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fur l'harmonie & la bonne intelligence, qui fubfiftent déjà entre S. M. imp. & les cours alliées. Ces Sentimens ne pourront que s'entretenir & së fortifier par les preuves d'égards, de déférence & d'amitié, que ces fouverains viennent réciproquement de se donner à la face de toute l'Europe. Le témoignage gracieux, que S. M. a daigné accorder au zele & à la franchise des fufdits miniftres, leur eft d'une valeur ineftimable; & ils le regardent comme une récompenfe bien glorieufe de leurs peines & de leurs travaux. A SaintPétersbourg ce II (22) Juillet 1791.

(Signé) Charles Whitworth, W. Fawkener, comte de Goltz.

Ce Mémoire, duquel eft réfulté la convention préliminaire, qui a pofé les fondemens de la pacification, a été fuivi d'une réponse du cabinet Ruffe, qui a fait la clôture de la négociation, & dont voici les termes.

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L'impératrice a vu avec une entiere fatisfaction, au moyen du Mémoire, remis à fon miniftere le 11 (22) de ce mois, par les miniftres de L. M. les rois de la Grande-Bretagne & de Pruffe, que ces princes rendent pleinement juftice à la modération & à l'équité des conditions, que S. M. I. a propofées pour fervir d'acheminement & de moyen à fon accommodement avec la Porte Ottomane, & qu'en conféquence ils veulent bien fe charger de faire valoir ces conditions auprès de cette derniere, & de tâcher de les lui faire accepter dans toute leur pureté & étendue. Voyant dans ces intentions de leurs dites majeftés une parfaite conformité avec celles que S. M. I. a fait connoître elle-même elle ne négligera affurément aucune des facilités qui pourront dépendre d'elle, & qui pourront contribuer à l'accompliffement du but qu'on fe propofe, attendant avec confiance de l'amitié & du zele que L. M. Britannique & Pruffienne lui témoignent, qu'elles mettront dans leurs démarches, pour déterminer la Porte, toute l'activité & toute l'éner

gie, qu'exigent l'importance de l'objet & le prix qu'elles y ont paru attacher. Tout ce qui peut tendre & contribuer à arrêter au plutôt une plus longue effufion de fang humain, affectant S. M. I. comme partie intéreffée, plus particuliérement & plus directement qu'aucune autre puiffance, on ne fauroit douter de l'empreffement qu'elle aura de faifir le moment, où elle pourra fans danger & fans inconvénient, convenir d'une fufpenfion d'hoftilités auffi-tôt qu'elle fera affurée de l'acquiefcement pur & fimple de la part des Turcs aux bafes qu'on leur propofera. L'intervalle des quatre mois, propofé dans le Mémoire des miniftres d'Angleterre & de Pruffe, eft un terme plus que fuffifant pour l'acceptation & l'adhéfion des Turcs. Ainfi la confection de l'ouvrage de la paix dépendra uniquement de la Porte Ottomane; & tout délai & tous obftacles avec leurs conféquences ne fauroient être attribués qu'à elle feule. Cependant S. M. I. comp tant fur les foins efficaces, que L, M. les rois de la Grande-Bretagne & de Pruffe s'impofent, pour donner une heureufe iffue à leur entremife, s'en forme un préfage favorable & fe fait d'avance un plaifir de leur témoigner combien il lui fera agréable de voir, dans l'accompliffement de fes vœux pour la paix, une occafion de leur donner une nouvelle preuve de fon defir conftant de cultiver leur amitié & leur confiance.

A Saint-Pétersbourg, ce 16 (27) Juillet 1791.,, Le prince de Naffau qui a commandé la partie de la flottille Ruffe, actuellement mouillée devant Fréderichsham, en eft revenu ici, le 24 du mois dernier, & le 28, il est parti pour l'Allemagne.

TURQUIE CONSTANTINOPLE (le 1 Août). Le divan attendoit depuis long-tems avec impatience,

la nouvelle d'une action décifive entre les flottes Ruffes & Ottomanes; mais le capitanbacha vient d'informer fa hauteffe, que malgré toutes fes recherches, il lui a été impoffible de rencontrer l'efcadre ennemie. Les miniftres d'Espagne & de Naples, ayant redou-. blé d'inftances pour engager le grand-feigneur à fe porter à des fentimens pacifiques, leurs repréfentations ont enfin eu le fuccès qu'ils defiroient, fa hauteffe venant d'expédier au grand-vifir, des pleins-pouvoirs pour conclure la paix aux conditions qu'il jugeroit convenables.

L'on a reçu ici la nouvelle d'un événement dont les fuites, s'il fe confirme, ne peuvent qu'être funeftes à la puiffance Ottomane en Affe. Hafné Kiajafi, ci-devant tréforier du fultan défunt, & enfuite exilé à l'inftigation du capitan bacha, s'eft fait un parti confidérable, & a paru à la tête de plufieurs milliers d'Arabes rebelles, auxquels les bachas de Diarbeck, de Damas & d'Alep, doivent avoir fourni des fecours. On ajoute même qu'ayant dirigé fes forces contre la Mecque, il en a pillé les tréfors. Ce qui paroît certain, c'est que la caravane, qui part tous les ans pour cette ville, & à laquelle fe réuniffent fucceffivement les troupes des pélerins venant de divers lieux de la domination Mufulmane, s'eft arrêtée en Syrie, n'ofant point continuer fa route. Du refte, cette nouvelle a donné lieu à plufieurs conférences dans le confeil du grand-feigneur, & l'on attend chaque jour de nouveaux renfeignemens, avant de prendre un parti à cet égard.

Le comte Potocki, miniftre du roi & de

la république de Pologne, a entiérement fufpendu les travaux relativement au traité d'alliance & de commerce à conclure avec la Porte;' & les miniftres de cette derniere paroiffentavoir perdu de vue ces nouvelles liaifons avec la Pologne, & agiffent vis-à-vis de cet ambaffadeur, comme s'il n'en avoit jamais été question. On dit que ce feigneur quittera Conftantinople avant le commencement de l'hiver' prochain.

POLOGNE.

VARSOVIE (le 19 Août). En déférant à l'électeur de Saxe la fucceffion éventuelle au trône de Pologne, & à fes defcendans l'hérédité à cette couronne, l'on s'attendoit, il eft vrai, que ce prince, confultant autant fa propre fageffe & fa prévoyance, que les leçons à tirer de l'exemple de fes auguftes aïeul & bifaïeul, n'accepteroit point cette offre, fans s'être affuré de la façon de penfer des cours les plus intéreffées au fort de la Pologne, fur-tout des deux puiffances voifines, qui l'une & l'autre ont des rapports politiques avec la Saxe; mais l'on n'avoit pas cru qu'une expli cation quelconque fouffriroit tant de difficul tés, & que la république refteroit fi long-tems dans l'incertitude. Il circule ici la réponse que la cour de Drefde a faite à une note, qui lui a été remife fur ce fujet de la part du cabinet de Varfovie; & l'on voit que l'incli nation de l'électeur à accepter la couronne, n'y eft pas exprimée comme on s'y attendoit. Bien des politiques penfent que les innova

tions faites dans le gouvernement, à la fuite de la révolution, font la principale cause qui empêche S. A. E. de déclarer fes intentions, jufqu'à ce qu'il connoiffe celles des puiffances à cet égard. Quoiqu'il en foit, notre gouvernement vient d'envoyer à Drefde M. le comte Dziedufzicki, fecrétaire du Straz ou confeil de furveillance. Ce miniftre est chargé d'y négocier & terminer cette affaire, notamment d'attendre le réfultat de l'entrevue que l'empereur, le roi de Pruffe, & S. A. E. auront au château de Pilnitz dans les derniers jours de ce mois. L'on eft affez généralement perfuadé ici, que, fi la miffion de M. le colonel de Bifchofswerder, qui a préparé cette entrevue, n'a pas été indifférente aux affaires de France, dans les motifs mis en avant pour rapprocher les cours de Vienne & de Berlin, l'entrevue même néanmoins, à laquelle l'élec teur de Saxe a auffi été invité, concernera également la Pologne.

Les principaux membres de la diete, qui étoient arrivés ici, d'après l'invitation du roi, en font repartis il y a quelques jours. La reprife des affemblées de la diete, eft fixée pour le 15 du mois prochain. Le raffemblement des troupes Ruffes a toujours lieu dans la Livonie, & bien loin que le nombre en diminue, ou qu'on faffe des difpofitions pour les faire rentrer dans leurs quartiers, elles continuent d'y être fur le pied de guerre.

ITALIE,

ROME (le 10 Août). Le 4 de ce mois, jour de S. Dominique, le pape s'eft rendu au

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