HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE 1. JUIN 1792. Neque te ut miretur turba, labores, Contentus paucis leftoribus, Hor. Sat. 10, l. 1. A MAESTRICHT, Chez FRANÇOIS CAVELIER, Imprimeur. Libraire, fur le Vrythof. Et fe trouve à LIEGE, Chez J. F. BASSOM PIERRE, Imprimeur.. Libraire, vis-à-vis Ste. Catherine. 153 JOURNAL HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE. 1. Juin 1792. NOUVELLES LITTÉRAIRES. Recherches hiftoriques fur la connoiffance, que les anciens avoient de l'Inde, & fur les progrès du commerce avec cette partie du monde avant la découverte du paffage par le Cap de Bonne-Ejpérance, fuivies d'un Appendix, contenant des obfervations fur l'état civil des loix, & formalités judiciaires, les arts, les fciences & les inftitutions religieufes des Indiens; traduit de l'Anglois de William Robertfon. A Amfterdam, chez Changuion, 1792. 2 vol. in-12. Prix, 2. fl. de Hollande.. Left des gens pour lefquels un premier fuc M. Robertfon. Son hiftoire de Charles-Quint lui ayant fait une réputation à plufieurs égards méritée (a), que l'Hiftoire de l'Amérique a bien affoiblie jufqu'à un certain point, mais non pas anéantie (b), il a pris un effor de liberté & de confiance qui ne va pas du tout avec l'hiftoire. Non content de la raifonner, ce qui eft aujourd'hui la grande affaire, il a cru devoir la créer, & fur-tout la rendre faillante par des paradoxes, des affertions neuves & fingulieres auxquelles perfonne avant lui n'avoit fongé: & c'est dans cette vue qu'il a écrit ces Recher (a) On y trouve, comme je l'ai dit ailleurs, l'épidémie du philofophifme réunie à des réflexions fages, folides, impartiales & profondes: affemblage monftrueux, mais devenu aujourd'hui fi commun qu'on le prend quelquefois pour un tout bien afforti, parce que les difparates, à force de s'allier dansle même fujet, femblent perdre leur oppofition naturelle. (b) Il y a, comme dans l'autre, des difcuf-. fions dont le difcernement, la modération, l'impartialité font le caractere; mais en même tems des fauffetés révoltantes, des affertions démenties par tous les voyageurs, des paralogifmes qui fe brifent contre les premieres regles de la logique, des contradictions faillantes, des allures d'athéifme indignes du vrai philofophe, une envie puérile de s'élever fur tous ceux qui ont écrit fur cette grande région avant lui, même fur des témoins oculaires & de la plus grande probité comme du jugement le plus fûr. J'ai montré tout cela dans une longue analyfe où je n'ai allégué d'autres preuves que celles que l'auteur lui-même m'a fournies. Voyez le Journ. du 15 Mars 1778, p. 393. 15 Sept. 1778, p. 104. L'abbé Mably ne l'a pas jugé plus favorablement que moi, 1 Sept. 1783, P. 17. 1 de la Nat. n.67,édit. de 1792. ches hiftoriques fur l'Inde. C'eft fur-tout dans fon Appendix qu'il fe livre à l'enthoufiafme des découvertes, & qu'il fait affaut de féeries avec M. Bailly. Celui-ci a trouvé l'origine de toutes les fciences, le germe de toutes les idées religieufes, l'invention de tous les arts, chez un vieux peuple de la Sibérie placé à Selinginskoy *. M. Robertfon va dé-* Voyez couvrir tout cela dans la partie toute oppofée l'Examen de cette même Afie. Il n'afpire qu'à obtenir des Epoq. la poffeffion de tout ce que le tems, comme il s'exprime, a respecté de la philofophie & des inventions des peuples de l'orient les plus anciennement & les mieux civilifés ; & après avoir affirmé que Benarès (a) a été de tems immémorial l'Athenes de l'Inde, la réfidence des Bramines les plus éclairés, & en même tems le féjour de la fcience & de la littérature, il continue de la forte : » C'est avec des avantages particuliers que la Grande-Bretagne peut s'engager dans cette louable entreprise. Benares eft fous fa domi» nation; la confiance des Bramines (b) a été » obtenue au point de les rendre communicatifs; quelques-uns de nos concitoyens font (a) Ville de l'Indostan, fur les bords du Gange, où les Bramines, efpece de philofophes, donnent leurs leçons. C'eft la principale école indigene de l'Inde. (b) Bramines, Brames, Brachmanes, cafte ou tribu indienne, qui fe mêle de fciences & les cultive à fa maniere. |