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Bibliothèques populaires et scolaires.

1.

Circulaire relative à l'envoi de livres destinés à former des bibliothèques primaires dans les écoles communales.

11 novembre 1820.

Monsieur le Recteur, il vous a été adressé en plusieurs circonstances divers livres élémentaires que l'Université a jugé utile de répandre dans les écoles primaires et dont elle a acheté, à cet effet, un certain nombre d'exemplaires.

L'intention du Conseil royal est que ces ouvrages, ainsi que ceux du même genre qui pourront être envoyés, soient distribués dans les écoles de manière à ce que l'on atteigne le but d'utilité que l'on s'est proposé en en faisant l'acquisition.

Pour atteindre ce but, le Conseil vous invite d'abord à donner de ces livres aux élèves des écoles de votre Académie qui paraîtront le plus dignes de cette récompense.

Un autre emploi qui peut encore être fort utile est celui dont l'un de MM. les Recteurs a fourni l'idée, en s'occupant de commencer pour toutes les écoles primaires de son Académie une bibliothèque primaire. Un exemplaire de chaque ouvrage est donné à cet effet, non au maître, mais à l'école même.

Il est bien entendu qu'il s'agit ici des écoles communales et non des écoles particulières. Le maître doit donner reçu des ouvrages qui lui sont remis, et il en demeure responsable. Le Conseil désire, Monsieur le Recteur, que vous fassiez l'essai de cette mesure dans votre Académie. Vous commencerez par telle ou telle école que vous jugerez à propos. Il est probable que cet exemple donné par l'Université trouverait des imitateurs parmi les hommes amis de l'instruction: et ainsi se répandraient de plus en plus la connaissance et l'usage des bons livres, en même temps que s'accroît le nombre de ceux qui savent lire.

Un exemplaire de chacun des ouvrages qui vous seront ainsi envoyés doit rester dans les archives de l'Académie.

BIBLIOTHÈQUES POPULAIRES ET SCOLAIRES.

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Le Conseil vous fait passer en ce moment, pour être employés, conformément aux vues qui viennent de vous être indiquées, six exemplaires d'un livre ayant pour titre Leçons choisies à l'usage des écoles primaires, etc. Cet ouvrage a été spécialement adopté par l'Université. Recevez, etc.

Le Conseiller d'Etat, exerçant les fonctions de président du Conseil royal de l'instruction publique,

Baron CUVIER.

II.

Circulaire relative à l'établissement de bibliothèques communales populaires.

1er décembre 1848.

Monsieur le Préfet, le gouvernement républicain place au premier rang de ses devoirs le soin de procurer, par la propagation des lumières, le bien-être et le bonheur du peuple. Le développement de l'instruction primaire est sans doute un des meilleurs moyens d'atteindre ce résultat ; mais l'enseignement de l'école, considéré jadis comme un luxe, aujourd'hui comme un besoin, ne doit plus être envisagé désormais que comme une excellente préparation. En effet, pourquoi l'instruction serait-elle un privilège, puisque l'intelligence n'en est pas un? Il faut donc qu'au sortir de ces cours où il a puisé les premiers éléments, l'enfant des communes rurales trouve à sa portée des livres d'instruction pratique et professionnelle, dont l'étude libre forme le complément indispensable de l'enseignement de l'école primaire.

Ces motifs me font vivement désirer qu'il soit établi dans chaque commune rurale une bibliothèque composée de livres appropriés aux besoins de ses habitants. L'homme d'Etat, le savant, le lettre, l'artiste, ont tous leur bibliothèque ; pourquoi l'agriculteur et l'ouvrier n'auraient-ils pas aussi la leur ? J'y voudrais voir figurer en première ligne de bons écrits sur les nouvelles institutions que la France vient de se donner, sur les droits et les devoirs des citoyens, sur la législation usuelle, sur l'administration départementale et communale, sur la culture de la terre, l'élève du bétail, l'horticulture et l'arboriculture, sur les notions de physique, de chimie et d'histoire naturelle applicables aux usages de la vie, aux arts, à l'industrie et au commerce, sur l'arithmétique, l'arpentage et les autres parties des sciences mathématiques dont la connaissance importe le plus aux habitants des campagnes, sur l'hygiène et l'économie domestique. A ces divers traités d'utilité pratique se joindraient des livres de lecture

proprement dite, des ouvrages sur la religion et la morale, une histoire et une description détaillée de notre patrie et des pays avec lesquels nous sommes en relation, une histoire des progrès de la civilisation, la biographie des hommes qui ont le plus honoré l'humanité; enfin, pour faire à l'imagination sa part légitime, j'y mettrais une collection des chefsd'œuvre en prose et en vers de notre littérature.

Dès le lendemain de la révolution du 24 février, un de mes prédécesseurs avait chargé officiellement M. Paulin, autrefois membre de l'Université,aujourd'hui éditeur à Paris, de préparer un projet relatif à l'organisation des bibliothèques communales. Ce projet a reçu mon approbation; mais il exige de la part des départements et de l'État des allocations qui, du moins en ce qui concerne l'Etat, ne pourraient être réalisées immẻdiatement. Cependant l'utilité, la nécessité des bibliothèques communales est partout appréciée; les conseils municipaux, les principaux habitants d'un grand nombre de communes, ont réalisé un commencement d'exécution. Pour satisfaire aux voeux exprimés de toutes parts, M. Paulin m'a offert de fournir immédiatement le premier noyau de leur bibliothèque aux communes qui, prenant pour cet objet l'avance sur l'État et sur le département, voteraient quelques fonds.

En conséquence, Monsieur le Préfet, je vous prie d'examiner s'il ne vous serait pas possible de provoquer, de la part des conseils municipaux, le vote d'une allocation de deux à trois cents francs pour l'achat d'une bibliothèque communale. Il est bien entendu que cette somme ne doit pas être fournie en une seule année : les communes pourront diviser la dépense en deux, trois et même quatre annuités, et, tous les ans, elles recevront un nombre de volumes proportionnel aux sommes réalisées.

Les communes pauvres ne doivent pas, pour cela, se voir privées d'un avantage que leur situation même leur rend peut-être plus particulièrement nécessaire. Le Conseil général, lorsqu'il se réunira pour dresser le budget de 1849, trouverait sans doute moyen de leur venir en aide. D'ailleurs, je suis persuadé qu'en beaucoup d'endroits la générosité des citoyens suppléera à l'insuffisance des ressources municipales et viendra, par une contribution volontaire, faciliter aux communes l'acquisition de leur bibliothèque. La plus minime offrande, si elle était faite par un grand nombre de personnes, pourrait déjà couvrir une bonne partie des frais. MM. les Maires et les conseillers municipaux, sur votre invitation, voudront bien se charger de recueillir les dons de cette nature.

Tous les ouvrages composant le fonds des bibliothèques communales seront examinés par le Ministère de l'instruction publique; les volumes, solidement reliés, seront envoyés francs de port à la préfecture ou à la sous-préfecture, où, sur l'avis qu'il en recevra, le Maire devra les faire retirer.

Vous comprendrez, Monsieur le Préfet, toute l'importance que j'attache au prompt établissement des bibliothèques communales. MM. les Souspréfets, les Maires et les Inspecteurs des écoles primaires, dont je vous prie de réclamer d'une manière toute spéciale le concours dans cette circonstance, mettront, je n'en doute pas, un zèle égal au vôtre à seconder mes vues. Dès que vous aurez obtenu un résultat, veuillez me le faire connaître dans un rapport détaillé.

Recevez, etc.

A. FRESLON.

III.

Circulaire relative à l'établissement de bibliothèques scolaires dans les écoles primaires publiques.

31 mai 1860.

Monsieur le Préfet, mes instructions du 30 juillet 1858, relatives aux projets de constructions ou d'acquisitions de maisons d'école, ont produit des résultats dont j'ai lieu de me féliciter.

Des locaux plus vastes, mieux disposés, mieux aérés, sont un attrait pour les familles les plus indifférentes, et déjà on a pu constater que, dans les communes où les maisons d'école ont été installées conformẻment à mes prescriptions, le nombre des enfants restés jusqu'ici privés d'instruction a sensiblement diminué. Par une conséquence naturelle, les ressources de l'instituteur ont augmenté.

La mesure est donc bonne. Je désire que l'exécution en soit attentivement poursuivie. Mais là ne doit pas s'arrêter la sollicitude de l'administration. Il ne suffit pas qu'une maison d'école soit convenablement appropriée ou assez vaste pour la jeune population qui doit la fréquenter ; il faut encore qu'elle soit pourvue du mobilier de classe nécessaire, et une petite bibliothèque-armoire, destinée à la conservation des livres, des cahiers et des cadres imprimés à l'usage de l'école, me semble un des objets les plus indispensables.

J'y attache un intérêt tout particulier et que vous apprécierez, je n'en doute pas. L'acquisition d'un corps de bibliothèque est le point de départ de la réalisation d'une pensée qui depuis longtemps a été l'objet des plus légitimes efforts. Doter les populations laborieuses d'un fonds d'ouvrages intéressants et utiles est un besoin qui, chaque jour, se fait plus sérieusement sentir,

Une vaste organisation de bibliothèques communales répondrait à ce but, mais cette organisation présente des difficultés qu'un concours multiple de volontés et de sacrifices permettrait seul de résoudre complètement.

En attendant, il est possible de tenter un premier essai. Mon administration accorde fréquemment des livres à un grand nombre d'écoles ; les départements, les communes, les particuliers eux-mêmes, s'associent à ces dons. Je m'efforcerai d'y ajouter encore, mais la possession d'un corps de bibliothèque est la condition première de la conservation des volumes. Ce point est incontestable et a déterminé la résolution dont je viens vous faire part aujourd'hui.

J'ai décidé qu'à l'avenir tout projet de construction ou d'acquisition de maison d'école, pour l'exécution duquel un secours sera demandé, devra être accompagné d'un devis spécial des dépenses afférentes au mobilier scolaire, dans lequel sera comprise, en première ligne, une bibliothèque. Si le mobilier existe déjà, la bibliothèque sera seule mentionnée. Je crois devoir joindre à ma lettre un modèle qui servira à guider les communes. Chacune, selon ses ressources et selon ses besoins, adoptera un plan plus ou moins restreint; mais la modicité de prix du projet qui a été figurẻ ici, d'après un devis exact, permet d'apprécier combien peut être limitée une dépense dont les résultats seront si précieux.

Je vous prie, Monsieur le Préfet, de vouloir bien prêter à ces instructions toute la publicité dont votre administration dispose.

Recevez, etc.

IV.

ROULAND.

Arrêté relatif à l'organisation de bibliothèques scolaires dans les écoles primaires

publiques.

1er juin 1862.

Le Ministre secrétaire d'État au département de l'instruction publique et des cultes,

Arrête:

Art. 1o. — Il sera établi dans chaque école primaire publique une bibliothèque scolaire.

Art. 2. Cette bibliothèque sera placée sous la surveillance de l'instituteur dans une des salles de l'école dont elle est la propriété.

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