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Du 19 juillet. Ordonnance qui reconstitue la Légion d'Honneur sous la protection du nom de Henri IV.

« L'établissement de la maison éducation d'Écouen, pour les filles des membres de la Légion-d'Honneur, est réuni à la maison de Saint-Denis. A l'avenir, le nombre des élèves ne pourra excéder celui de quatre cents. Les élèves ne pourront être reçues avant l'âge de huit ans révolus, ni rester après celui de dixhuit ans accomplis. Les établissemens formés à Paris, aux Barbeaux et aux Loges, pour l'éducation des orphelines de la Légion-d'Honneur sont supprimés. »

Du 30 juillet. - Louis, etc. Ayant reconnu qu'une seule école militaire pourrait suffire aux besoins du service; désirant en outre récompenser les services des officiers-généraux et supérieurs de nos armées, et faire jouir la noblesse de notre royaume des avantages qui lui ont été accordés par l'édit de notre ateul du mois de janvier 1751, relatif à la fondation de l'École royale militaire; ordonnons, etc. Les trois écoles militaires actuellement existantes sous la dénomination d'École militaire de Saint-Cyr, d'École militaire de Saint-Germain et de Prytanée militaire de La Flèche, sont supprimées. — L'École royale militaire, créée par édit du mois de janvier 1751, sera rétablie, etc., etc. »

Du 5 octobre. Louis, etc. Ayant égard à la nécessité où sont les archevêques et évêques de notre royaume, dans les circonstances difficiles où se trouve l'Église de France, de faire instruire, dès l'enfance, des jeunes gens qui puissent ensuite entrer avec fruit dans les grands séminaires, et désirant de leur procurer les moyens de remplir avec facilité cette pieuse intention, etc.; avons ordonné, etc. Les archevêques et évêques de notre royaume pourront avoir, dans chaque département, une école ecclésiastique, dont ils nommeront les chefs et les instituteurs, etc. »

Paris, 25 juin 1814. Le service annoncé pour les généraux Pichegru, Georges, Moreau, et les onze personnes qui ont péri avec le général Georges, a eu lieu aujourd'hui dans l'église Saint-Paul. L'assemblée était nombreuse; elle a assisté à la cérémonie avec un pieux recueillement. Il n'y a pas eu de prédicateur. Une quête a été faite par madame de Polignac, accompagnée par M. le marquis de Rivière, que l'on sait avoir échappé au sort des autres victimes.

» Le service devait être célébré aux frais des parens du général Georges; S. M., l'ayant appris, a désiré témoigner l'intérêt que lui inspirait l'objet de la cérémonie, et elle a fait connaître qu'elle entendait se charger de ces frais. » (Extrait du Moniteur.)

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Ordonnance du roi. - » Louis, etc. Sur le compte qui nous a été rendu par notre amé et féal chevalier, chancelier de France, le sieur Dambray. — Voulant récompenser la fidélité et le dévouement à notre personne de feu Georges Cadoudal, et donne à sa famille un témoignage durable de nos sentimens ; Nous avons anobli et anoblissons, décoré et décorons le sieur Joseph Cadoudal, son père, du titre et qualité de noble, pour jouir à perpétuité, par lui et ses descendans en ligne directe, des droits, honneurs et prérogatives attachés à ce titre. Il se retirera par devant notre chancelier pour qu'il lui soit délivré des lettres patentes sur ce nécessaires. - Donné au château des Tuileries, le 12 oc¬ tobre de l'an de grâce 1814, et de notre règne le vingt-cinquième. »

Monument de Quiberon,

La commission du monument de Quiberon, réunie le 30 novembre 1814, sous la présidence de M. le maréchal duc de Dalmatie (Soult), gouverneur de la 3

T. XL.

treizième division militaire (Rennes), a arrêté que le nombre de ses membres serait porté jusqu'à treize, et s'est définitivement constituée.

Membres de la commission. M. le maréchal duc de Dalmatie, président; MM. le duc de Rohan, le duc de Levis, le comte de Damas, le baron de Damas, le vicomte de Sesmaisons, le comte de Botderu, le comte de Floirac, le baron de Suzannet, le vicomte Dubouchage, le marquis de la Rochejaquelin, le comte Charles d'Antichamp, le baron de Beausset, le chevalier Henri de Viella.

La commission, ainsi constituée et réunie, ayant entendu la lecture du programme ci-après, l'a approuvé, et a ordonné qu'il serait publié.

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Programme. Les peuples civilisés regardèrent toujours comme un devoir sacré les honneurs rendus à la mémoire des guerriers objets de leurs regrets, Chez les anciens quelques cérémonies vaines suffisaient pour consoler des mânes affligés; mais la religion chrétienne, toute divine, suit ses enfans bien audelà du tombeau.

Elle met au premier raug de ses affections les victimes qu'une mort glorieuse lui enlève dans les combats livrés pour la défense de l'autel et du trône; aux éloges de la patrie, aux larmes des proches et des amis, elle unit des supplications, et ne cesse de demander une récompense éternelle pour prix d'un sacrifice passager.

Les champs de Carnac, les plages de Quiberon virent tomber des légions entières de ces guerriers chrétiens; en expirant, leurs dernières paroles furent des paroles d'amour pour leur roi et des vœux pour la patrie.

Aujourd'hui le roi après un long exil, la patrie après un long silence, répondent à ces touchans adieux.

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La mémoire de ces preux chevaliers retrouve enfin ses honneurs !..... Pénétrée de ces motifs et de e ceux énoncés dans l'arrêté du 17 novembre dernier, de M. le maréchal duc de Dalmatie, la commission a pris les résolutions suivant

:

Il sera élevé un monument pyramidal sur le lieu même où les victimes de Quiberon ont été immolées.

Ce monument doit imposer par un caractère simple et noble. La matière même du pays, le granit, semble par sa dureté excluré toute espèce d'ornemens; des inscriptions doivent seules fixer l'attention......

Un autre monument sera érigé dans la Chartreuse, près d'Auray, où les cendres de ces guerriers ont été transportées.

Cet édifice funéraire sera orné de deux bas-reliefs : l'un représentera la restauration de la monarchie et le rétablissement de S. M. Louis le Désiré sur le trône de nos anciens rois ; l'autre représentera S. A. R. M. le duc d'Angoulême faisant rendre les honneurs de la sépulture et les premiers voirs religieux aux précieux restes de ces guerriers.

Ce mausolée doit également porter un caractère simple.....

· L'institution d'utilité publique indiquée par l'article 5 de l'arrêté précité sera un collége militaire.

Le mode d'enseignement, le nombre des élèvés et le régime intérieur seront fixés par la commission.....

La commission, voulant associer tous les Français à l'exécution d'un aussi noble et utile projet, et leur présenter tous les moyens d'y concourir à raison de leurs facultés, recevra tous les dons qui lui seront offerts; la somme la plus modique sera acceptée. » ( Extrait du Moniteur du fer janvier 1815.)

-Tout le monde fut étonné de voir une pareille commission présidée et un semblable programme signé par le maréchal Soult, Ce fut la mesure qui irrita peut-être le plus vivement l'opinion publique soit à Paris, soit dans les départemens. Les uns donc, disaient que Soult en poussant les royalistes à combler ainsi la mesure, conspirait contre eux et voulait démasquer leurs intentions secrètes aux yeux de la France ; d'autres, au contraire, assuraient qu'il voulait seulement se faire pardonner son origine révolutionnaire, sa bataille de Toulouse, et mériter un ministère.

Du 3 décembre 1814. . — « Le roi a nommé M. le maréchal duc de Dalmatie (Soult), ministre et secrétaire d'état de la guerre (en remplacement du général Dupont). M. le comte Beugnot, ministre et secrétaire d'état de la marine et des colonies (en remplacement de Malouet, décédé). M. Dandré, directeur-général de le police (en remplacement de Beugnot).

Translation à Saint-Denis de la dépouille mortelle du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette.

Dès le 22 mai 1814, le chancelier de France, M. Dambray, commença les informations nécessaires pour constater les circonstances qui avaient précédé, accompagné et suivi l'inhumation de Louis XVI et de la reine sa femme. La plus importante des dépositions fut celle du sieur Danjou, gendre du sieur Desclozeaux, ce dernier étant devenu propriétaire du terrain où ces inhumations avaient eu lieu. (Le cimetière de la Madeleine.) La déposition du sieur Danjou portait :

« Qu'il avait été témoin de l'inhumation du roi Louis XVI et de S. M. la reine; qu'il les avait vu descendre tous deux dans la fosse dans des bières découvertes, qui ont été chargées de chaux et de terre; que la tête du roi, séparée du corps, était placée entre ses jambes; qu'il n'avait jamais perdu de vue une place devenuë si précieuse, et qu'il regardait comme sacrée, quand il a vu faire par son beau-père l'acquisition du terrain, déjà enclos de murs, qu'il a fait rehausser pour plus grande sûreté; que le carré où se trouvent les corps de leurs majestés a été entouré par ses soins d'une charmille fermée; qu'il y a été planté des saules pleureurs et des cyprès; et a signé après lecture faite.Signé DANJOU. » Les 18 et 19 janvier 1815, des fouilles furent exécutées dans ce terrain, d'après les indications données par les sieurs Desclozeaux et Danjou, en leur présence, et sous les yeux de MM. Dambray, chancelier de France; Blacas, ministre de la maison du roi ; le bailli de Crussol; de la Fare, évêque de Nancy; le duc de Duras; le marquis de Brezé; l'abbé d'Astros; Distel, chirurgien du roi. Les procès-verbaux d'exhumation et de reconnaissance n'ont point d'autres signatures que celles de ces dix personnes.

Il résulte de ces procès-verbaux qu'à une profondeur de huit à dix pieds, dans un amas confus de terre et de chaux, il a été trouvé des débris de cercueil et des ossemens; que ces ossemens, quelques-uns corrodés et près de tomber en poussière, d'autres conservés et intacts, ont été recueillis, examinés, et reconnus pour être les restes de Louis XVI et de la reine.

Le 20 janvier ces dépouilles précieuses ont été déposées dans deux cercueils de plomb, portant chacun l'inscription d'usage seulement : Ici est le corps de trèshaut, trèspuissant et trèsexcellent prince, etc.

Ordonnance. « Le roi, désirant consacrer par un témoignage public et solennel la douleur que la France n'avait pu jusqu'ici faire éclater, et qu'elle manifeste aujourd'hui d'une manière si touchante, au souvenir du plus horrible attentat, a ordonné que le 21 janvier de chaque année un service pour le repos de l'ame de Louis XVI serait célébré dans toutes les églises du royaume ; que la cour prendrait le deuil, ainsi que les autorités civiles et militaires ; que les tribunaux vaqueraient, et que les théâtres seraient fermés.

» Paris, ce 20 janvier 1815. Le ministre de la maison du roi, signé BLACAS

D'AULPS. »

Du même jour. « Le roi, voulant récompenser le pieux dévouement de M. Desclozeaux, qui a conservé à la France les dépouilles mortelles de LL. MM. le roi Louis XVI et de la reine son épouse, et qui, se rendant acquéreur du terrain où leurs corps avaient été inhumés, a ainsi veillé lui-même à la conservation de ce dépôt précieux, lui a accordé le cordon de l'ordre de Saint-Michel, et une pension reversible à ses deux filles..

>> Madame, duchesse d'Angoulême, lui a envoyé, comme un témoignage de sa reconnaissance, les portraits du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette d'Autriche. » (Moniteur.)

Du 21 janvier 1815. La translation à Saint-Denis de la dépouille mortelle du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette, archiduchesse d'Autriche, a eu lieu aujourd'hui. Le cortége est parti de la rue d'Anjou à neuf heures du matin, et est arrivé à Saint-Denis vers midi. L'ordonnance en était simple et majestueuse. Sur tous les lieux de son passage il a marché entre une double haie de spectateurs nombreux, dans une attitude grave et silencieuse, et dans le recueillement profond que commandait l'objet d'une telle cérémonie. Une grande partie des habitans de Paris s'était rendue à Saint-Denis: une autre portion, non moins considérable, affluait dans les diverses églises de la capitale. L'ordre le plus parfait a régné. »Moniteur.)

La plupart des mesures dont nous venons d'achever l'énumération, étaient impolitiques au plus haut degré. Quelques-unes d'entre elles blessaient des classes de citoyens qu'il eût été prudent de ménager; le plus grand nombre choquaient les habitudes des masses, et quelques autres irritèrent profondément tout ce qui restait de croyances révolutionnaires dans la population. «Quoi, disait-on, faire porter le deuil à la nation française pour Louis XVI! quoi, lorsque nous oublions tout, ne rien oublier! punir la génération actuelle pour un prétendu crime qu'elle n'a pas commis! quoi, honorer comme des martyrs les hommes de Quiberon, des assassins tels que Cadoudal, des traîtres tels que Moreau! Quoi, mettre à la tête du ministère de la guerre, le général de Baylen, Dupont, etc.! Ces plaintes furent universel

les, le cri de l'opinion fut si général, que les conseillers du pouvoir renoncèrent à plusieurs de leurs projets, et recalèrent là où ils pouvaient reculer; ainsi, comme nous l'avons vu, on remplaça Dupont par Soult.

Telles furent les premières causes du mécontentement qui s'empara des masses. Mais à ces motifs il faut ajouter les impru dences de la presse royaliste, à laquelle personne ne pouvait répondre puisque les journaux étaient censurés. On remarquait la Quotidienne parmi les feuilles les plus exagérées. Elle était rédigée par une bande de vaudevillistes et de chansonniers de l'empiré. Ces messieurs faisaient une guerre furieuse à la révolution; ils invoquaient incessamment les souvenirs de la terreur et terminaient leurs articles par des apostrophes violentes contre l'état présent et contre la faiblesse du pouvoir qui y avait consenti. Pour peindre d'un mot le sentiment qu'inspirait la Quotidienne, il suffit de rappeler le surnom dont elle fut flétrie; on l'appelait la Nonne sanglante. Ce journal était imité par le Journal royal. Les autres feuilles périodiques, bien que plus modérées dans le style et conservant plus de mesure, n'en soutenaient pas moins presque chaque jour, des thèses qui frappaient d'illégitimité tout ce qui avait été fait depuis vingt-cinq ans, tout ce qui avait été enseigné à la jeunesse depuis un quart de siècle; et, comme tous ces écrits étaient censurés, le public en voyant les censeurs autoriser des pareilles publications, supposait qu'elles plaisaient à la cour et étaient conformes à ses désirs secrets. Les royalistes étaient encore plus imprudens dans leurs brochures. On appelait la révolution une rébellion de vingt-cinq ans à expier par l'obéissance absolue; on y invitait le roi à retirer la Charte, à ne s'entourer que d'hommes légitimes, de Francs régénérés; on y disait que toute constitution était un régicide; M. Châteaubriand écrivait le monde n'avait pas, comme le roi, promis de tout oublier et que ce monde était impatient de rompre le silence. On y appelait la Convention un monstre, une horrible bacchanale, une réunion de bandits, etc. De plus, les royalistes alarmaient les intérêts; ils attaquaient la légalité des ventes des biens nationaux,

que

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