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damnée à parcourir. Vous n'avez pu » ceffer d'être catholiques, fans ceffer d'être François, & ces fanatiques conducteurs qui vous égarent, ces nouveaux Juliens, il a fallu qu'ils fe plongeaffent dans votre fang » pour effacer en eux le caractere de la Re» ligion (a). Que fi nous tremblons, » fi nous vous preffons à tems & à contre»tems, ô nos freres, ô nos concitoyens; c'est

pour l'intérêt de vos familles, de votre pof

térité, pour tout ce que vous avez fans "doute de plus cher, pour vous-mêmes, pour » vous bien plus encore que pour la Reli"gion; pour vous & non pour nous-mêmes. "Non, la Religion n'a pas befoin de nos » foibles efforts; fa profpérité, a dit un maMontef-" giftrat célebre, eft différente de celle des empires. Les humiliations de l'Eglife, Grandeur fa difperfion, la deftruction de fes tem

quien,

& décad.

des Rom. chap. 22.

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(a) Vers le tems auquel Julien commença de profeffer l'idolâtrie, il entreprit d'effacer en lui le caractere de chrétien. On croit qu'il fe fervit de la ridicule & dégoûtante cérémonie du taurobole, inconnue dans l'ancien paganisme, &, ce femble, uniquement inventée pour l'opposer au baptême des chrétiens. Celui qui devoit être régénéré de la forte, defcendoit dans une efpece de foffe ou de puits; là au travers d'un couvercle percé de trous, fur lequel on égorgeoit un taureau ou un belier, le profélyte recevoit le fang de la victime fur toutes les parties de fon corps. Il en fortoit dans l'état qu'on peut s'imaginer, mais auffi, c'étoit, difoient les païens, un nouvel homme. Il n'y avoit point de fouillure qui fût à l'épreuve d'une expiation fi puiffante. Vie de Jul. par la Bletter. p. 178.

ples, les Jouffrances de fes martyrs font le tems de fa gloire ; & lorfqu'aux yeux » du monde elle paroit triompher, c'est le

lugent.

tems ordinaire de fon abaiffement. Et nous: » Ah! quand les voies de Sion font dans le » deuil, quand l'Eglife eft captive, quels inte- Via Sion "rêts perfonnels pourroient occuper nos ames? » Pourquoi craindrions-nous de fouffrir lorf"qu'au prix de quelques fouffrances nous pou

vons acquérir un poids immenfe de gloire ? Le falut coûte bien plus cher en tems de paix; coupables, nos fautes feroient expiées dans "un baptême fanglant. Frappez-nous; mais " auffi croyez-en des témoins qui fe laiffent » égorger, vous n'êtes encore qu'au prélude

des maux qui vous attendent. La licence » n'ayant plus de frein, il faut, pour nous » borner ici à ceux de l'ame, qui bientôt » entraînent tout le refte il faut que les fectes fe multiplient, que l'opiniâtreté foit

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Thren. I.

invincible; & que tandis que les uns ne Boffuet, cefferont de difputer ou donneront leurs Or. funch. reveries pour infpirations; les autres, de la reine fatigués de tant de folles vifions, & ne d'Angl. pouvant plus reconnoître la majesté de

la Religion déchirée par tant de jectes, » aillent enfin chercher un repos funefte & » une entiere indépendance dans l'indiffe rence des religions, ou dans l'athéisme.

Ce qui ajoute à l'intérêt de cet ouvrage c'eft le but fecondaire de l'auteur, qui en inftruifant le public, s'eft propofé au même tems de faire de fon livre un moyen, de fecourir les prêtres non-affermentés dont plu

fieurs font dans le plus extrême befoin; il confacre à cette fin l'édition toute entiere compofée de 3000 exemplaires.

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La Vie du feld-maréchal baron de Laudon, traduite de l'allemand &c, de M. Pezzl par le baron de Bock. Nouvelle édition, revue corrigée & augmentée par un ancien officier. A Vienne, 1792.

L

SECOND

EXTRAIT.

Es réflexions que fait l'hiftorien fur le réfultat de la guerre de 7 ans, & qui forment le 19e chapitre de fon ouvrage, font le fruit d'un efprit jufte, & expliquent assez bien, fuivant les regles de la logique humaine, le myftere de tactique ou de politique par lequel Frederic échappa à fes nombreux & très-puiffans ennemis, fans perdre un pied de terrain. Plus d'un fpéculateur s'eft exercé dans le tems & depuis fur cet objet. Voici ce qu'en dit notre auteur. Il faut convenir, que cette » importante guerre avoit pris une tournure "toute différente de celle, dont on s'étoit "flatté dans les commencemens. On ne de

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voit pas imaginer qu'il feroit poffible à Fréderic, de réfifter à la puiffante ligue de " fes ennemis; il leur réfifta cependant : » preuve non équivoque de fon génie & de »fes grands talens pour la guerre. »

"La chofe ne paroîtra point toutefois auffi incompréhenfible, fi on veut l'examiner

fans prévention. Fréderic avoit certainement beaucoup d'ennemis en tête; mais, à l'ex»ception des Autrichiens, aucun d'eux ne » lui faifoit la guerre avec une certaine cha» leur. Il n'eut à combattre qu'une feule fois "les François; leur ardeur inconfidérée fit

leur perte dans un inftant ils furent mis » en fuite. Une armée d'Empire ne fera & ne » peut jamais rien faire de confidérable, com» me favent tous ceux qui connoiffent la » constitution germanique. Le peu d'avanta

ges, que remporta l'armée d'Empire, elle le doit vraisemblablement aux troupes au» trichiennes, qui faifoient corps avec elle. » Les Suédois de leur côté avoient été pro»voqués à la guerre par les fubfides des François; mais, fuivant toute apparence, la fœur de Fréderic, reine de Suede, rendit de bons offices à fon frere. Comment eûtil, fans cela, été poffible, que quelques bataillons de milices & 6 efcadrons de huf"fards les euffent continuellement retenus » dans un coin de la Poméranie? Les Ruffes

étoient braves, & très-difpofés à en bien » agir envers leurs alliés; néanmoins dès la " premiere campagne, on fut étonné de la " conduite de quelques-uns de leurs géné» raux. Les difpofitions de Pierre III étoient » connues; & quand elles n'auroient pas eu

pofitivement d'influence fur l'armée, elles » ne pouvoient que nuire infiniment à la caufe

commune. Pierre III ne fe vanta-t-il pas, » après fon avénement au trône, d'avoir tou»jours à tems révélé à fon maître (nom qu'il

» donnoit à Fréderic) toutes les réfolutions » du cabinet de Pétersbourg. »

» Il y avoit enfin une différence très-remarquable entre les armées autrichiennes & pruffiennes. Fréderic commandoit en per"fonne les fiennes, avantage inappréciable "pour une armée; le plus grand général ne "pouvant ni n'ofant rifquer, ce qu'un roi, » qui eft à la tête de fes troupes, se permet

fans la moindre difficulté. Celui-ci n'a point » d'instruction à attendre, ni d'excuses à al» léguer, quand, après avoir saisi le moment » qui lui a paru favorable, il eft cependant battu. Qui auroit ofé blamer le roi; qui auroit ofé lui demander compte de fa conduite, lorfqu'il conduifit vifiblement fon in» fanterie à la boucherie, comme à la bataille de Prague? lorfqu'avec une poignée » de foldats haraffés, il attaqua une armée » trois fois plus forte que la fienne, comme » à Leuthen? quand il fit une tentative rui"neufe & inutile, comme à Olmütz? quand » pour avoir voulu remporter une victoire » complette, il fut complettement battu : té» moin l'affaire de Kunersdorff? lorfqu'il ex

pofoit inutilement des armées, comme à "Maxen & à Landshut? Il étoit le maître;

la victoire ou la défaite ne regardoit que » lui il falloit fe taire & obéir aveuglé

»ment. »

» Les armées autrichiennes avoient des gé"néraux, mais ils ne vivoient pas toujours » dans une parfaite intelligence. Les altercations du prince Charles & du feld-maréchal

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