roi de Maroc, mort des fuites de deux bleffures qu'il a reçues dans un combat, font à la tête de deux factions & fe difputent l'empire; mais que jufqu'à préfent ils n'en font pas venus aux mains. ITALIE. ROME (le 3 Avril). La plus heureuse tranquillité regne dans cette capitale. Les citoyens béniffent le regne de Pie VI, de ce que par fa prudence, fa fageffe & fa fermeté, il fait garantir fes états d'Italie de l'anarchie, qui de la France eft venue affliger le Comtat d'Avignon. Le gouvernement a chaffé derniérement deux prêtres de la communauté de l'églife françoife de S. Louis, comme mauvais fujets & propagandistes; il a fait auffi arrêter plufieurs François qui achetoient des armes. Il a compris qu'il n'y avoit que la fermeté qui pût fouftraire l'état aux fléaux de l'infubordination & de l'anarchie. On apprend de Malte la mort du procura teur teur Emo commandant de l'efcadre Véni- entre la princeffe, fille aînée de l'infant due L'état de la Religion devient de plus en plus floriffant non-feulement dans la Chine mais encore dans le royaume de Corée qui en dépend. Voici ce que nous apprennent les dernieres lettres de l'évêque de Pekin, prélat finguliérement recommandable par fes lumieres & fes vertus. » Il y a trois ans qu'un feig neur de la fuite de l'ambaffadeur du roi de Corée, qui doit tous les ans envoyer une ambaffade à l'empereur de la Chine, comme à fon feigneur fuzerain, entra dans l'églife catholique de Pekin, & frappé de notre Religion & de nos fonctions eccléfiaftiques, il fe fit inftruire & demanda le Baptême, qu'on lui donna. De retour en Corée, ce bon féculier, comme S. Frumence, commença à prêcher l'Evangile, & convertit beaucoup de monde. Le roi de la prefqu'ifle emprisonna plufieurs des nouveaux chrétiens; mais étonné de leur conftance, il les élargit; & l'année paffée un de ces chrétiens étant venu à Pekin avec l'ambaffade d'ufage, a demandé à l'évêque, des prêtres pour adminiftrer les facremens aux nouveaux convertis, qui fe montent déjà au nombre de 4000. » Une lettre de l'évêque latin de Scutari nous apprend un trait de courage & de vertu, qui Tome 11. tre la par les circonftances qui l'accompagnerent, le rend tout autrement intéreffant que tout ce que l'hiftoire rapporte en ce genre. » Un chré tien tua dans une querelle un homme de la * fi connu cour du fameux bacha de Scutari *, & prit par fa ré- la fuite. Le bacha furieux emprifonna & convolte con- damna à la mort le frere coupable. Celui-ci en ayant appris la nouvelle, alla fe confeffer; Porte, fa donna enfuite un repas à fes parens pour cruauté & l'efpece prendre congé d'eux & fe préfenta au bacha, d'indé- qui en élargiffant l'innocent, fit pendre le coupendance pable qui mourut avec une tranquillité & une qu'il s'eft férénité d'ame dont la foule de fpectateurs qui procurée. étoient accourus, fut profondément affectée. * 610 FLORENCE (le 15 Avril). Depuis le départ du Grand-Duc qui s'eft rendu à Vienne, le gouvernement continue à frapper fur toutes les nouveautés introduites fous le dernier reg15 Déc. ne *; & on efpere de réduire bientôt, ou de 1791, P. voir partir quelques curés qui dans le diocese de Pistoie continuent à tenir aux erreurs de la petite églife. Le nouvel évêque de Pistoie a été reçu dans fon évêché avec des applau diffemens & des réjouiffances incroyables. Som prédéceffeur qui depuis fon abdication confervoit encore une espece d'existence, ne reftera probablement pas en Toscane. On a remarqué que le caractere de notre fouverain s'étoit développé d'une maniere plus libre & plus complette depuis la mort de fon pere, & l'on ne doute pas qu'il n'amene ou qu'il ne confirme le roi de Hongrie dans les mêmes fentimens (a), aidé fur-tout des confeils (a) Une lettre du 15 Mars que j'ai reçue de |