ferme, les demandes diverfes de cette priere célefte que le grand Légiflateur a prefcrite comme le vrai modele d'oraison. Les vérités les plus étroitement liées au bonheur de l'homme, vérités communes parmi les chrétiens, & qui parlà n'en font que plus précieufes, y font développées, d'une maniere fimple & touchante, qui les fait aimer par la clarté & la beauté convaincante avec laquelle elles fe préfentent. Le ftyle eft naturel & dépouillé de cette néologie, qui rend inutiles & rebutans, pour le gros des chrétiens, les meilleurs ouvrages quand les auteurs préferent le langage de mode à celui dans lequel les peres ont inftruit leurs enfans (a). Les vains travaux d'oififs académiciens ont bien vitement altéré une langue par de prétendues améliorations & des beautés factices mais l'ancien idiome demeure parmi le peuple, qui n'apprend pas à parler dans les petites brochures du jour, & c'eft dans le lan

(a) Des eccléfiaftiques & des curés de ma con noiffance, prurientes auribus, ont tranfporté ce néotérifme dans leurs fermons & dans leurs catéchifmes. Quelques-uns ont eu l'audace de rejetter les noms propres tels qu'ils font dans la Vulgate, pour adopter la maniere de quelques ignares hermeneutes *. Pasteurs indignes, qui aiment mieux n'être pas entendus de leurs ouailles, que de paroître nouveaux dans ces puériles innovations. Le bon peuple étonné de ces mots infolites, croit affifter à un prêche, & ne reconnoît plus l'ancienne doctrine énoncée par des paroles inconnues. Væ paftoribus Ifraël!

• 1 Déc.

1780, p.486. 15 Octob 1784, p. 267,

gage qu'il comprend, qu'il doit apprendre ce qu'il lui importe de favoir.

Journal des Saints, ou Méditations pour tous les jours de l'année, avec un abrégé de la vie de chaque Saint, par le P. JeanEtienne Groffez. Bruxelles, chez Le Charlier, 3 vol. in-12. Prix 9 liv. avec fig.

CE

ES Méditations ont été autrefois très-recherchées; elles font rédigées d'une maniere à être particuliérement utiles à la claffe commune des fideles; les eftampes dont elles font ornées, fans être d'un burin délicat, ajoutent la leçon des yeux à celle des paroles; & cette réunion eft pour bien des efprits de la plus grande efficace. On croyoit qu'elles n'exiftoient plus dans le commerce de librairie; les perfonnes qui en avoient fait long-tems l'aliment de leur piété, les regrettoient, ne pouvant remplacer leur exemplaire ufé & dégradé par un autre. On vient d'en découvrir un dépôt qui fervira à les fatisfaire.

NOUVELLES

NOUVELLES POLITIQUES.

AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE.

HILADELPHIE (le 20 Janvier). A la fa tale nouvelle d'une feconde victoire remportée par les Indiens fur nos troupes, qui ont perdu 40 officiers & 1000 hommes, a fuccédé peu après une autre non moins funefte, que les Indiens s'étoient emparés des forts importans de Jefferson & de Franklin, où il s'eft fait un carnage affreux. Après la prife de ces deux forts, un gros corps de Sauvages s'étoit porté fur Allighani, endroit pour lequel on craignoit beaucoup, vu le foible état de défenfe où il fe trouve. Ces victoires rapides des Indiens ligués, & la défaite des troupes confédérées avoient répandu la confternation dans les Etats-Unis; mais nous apprenons que le général Scott a pris la revanche avec avantage. On affure qu'après la prise des poftes de Franklin & de Jefferfon, le général ayant raffemblé les volontaires de Kentucky & environ 700 hommes de troupes réglées à Pitsbourg, leur fit faire une marche forcée, tomba fur les Indiens à l'improviste, au moment où ils étoient occupés à ramaffer le butin qu'ils avoient fait, les défit entiérement, & que les prifonniers au nombre de 300 furent mis à Tome II. H

mort le même jour fur le champ de bataille. Le général Scott fe préparoit à aller attaquer les Sauvages au fort Jefferson, lorfque ces nouvelles nous font parvenues; nous en attendons la confirmation.

TUR QUI E.

CONSTANTINOPLE (le 25 Mars). Le fultan a jugé à propos de faire un changement dans la premiere charge de l'empire après celle du grand- vifir. Le capitan bacha qui s'étoit fait une réputation affez avantageufe dans la derniere guerre, vient de perdre inopinément fa place. On ignore encore le motif de fa difgrace. Celui qui lui fuccede eft un certain Cufchiuck - Huffeim, jeune homme de 30 ans.

La ratification du traité de paix avec la Ruffic eft arrivée; l'on attend d'un moment à l'autre le chargé d'affaires de l'impératrice qui précédera l'ambaffadeur, & l'on eft occupé à faire les préparatifs néceffaires au palais Ruffe, aux fraix de la Porte, pour l'y recevoir. Le grandvifir a congédié toute fon armée, à l'exception d'un petit corps de janiffaires & d'un détachement de fpahis; il a enfin reçu l'ordre de retourner ici avec l'étendard de Mahomet, quoique fes ennemis fe foient donné beaucoup de mouvemens pour s'opposer à fon retour qui aura lieu dans quelques femaines. Plufieurs mirzas des Tartares ayant pillé & brûlé quantité de villages de la Servie, en revenant de l'armée, le gouverneur d'Andrinople a reçu ordre de S. H. de marcher contre eux & de

faire pendre tous les coupables fans diftinction de rang.

Le comte Potocki, ambaffadeur du roi & de la république de Pologne, femble ne pas avoir perdu l'espoir de la conclufion d'un traité de commerce entre l'empire Ottoman & la Pologne. Cet ambaffadeur tâche de perfuader les miniftres de S. H., qu'il en résulteroit de grands avantages pour la Sublime-Porte; mais on doute qu'il réuffiffe.

RUSSIE.

PETERSBOURG (le 10 Avril). Depuis la conclufion de la paix avec les Turcs, il n'y a rien de nouveau à notre cour. La grande ducheffe de Ruffie avance dans fa groffeffe. Le prince Repnin a fuccédé au feld-maréchal prince Potemkin dans la direction principale du département militaire; & le général comte de Soltikow a été élevé au grade de feldmaréchal. Sur la recommandation du premier de ces généraux, l'impératrice a récompensé les principaux officiers, qui ont combattu fous fes yeux & fès ordres à Maczin: ils ont reçu, au nombre de quaranté, les uns la décoration de quelque ordre, les autres des épées d'or, les autres des diplomés, les autres enfin des avancemens : les lieutenans- généraux prince Wolkonski & de Kutufow ont été décorés de la croix de St. George de la feconde claffe ; le général-major de Ribas de celle de l'ordre de St. Alexandre. Les officiers, qui fe font diftingués à la fanglante prise d'Ismail, recevront aufli inceffamment des marques de l'eftime de H &