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fyftême, ou la paffion d'un pere pour un enfant qu'il imaginoit devoir éternifer fon » nom; il n'est rien en cela, qui foit hors du » cours des mœurs ou des iniquités humai

nes. Pour ce qui eft des quatre autres, quoiqu'ils aient paru applaudir lâchement au deffein des deux premiers, la charité peut » fenfément, & dès-là doit croire, qu'ils n'a"voient foncièrement en vue que d'établir le janfénifme par les quatre moyens propofes en conférence, & mis depuis en œuvre par tout le parti, avec autant de méthode que de perfévérance.",

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Or, que ces quatre expédiens aient été véritablement mis à exécution, c'eft un point de fait, pour la preuve duquel il fuffit d'en préfenter le fil, en rapprochant de » l'exécution chacun des articles du projet. Pour rendre d'abord la fainte table inacceffi,,ble, pouvoit-on mieux s'y prendre, qu'en mettant entre les mains des fideles, fous le » titre de la fréquente Communion, un li" vre qui au rapport de toutes les perfonnes inftruites hors de la nouvelle école, feroit beaucoup mieux intitulé: De la commu »nion rare & impraticable? Et depuis fa > publication, comme auparavant, tous les écrivains du parti s'en font tranfmis fucceffivement les maximes anti- euchariftiques, Sur le fecond article, les cinq fameufes pro» pofitions de Janfénius, ou pour mieux dire, tout fon vafte livre, qui preffuré & mis à » l'alembic, fi l'on peut ufer de cette expreffion après l'un de nos plus grands prélats,

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Camus.

»ne diftilleroit que le venin de ces erreurs

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montre la fidélité avec laquelle, en qualité » de patron du parti, il a rempli la tâche "principale, en canonifant le baïanifme, ou » le fémi - calvinifme, par la prostitution du » nom de S. Auguftin. La manie de fes fectateurs à qualifier fon héréfie de fantôme, » ne fait que mieux connoître l'intérêt qu'ils prennent à la préferver de la foudre, & leur perfévérance défefpérée à la foutenir. Pour » ce qui eft du décri des directeurs de confcien"ce, fans parler de ces chef-d'œuvres épif»tolaires, qui n'immortalisent pas moins la » malignité que la capacité de Pafcal; fans parler davantage des écrits outrageux de fes " émules groffiers & de fes rauques échos; Pierre l'évêque romancier que fes productions bouffones, obfcenes & mordantes ont fait furnommer le Lucien de l'épifcopat, qui accouploit dans fes rapfodies le texte des Livres-Saints à ceux de l'Amadis & de l'Art d'aimer d'Ovide; ce feul diffamateur des miniftres de la pénitence, & principalement des réguliers diftingués par leur attachement au Saint-Siege, peut faire fentir toute l'ar"deur de la faction à exécuter son projet en ce point. Quant au dernier chef, favoir le deffein de rabaiffer la puiffance pontificale, & l'autorité même de l'Eglife, de reftreindre fon infaillibilité aux conciles écumé»niques, & d'échapper à l'activité de fes "pourfuites par les appels au futur concile; "il fuffit de l'avoir touché : la populace même du parti, les clameurs de cette foule d'ig

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norans, & d'ignorantes fur-tout, qui n'ont pour confeffion de foi que ce cri du fchifme & de la révolte. forment là-deffus une preuve irréfragable, & malheureusement trop durable. Il eft donc hors de doute, qu'au moins les quatre expédiens dénoncés, » comme ayant été choifis par le complot pour établir la nouvelle doctrine, ont été » mis en exécution. Le dénonciateur fut donc » ou un témoin vrai ou un vrai prophete; » ou il rapporta fincérement ce qu'il avoit en» tendu, ou il lut prophétiquement dans l'a» venir. »

Je me propofe de revenir encore fur cette intéreffante continuation de l'Hiftoire de l'E-, glife; je me borne aujourd'hui à la relation de cette conspiration fameufe contre le chriftianifme, relation fi conforme à toutes les opérations de la fecte qu'on doit néceffairement la regarder, comme dit l'abbé B., ou comme une prophétie, ou comme le résultat exact d'une information bien fure & bien circonftanciée. Un favant célebre, que je ne nommerai pas ici, de crainte de contrarier fes intentions, m'a prêté, il y a près d'un an, un ouvrage imprimé en 1654 à Paris, chez Sébaftien Cramoify, imprimeur du roi & de la reine, dédié au roi très chrétien, & muni du privilege du roi en date du 24 Février 1654. Cet ouvrage eft un in-4to. de 433 pages, non compris l'Epitre dédicatoire au roi, laquelle occupe dix pages, ni l'Avis important qui fuit l'Epitre, lequel eft de neuf pages, ni enfin un Difcours à la France, qui en contient quatorze. Ce livre eft aujourd'hui très-difficile

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à trouver en France & dans les pays limitro phes, fans doute par un effet des intrigues des foi-difant difciples de St.-Auguftin, qui fe font très-férieusement appliqués à le détruire, ainfi qu'ils en ont agi de nos jours à l'égard de la premiere édition de la Réalité du projet de Bourg-fontaine, dont on n'a pu fans beaucoup de peine, trouver un feul exemplaire bien complet au commencement de l'an 1787.

L'ouvrage dont je donne la notice, a pour titre Inconvéniens d'eftat, procédans du janfénifme, avec la réfutation du Mars François de M. Janfénius. L'auteur du livre eft M. de Marandé, perfonnage très-connu en France, confeiller & aumônier du roi trèschrétien en 1654.

Le feul titre du livre en défigne tout l'intérêt & toute l'importance. Les motifs qui ont engagé M. de Marandé à le publier & à le dédier au roi, font l'intéreft de l'Eglife de Dieu, la fplendeur du fceptre François & le repos des peuples. Pag. 1 de l'Épître dédicatoire.

Le fruit qu'on peut attendre de cet ouvrage, eft (dit-il dans fon Avis important, pag. 2) qu'il ne fera pas moins utile pour l'advenir, à tous les princes catholiques contre toutes les nouveautez de l'erreur qui pourroient dans la fuite des tems troubler le repos de leurs peuples, qu'il le peut être à préfent (en 1654) contre les erreurs d'une doctrine nouvelle, dont les fuites feront également funeftes à l'Eglife & àl'eftat, fi elles ne font réprimées de bonne heure.

Grande & importante leçon pour tous les

fouverains, mais qui malheureusement pour certains princes, n'a pas fait fur leur efprit toute l'impreffion qu'elle auroit dû faire pour leur propre gloire & pour la tranquillité de leurs peuples. Gardons-nous cependant d'en attri buer la faute aux feuls princes, & croyons plutôt, que fi une doctrine nouvelle & une fecte pernicieuse, après avoir été fagement réprimée par leurs prédéceffeurs, fe releve un jour fous leurs yeux au point même de réitérer fes funeftes coups, c'eft fur-tout à des perfides adulateurs, à des ames vénales, à des fourbes hypocrites qui affiegent leur trône, qu'il faut attribuer tous les malheurs, qui affligent l'Eglife de Dieu & leurs fujets les plus fideles.

Dans fon Difcours à la France, M. de Marandé obferve judicieufement (pag. 4) que l'héréfie qui autrefois dans la minorité des rois de France, lui avoit fait quelque dégaft par la lafcheté & la corruption de quelquesuns de leurs miniftres; a efté réduite à telle extrémité par les foins & les travaux de Louis le jufte, qu'elle eftoit à la veille de rendre les derniers foupirs, fi elle n'euft efté réveillée & fortifiée par le fuc d'une fauffe doctrine, qui a paru de nos jours.

L'on voit par ces mots, & plus encore par la fuite de fon ouvrage, que M. de Marandé regardoit le janfénifme, non comme un fantôme, mais comme une fecte très-réelle fortie du fein du calvinifme, comme un calvinisme raffiné, & un appui de cette fecte hérétique; en un mot, plus à craindre que n'étoit le cal

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