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Rotterdam, 6 juin 1882.

Monsieur le Directeur,

Je me suis occupé de la lettre que vous m'avez fait l'honneur de me soumettre; j'ai consulté les journaux du temps, la Gazette de Leyde en particulier, et je crois que M. F. de Bas a raison. Le bulletin envoyé à la Convention par les représentants qui accompagnaient l'armée de Pichegru se borne à dire: « La flotte est entre nos mains. » Or, il me semble qu'un fait d'armes tel que celui-là aurait obtenu une mention détaillée. Il faut ajouter que les troupes françaises étaient entrées à Amsterdam, qu'elles y avaient été reçues et qu'elles s'y étaient présentées comme alliées Dans ces conditions le gouverne ment central républicain qui avait remplacé le Stathouder en fuite, avait non seulement pu, mais dû donner l'ordre aux forces hollan daises de ne plus combattre les Français.

Les affirmations de M. F. de Bas sont donc exactes. Et cependant, elles ne diminuent pas, autant qu'il le semble au premier abord, l'héroïsme des husssards français. Supposons, en effet, un ordre mal reçu, ou un capitaine décidé à ne pas livrer son vaisseau à ses ennemis de la veille, et le régiment tout entier disparaissait sous la glace. M. de Bas a pu soutenir, avec raison, l'honneur militaire des marins hollandais, sans qu'on ait rien à rayer à l'actif des soldats de la République française.

Veuillez agréer mes sympathies.

L. B.

Notre honorable correspondant nous paraît avoir donné la conclusion définitive sur ce détail de notre histoire militaire pendant la Révolution. Et cette conclusion est glorieuse pour les admirables volontaires de 1793 à 1795. Quels soldats héroïques c'étaient que ces jeunes républicains! L'Empire, en les employant plus tard pour des entreprises de vanité ou d'égoïsme dynastique, les détourna de leur mission. Mais qui ignore que l'Empire s'attacha à déformer ou à détruire les forces et les institutions créées par la République française? C'est Bonaparte, par exemple, qui substitua à la magistrature élective, instituée par la Révolution, la magistrature gouvernementale qui nous a fait tant de mal depuis quatre-vingts ans. Les lecteurs de la revue, qui connaissent sur ce sujet les belles et savantes études de nos collaborateurs Colfavru et Jeanvrot, ont, sans aucun doute, vu avec surprise que la thèse bonapartiste avait été soutenue à la Chambre par un député qui siège, dit-on, à l'extrême gauche, M. Granet; mais ils auront lu avec intérêt les remarquables discours,

vraiment républicains, ceux-là, de MM. Gerville-Réache et Gaillard.

M. Gerville-Réache était pleinement dans la tradition de la Révolution française lorsqu'il disait à la Chambre avec éloquence :

<< Ne soyez pas plus royalistes que les royalistes euxmêmes! faites nommer les magistrats par la puissance de laquelle ils émanent, du peuple, comme le voulait Montesquieu.

» Si les magistrats actuels sont nommés par le pouvoir exécutif, c'est que nous sortons d'une monarchie, et que dans la monarchie tous les pouvoirs appartiennent au roi; le roi nomme à toutes les fonctions. Mais, lorsque les gouvernements monarchiques font place aux gouvernements libres, alors tous les pouvoirs font retour à la source de laquelle ils découlent; ils font retour au peuple, et c'est au peuple qu'il faut donner l'élection des magistrats. » (Applaudissements à gauche.)

Voilà le véritable principe démocratique. En dehors de lui il n'y a que la politique des expédients impuissants ou corrupteurs et la politique du despotisme. Il fallait se hâter de revenir à la grande tradition de la Révolution française; c'est ce que la Chambre des députés a fait en votant, dans sa séance du 10 juin, la suppression de l'inamovibilité de la magistrature et le principe de l'élection des juges.

Le Gérant: AUGUSTE DIDE.

L. DAVY.

805- Imprimerie Libournaise, 2-4, Allées de la République.

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Libourne.Imprimerie G. BOUCHON, Allées de la République, 2-4.

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