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ter l'acte conftitutionnel au monarque. L'ordre du jour est la feule réponse qu'on ait faite à l'obfervation de M. Mallouet. Les tribunes applaudirent avec une fureur indécente, & l'orateur jettant un regard de pitié fur ce peuple abufé, céda la place à M. Thouret, qui lut l'acte conftitutionnel. Parmi quel, ques additions, on a diftingué les deux articles fuivans : Il fera établi des fêtes natio» nales, pour conferver le fouvenir des évé "nemens qui ont opéré la révolution & entretenir la fraternité entre les citoyens ». La philofophie a fi long-tems, crié contre les fêtes religieufes, qui faifoient, difoit-elle, perdre au peuple le tems, & nuifoient à l'induftrie & au commerce : la voilà maintenant qui établit des fêtes nationales, & pour quels motifs? Pour conferver le fouvenir des événemens qui ont opéré la révolution. Il feroit au contraire à fouhaiter qu'on pût les enfevelir dans le plus profond oubli. Pourquoi rappeller au peuple chaque année la mémoire des maffacres, des incendies, des horreurs & des crimes de toute efpece qui ont opéré la révolution? Ne faudroit-il pas plutôt effacer. jufqu'à la derniere trace de cette origine, fi honteufe pour la conftitution? On prétend par ces fêtes entretenir la fraternité entre les ci.. toyens elles ne peuvent fervir qu'à entretenir. le fanatifme, la difcorde & l'anarchie; elles retraceront au peuple fa révolte contre l'autorité légitime du roi, & les attraits de la licence auxquels il s'eft livré fi long-tems avec impunité. On peut prévoir au refte que ces fêtes na

tionales feront fort triftes. Le peuple, accablé par la mifere, ne fe rappellera qu'avec le plus vif regret le bonheur dont il jouiffoit fous le gouvernement paternel de fon roi, & maudira la révolution qui aura ruiné la France. Le fecond article additionnel porte qu'il " fera fait un code de loix civiles communes à tout le royaume ». Ainfi voilà de la be fogne taillée pour les nouveaux légiflateurs : on leur fournit fans doute cette occupation de peur que le défœuvrement ne les invite à réformer la conftitution.

Ce fut enfin dans la féance du 3 que fur la motion de M. Lanjuinais, l'affemblée décréta que la conftitution eft terminée & qu'elle n'y peut rien changer. M. d'André propofa alors de nommer fur le champ une députation de 60 membres, pour la préfenter dans le jour même au roi, & M. Prieur en de manda auffi-tôt l'impreffion & l'envoi par des Couriers extraordinaires dans les départemens. Cette motion, appuyée par M. Roederer, reçut des applaudiffemens inouis du côté gauche, & fut décrétée, tandis que le côté droit, apa-' thiquement immobile, ne prit aucune part à la délibération. Le préfident nomma les 601 membres qui devoient compofer la députation, & les invita de fe raffembler à 6 heurés dans la falle, pour fe rendre de-là auprès du roi. Sur la demande d'un membre, que le difcours de l'orateur chargé de préfenter la chartre conftitutionnelle au roi, fût communiqué à l'affemblée : Point de difcours,

point de difcours, cria-t-on, avec une fana tique fureur!

Les membres qui compofoient la députation, fe raffemblerent dans la falle, à l'heure convenue; mais la copie de l'acte conftitutionnel n'étant pas achevée, on l'attendit jufqu'à 8 heures & demie. A la même heure, la députation fe mit en marche, éclairée de flambeaux entre deux files de gardes-nationales & une multitude immenfe rangée dans un morne filence de deux côtés. On entra dans les cours du château par les portes du carroufel. La députation fut reçue dans la chambre du confeil. M. Thouret porta au roi la parole en ces termes.

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Les repréfentans de la nation offrent à "l'acceptation de votre majefté l'acte conf titutionnel, qui confacre les droits imprefScriptibles du peuple François, qui maintient la vraie dignité du trône, & qui "régénere le gouvernement de l'empire.,,

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Au lieu de repréfentans, l'orateur devoit dire, mandataires il s'en eft bien gardé. Au lieu de confacre les droits, il devoit dire, attribue au peuple des droits qu'il n'a ja mais eus & que nous lui retirons en paroiffant les lui donner. Au lieu de qui maintient la vraie dignite du trône, il devoit dire, qui du diadême de foixante rois a fait le fatal lien qui enchaîne à notre char l'héritier d'un fceptre devenu le nôtre. Au lieu de régénere le gouvernement, il devoit dire, qui d'un peuple régénéré par Henri IV, fortifié par Louis XIII, élevé

par Louis XIV au-deffus du refle des nations, conduit par Louis XV à l'époque de l'année 1750, au plus haut dégré de richeffe &de profpérité, où jamais la France foit parvenue, eft aujourd'hui, fans marine, fans armée, fans finances, fans crédit, & même jans ce qui fupplée à tout cela, fans vertu. » Quelle régénération, dit » à ce fujet un célebre périodifte! Il fuffit de jetter les yeux fur la France, pour voir dans quel fens la conftitution l'a régénérée : l'ab"fence totale du numéraire, la ruine du crédit, le bouleversement de toutes les fortu. »nes, la fuite des grands & des riches, le défefpoir & le deuil des honnêtes gens qui font restés pour être opprimés par les factieux, le mépris des loix & des magistrats, les fureurs de la difcorde, les convulfions » de l'arnachie, l'aviliffement de la Religion, » la profanation des Lieux-Saints, la corrup»tion profonde de l'opinion publique, le

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triomphe de la calomnie & de l'intrigue, le » débordement de tous les vices; le gouver"" nement en proie à la claffe la moins faine de la fociété, voilà dans quel état l'affem» blée conftituante laiffe la France.

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Le roi avoit écrit fa réponse, & l'a remife après l'avoir lue aux membres de la députation. Je vais examiner la conftititution, que », l'affemblée nationale vous a chargés de me » préfenter. Je lui ferai connoître ma réfolu» tion après le délai le plus court (a) qu'exi

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(a) Tous les bons François doivent faire des

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"gera l'examen d'un objet fi important. Je " me fuis décidé à refter à Paris, & je vais donner au commandant-général de la garde Parifienne, les ordres convenables pour le fervice de ma garde. „

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On a été charmé de voir que Louis XVI ait pensé comme Charles V, & on n'a pas de peine à deviner les raifons qui l'ont déterminé à rester à Paris, On ne fe rappelle pas du refte, d'avoir vu dans les décrets, qu'il eût permiffion d'aller ailleurs, ni qu'on ait blâmé ceux qui l'ont empêché de fortir de fes cours au mois d'Avril.

On écrit de divers départemens que la perfécution est toujours la même contre les eç

vœux pour que ce délai foit le plus long poffible. Le fénat, dit un périodiste françois qui confacre fa plume à

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beaux génia bonne caufe, ce fénat de 1200

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de ces hommes dont, fuivant le journaliste de Paris, Hiftoire littéraire fera l'étonnement de la postérité, ces douze cens Platons n'ont-ils pas employé vingt-huit mois à completter l'ensemble de cette œuvre telle que l'univers n'en a jamais vu de femblable. Le

roi eft feul, fans confeil, funs miniftres; car il ne » peut avoir oublié leur conduite depuis le 21 juf22 qu'au 25 Juin dernier. Le roi peut bien employer trois mois à l'examen d'un objet fi important. Si fes plus fideles ferviteurs ont mérité du roi quel», que prix de leurs dangers, de leurs douleurs, de leurs facrifices, & fur-tout de leur amour pour lui, qu'il ne fe hâte pas dans fon examen. Il ne pourroit y avoir que des perfides, qui le prefferoient de fe renfermer dans un délai trop

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