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Ottomane notifié & déclaré aux armées & Aottes de fa hauteffe, & le principal plénipotentiaire & confeiller-privé effectif de l'empire Ruffe déclarera & notifiera aux commandans en chef des armées & flottes de fon augufte fouveraine, que la paix & l'amitié entre ces deux grands empires fe trouvent parfaitement rétablies.

X. Afin que la paix heureuse & la fincere amitié entre les deux empires foient plus folidement affermies, on s'enverra de part & d'autre des ambaffadeurs extraordinaires, vers le tems que les deux cours fe fixeront réciproquement. Les ambaffadeurs refpectifs feront reçus fur les frontieres & traités avec une étiquette femblable & avec les mêmes cérémonies & honneur qui s'obfervent dans les ambaffades mutuelles entre les puiffances les plus honorées des deux empires par rapport à leur amitié. Il fera, d'un côté & d'autre, par lefdits ambasfadeurs envoyé des préfens conformes à la dignité de leurs empires.

XI. Après la conclufion du traité de paix entre les deux empires puiffans, & l'échange des ratifications refpectives des fouverains, les troupes im- · périales Ruffes, & la flotte à Racues, procéderont à l'évacuation du territoire de l'empire Ottoman. Mais comme il eft néceffaire de combiner cette retraite des troupes & de la flotte à Racues avec les circonftances de la faifon, les deux hautes parties contractantes font convenues d'en fixer le terme péremptoire au quinze du mois de Mai, vieux ftyle, de l'année prochaine 1792, auquel tems toutes les troupes de S. M. défileront le long de la rive gauche du Niefter, & la flotte entiere à Racues Le retirera tout-à-fait des embouchures du Danube. Auffi long-tems que les troupes impériales de Ruffie fe trouveront dans les contrées & fortereffes conquifes, qui en vertu du traité de paix doivent être reftituées à la Porte Ottomane, l'adminiftration relative à l'ordre des chofes reftera telle qu'elle l'eft

actuellement fous leur domination, & la Porte Ottomane ne s'en mêlera d'aucune maniere, jufqu'au moment de la retraite de toutes ces troupes; & jufqu'au dernier jour de leur fortie, les troupes impériales Ruffes recevront dans ces contrées les provifions de bouche & autres fur le pied qu'on leur en fournit présentement.

XII. Le grand-vifir, au nom de la fublime Porte Ottomane, & le confeiller-privé effectif & plénipotentiaire fuprême, de la part de fa majefté impériale autocratrice de toutes les Ruffies, après la fignature du préfent traité de paix par les plénipotentiaires refpectifs, feront échanger à Jaffy, par les mains des mêmes plénipotentiaires, dans le terme de quinze jours, ou plutôt s'il eft poffible, les actes réciproques, qui porteront la conclufion de cette œuvre heureufe & falutaire au point de perfection defiré.

XIII. Le préfent traité de paix perpétuelle, heureusement arrêté, fera confirmé, de la part de fa majefté impériale le grand-feigneur, & de la part de fa majefté l'impératrice de toutes les Ruffies, par des ratifications folemnelles, fignées de leurs propres mains lefquelles ratifications doivent être échangées par les plénipotentiaires refpectifs, là où le traité a été conclu, dans l'espace de cinq femaiou plutôt s'il eft poffible, à dater du jour de la conclufion de ce traité, que les plénipotentiaires refpectifs ont figné, affirmé par leurs cachets & échangé l'un contre l'autre.

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Fait à Jaffy, le 29 Décembre 1791, vieux style, & 1206 du 15 de la lune Zemaziel Evel.

SUEDE.

STOCKHOLM (le 3 Avril). Les espérances qu'on nous avoit données, & qu'on avoit affecté de répéter dans tous les papiers publics, que la vie du roi étoit hors de danger, ont

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été trompeufes fa majefté a fuccombé le 29 du mois dernier aux fuites infaillibles de la grieve bleffure qu'elle avoit reçue dans la nuit du 16 au 17. Le prince royal, fon fils unique, lui a fuccédé : il a d'abord reçu les hommages de tous les départemens du gouvernement & de la municipalité : & il a prêté lui-même ferment, nommément fur l'Acte de fureté. Comme ce prince eft mineur, étant né le 1 Novembre 1778, le duc de Sudermanie en eft, en vertu d'une disposition du teftament du roi, feul tuteur, & feul revêtu de la régence du royaume en fon nom, avec un pouvoir illimité. La majorité du jeune roi a été fixée à fa dix-huitieme année accomplie. Tous les dignitaires, employés ou officiers, ont été confirmés dans leurs poftes refpectifs. Le baron d'Armfeldt a été nommé gouverneur de la capitale, où l'on n'eft pas fans inquiétude & fans crainte d'une révolution (a). Par

(a) Plufieurs circonftances non encore connues touchant ce qui s'eft paffé à la diete de Gefle, & peu avant fa clôture, font croire que l'efprit de mécontentement, qui dans les dernieres années du regue de Guftave lui a caufé tant de traverfes & d'embarras, bien loin de s'éteindre, a pris de nouvelles forces & s'eft manifefté en plein durant la tenue des Etats. L'on affure que l'oppofition, que formoit la trèsgrande majorité dans l'ordre de la nobleffe, avoit réuffi à attirer dans fon parti, non-feulement plufieurs députés du clergé & de la bourgeoifie, mais auffi l'ordre entier des paysans. Cet ordre avoit en conféquence réfolu, non moins que l'ordre équeftre, de communiquer au public le protocole de fes

il

une ordonnance, en date du 28 Mars, a été défendu aux habitans de Stockholm de tenir de la poudre dans leurs maifons, beaucoup moins d'en vendre &c. Le roi a con

délibérations l'impreffion en avoit déjà été commencée; mais des mefures rigoureufes, pour empêcher que l'état des finances ne fût divulgué par la liberté de la preffe, furent prifes, en même tems que la publication defdits protocoles fut interrompue. Il paroît du moins certain que le roi ne trouva plus pour les propofitions qu'il fit vers la fin de la diete, la même promptitude & bonne volonté, avec laquelle les premieres avoient été reques S. M. avoit defiré, dit-on, qu'il lui fût accordé 19. une quantité annuelle de 1,100,000 onces d'argent en nature; 2°. le payement des dettes, qu'elle avoit été obligée de contracter en fon particulier; 3. l'ouverture d'un emprunt de 10 millions. De ces trois demandes, ajoute-t-on, il ne fut accordé qu'un emprunt de 3 millions. L'on rapporte auffi, que le roi auroit eu le deffein de faire paffer le fameux acte de fureté comme unre loi fondamentale de la Suede; mais que le maréchal de la diete, comte de Ruuth, en avoit diffuadé S. M. avec beaucoup de zele, en lui repréfentant, qu'une telle propofition entraîneroit les plus grandes difficultés & mettroit la vie de fes plus fideles ferviteurs dans le danger le plus imminent. Le comte de Ruuth, dit-on, honoré de la confiance de fon maître, & placé par lui à la tête de fon ordre & des Etats, fut néanmoins fi bien fe ménager dans ce pofte difficile, que l'oppofition elle-même fut très-contente de fa conduite; & qu'à la clôture de la diete une députation nombreufe de la nobleffe, ayant le comte de Brahé à sa tête, alla le remercier du zele & de l'amour de la patrie dont il avoit donné des preuves dans fa place; lui

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fervé fa présence d'efprit jufqu'au dernier moment. Son corps a été ouvert; mais il n'a pas été embaumé, S. M. ayant défendu qu'on lui fît cette opération. Guftave III, né le 24 Jan. vier 1746, avoit accompli la 46me. année de fon âge & fon regne de 21 ans fera époque dans l'hiftoire de Suede. Ce fera à la pofterité à apprécier fes talens extraordinaires, fes vertus & fes foibleffes, à juger le bien qu'il a fait & le mal qu'on lui attribue, à balancer enfin fes fuccès & fes malheurs. Voyez cideffous l'article des Morts.

Les recherches contre les complices de l'at

demandant en même tems fon portrait, pour le mettre à la falle de l'ordre équeftre au nombre de ceux des patriotes, qui avoient bien mérité de la nobleffe & de la Suede. Ce fut dans le même efprit, que cet ordre avoit réfolu de faire frapper une médaille en l'honneur du comte Axel Ferfen, qui ceffa de préfider la direction de l'ordre équestre au mois de Janvier dernier, & que le comte de Brahé, ainfi que le baron de Manderström, furent nommés membres de cette direction. Les fentimens que la bourgeoifie de Gefle manifefta, lui mériterent également des remercîmens de la part de la chambre des nobles, qui, en témoignage ultérieur de fa reconnoiffance, fit une gratification confidérable à l'hôpital de Gefle, où ils avoient tenu leurs féances. Enfin, ajoute-t-on, des fymptômes alarmans, qu'on crut remarquer dans la capitale même, & dont le roi fut informé par plufieurs couriers fucceffifs, engagerent fa majefté à précipiter la clôture de la diete & à revenir à Stockholm même avant que les décrets, qui y avoient été pris, euf fent été mis au net & fignés fuivant l'usage.

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