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galité, leur Religion leur apprend à pratiquer l'humilité, qui les abaiffe plus que tous les décrets de l'affemblée ensemble ne peuvent faire; parce qu'elle leur enfeigne la fimplicité, la modeftie, l'abnégation d'eux"mêmes. La Religion chrétienne en humi»liant tout orgueil, en déracinant du cœur. » de l'homme toute ambition, en rendant

tous les hommes freres en Jefus-Chrift, en » leur donnant le même pere, droit au même » héritage, a établi la vraie égalité, & il n'y "en a point qui lui foit comparable. C'eft auffi » à cette même Religion que nous devons la » liberté véritable, la liberté du cœur & des "paffions, l'empire fur nous-mêmes, & la joie » d'une bonne confcience.

,, L'affemblée nous éleve fort haut la liberté » qu'elle nous offre; mais depuis qu'elle nous

en a fait préfent, en quel fens fommes-nous devenus libres? Des factieux fe font élevés » dans toutes les villes & jufques dans les » campagnes, qui fubjuguent les opinions, & prétendent faire adopter les leurs. Les fecrets les plus facrés ne font plus inviolables; le commerce des lettres n'eft pas fûr. » On ne peut voyager fans paffe-ports, fouvent ils font infuffifans pour vous délivrer » des mains des malveillans qu'on trouve par» tout fur fa route. Pour des crimes imaginaires on vous confine dans des prifons, où on vous fait fubir des fupplices honteux. La liberté, fi elle exifte, eft pour les méchans feuls.

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Les avantages que l'affemblée.nationale

nous avoit promis, elle ne nous les a pas » procurés; elle nous a enlevé les biens que » nous poffédions; elle exige, avec les enne"mis de notre Religion, des fermens que » nous ne pouvons prêter qu'elle réprime donc la violence qu'on fait à notre con» fcience & à notre foi, fi elle veut voir les » François foumis à fes décrets: qu'elle ne trouve pas mauvais que des pontifes qui ,, peuvent faire remonter leur fucceffion juf,, qu'aux Apôtres, & par eux jufqu'à JesusChrift, refufent de reconnoître, comme fucceffeurs de l'autorité de Jesus-Chrift, les écoffois maçons qui voudroient enlever leur caractere avec leur miffion.

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Epiftola familiaris ad perilluftrem dominum F. X. D. F. de ad R. P. Natalis Alexandri Ord. Præd. Hiftoriam ecclefiafticam Supple mento, ejufque tomo fecundo continente Supplementi partem fecundam. A Plaifan ce, chez Gofwin Remondini, 1792, in-4to. de 7. pag.

IGNORE fi ces lettres initiales me défignent, d'autant plus que je ne me fouviens pas d'avoir entretenu qui que ce foit fur l'objet dont il eft ici queftion; mais dans tous les cas l'auteur mérite ma reconnoiffance pour m'avoir mis en état de prévenir le public contre la très-mauvaise Continuation d'un ouvrage estimable. Depuis long-tems les éditions,

les réimpreffions, les continuations font de venues un moyen de répandre le poifon de l'erreur avec les livres les plus excellens, tantôt en les altérant en eux-mêmes, tantôt en leur affociant & mêlant à leur enfemble des vues tout-à-fait oppofées à celles des premiers auteurs (a). Et fans nous arrêter à ce que font devenues les œuvres du grand Boffuet entre les mains des fanatiques de la rue des Blancs-manteaux, & tant d'autres ouvrages célebres que l'héréfie ou l'impiété font parvenues à marquer de leur fceau; n'avonsnous pas vu un Fabre, un Rondet s'acharner fur l'Hiftoire eccléfiaftique de Fleury, & l'allonger par une continuation digne des frénétiques de S. Médard? Or c'eft-là précisément ce qui arrive aujourd'hui à celle du P. NoëlAlexandre. Eftimée par fon impartialité, la bonne critique, l'ordre & la fage difcuffion des matieres, cette hiftoire effuye aujourd'hui l'atteinte d'une Continuation. Celui qui a paru dans l'arene pour lui porter ce coup funefte, eft un pauvre compilateur, dont la fcience a été puisée en grande partie dans les Lettres que Caraccioli a fabriquées au Pape Ganganelli, & dans quelques brochures, gazettes pamflets &c, qui ont paru vers ce tems-là; il paroît qu'en général le but du rapfodiste a été moins de faire un Appendix d'hiftoire, que de déchirer une fociété célebre, en élevant jufqu'aux nues celui qui a donné la fanction à

(a) I Nov. 1791, p. 348. - Art. FLEURY, HENAUT, dans le Dict. hift. t. 4. 1792.

fon anéantiffement. L'auteur de l'Epiftola familiaris met au grand jour tantôt fes omif fions malignes & pleines de vues finiftres, tantôt fes calomnies formelles, tantôt fa mauvaise foi en plus d'un genre d'affertions, tantôt fon ignorance affectée en cértains points, mais très-involontaire & très-épaiffe dans d'autres (a). Il lui indique les livres qu'il auroit dû confulter, & cherche à piquer d'honneur fon efprit embourbé, par l'aiguillon du ridiculum acri, par des applications poétiques ingénieufes, & tout ce qui peut ramener un écrivain pour lequel la vérité, la décence, & la juftice feroit encore quelque chofe,

Le Théologien Philofophe, par M. Pontallier. A Paris, chez Guillot; à Bruxelles, chez Le Charlier, 2 vol. in-8vo,

L

TROISIEME

EXTRAIT.

A politique occupe aujourd'hui tellement les têtes, qu'on voit paroître très-peu d'ouvrages qui aient un but différent, & que la littérature eft en quelque forte abandonnée. D'ailleurs le peu de livres qui paroiffent en ce dernier genre, font fi peu affortis aux principes de la plupart de mes lecteurs, que lorfqu'il en paroît

(a) Croiroit-on que cela va jufqu'à nous citer un éloge de Clément XIV, par Antoine Sandini, mort 23 ans avant ce Pape? Ce fera fans doute auffi une Continuation,

un qui remplit leurs vues, il doit m'être permis d'y revenir plufieurs fois. Voici encore quelques-unes de ces réflexions ifolées & éparses, qui réuniffent le laconifme à la plus grande jufteffe.

»Le libertin eft un lâche, qui perdant toutà-fait de vue le terme heureux de fon voyage, s'oublie honteufement à l'auberge qu'il » trouve fur fa route, s'y ruine, comme un fot, en mauvaife chere; & chargé de det»tes, finit par être livré à la juftice la plus » févere. »

» En même tems qu'on fronde le célibat » religieux, pourquoi fe dégoûte-t-on du mariage? Seroit-ce parce que l'un & l'autre a »des devoirs également contraires ou oné» reux au célibat libre des adeptes de la phi» lofophie? »

» La calomnie est un monftre né fans yeux » & fans oreilles, mais avec cent langues pour divulguer ce qu'il n'a pu ni voir ni entendre. »

» L'humanité, la bienfaifance, & tant d'autres vertus d'éclat & de parade, ont pu ho»norer des philofophes, & illuftrer des ido» lâtres. Mais un chrétien peut encore être » très-coupable, en faisant tout ce qui auroit autrefois mérité la gloire de l'apothéofe. » Cette derniere réflexion dans fa fimplicité apparente, renferme un des grands motifs de crédibilité puisés dans l'évidence intrinfeque du chriflianifme, comme parle milord Jenins, & comme porte le titre de fon excellent livre. Tous les philofophes anciens & modernes

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