Page images
PDF
EPUB

HISTORIQUE

ET

LITTÉRAIRE.

15. SEPTEMBRE 1791.

Neque te ut miretur turba, laboree,

Contentus paucis lectoribus. Hor. Sat. 10, 1. t.

A MAESTRICHT,

Chez FRANÇOIS CAVELIER, ImprimeurLibraire, fur le Vrythof.

Et fe trouve à LIEGE,

Chez J. F. BASSOMPIERRE, Imprimeur. Libraire, vis-à-vis Ste. Catherine,

83

JOURNAL

HISTORIQUE

ET

LITTÉRAIRE 15. Septembre 1791.

NOUVELLES LITTERAIRES.

[ocr errors]

Hiftoire de l'Eglife, par M. l'abbé de Berault Bercaftel, chanoine-honoraire de l'Eglife de Noyon. Tomes 21, 22 23, 24. Depuis la naiffance du janjënifme en 1630, jufqu'à la mort de Clément XI en 1721. A Paris, chez Moutard; à Bruxelles, chez le Charlier; à Liege, chez Lemarié.

UNE

SECOND EXTRAIT.

des matieres que l'auteur difcute avec le plus de profondeur, eft la fource où Janfénius a puifé fes erreurs. Ceux mêmes qui les réfutent, ne doutent pas pour l'ordinaire qu'il n'ait cru les voir dans St. Auguftin mal

entendu & mal expliqué : le ton de fincérité qui regne dans la foumiffion qu'il fait de fon livre au St.-Siege, foumiffion qu'on peut regarder comme fon teftament de mort, contribue à nourrir cette idée. Mais on ne peut guere l'adopter lorfqu'on a lu ce que M. Berault nous dit là-deffus, & les preuves qu'il en donne; l'on fera au contraire décidé à croire avec lui, » que Janfénius n'a pas tiré »fes malheureux dogmes de ce Pere, le plus » illuftre de tous véritablement & le plus cher " à l'Eglife, mais du répertoire infernal des » derniers héréfiarques, tout fumant encore » de la foudre qui les avoit frappés. C'eft-là manifeftement, & non pas dans St. Auguf tin, que fut trouvé le dogme janfénien qui » renferme tous les autres; cette chimérique liberté que ne gêne point la néceffité, & » à laquelle ne répugne que la contrainte abfolue; en forte que tout ce qui eft volontaire " foit libre, & tout ce qui eft libre né foit que volontaire; liberté qui n'eft plus qu'un "mot, & qu'on prétend néanmoins fuffire » pour mériter & démériter aux yeux du jufte » Juge. »

Entre les divers argumens que l'hiftorien théologue emploie pour prouver cette obfervation, il en eft un ad hominem que tout lecteur faifira fans effort. C'eft que St. Auguftin trouvoit de la difficulté à concilier la liberté avec l'efficacité de la grace, tandis que dans le fyftême de Calvin & de Janfénius, il n'y en a pas. C'eft ce que fignifie manifeftement » ces paroles de St. Auguftin à Petilien, évê

» que des donatiftes. Si je vous demande Lib. 2 de » comment Dieu le Pere attire à fon Fils les Lib. Ar» hommes qu'il laiffe ufer de leur libre ar- bit, cap. 1. bitre, vous aurez peine fans doute à réfoudre cette queftion. Comment en effet » les tire-t-il, s'il laiffe à chacun tout pouvoir de faire ce qu'il voudra? Cepen»dant, l'une & l'autre de ces deux chofes font vraies; mais peu de perfonnes font capables de pénétrer ce myftere. Il feroit "faux, & ridicule même, de représenter » comme fi difficile l'accord de la grace avec » la liberté, s'il s'agiffoit d'une liberté qui ex» clût fimplement la coaction, & non pas la

[ocr errors]

néceffité; car alors quoi de plus facile à » comprendre? Voilà ce que n'ont jamais touché en aucune maniere tous ces orgueilleux novateurs, qui fe piquent de répondre fi univerfellement à toutes les objections des catholiques. Depuis deux fiecles que le favant Tapper leur a fait celle-ci, il ne s'eft pas trouvé un fectaire affez pourvu d'audace, ou d'impudence, pour entreprendre. de la réfuter. Ils ont mieux aimé diffimuler le coup mortel qu'elle leur porte, que » d'en manifefter la force par une fotte ré»ponse. »

Un autre point de vue fur lequel notre auteur infifte particuliérement, eft la parfaite identité des réponses de Janfénius & des auteurs proteftans. Par exemple, felon St. Auguftin, il appartient à la volonté de donner Jon confentement à l'inspiration de Dieu, ou de s'y refufer. "On fait que Janfénius.

« PreviousContinue »