Page images
PDF
EPUB

départementales de Seine-et-Oise, et ces conférences ont été fort goûtées.

Mais ce qui n'a été jusqu'ici qu'exceptionnel et fortuit, devait devenir régulier, pour qu'à l'Ecole normale de SaintCloud chaque promotion des futurs professeurs d'école normale ou des futurs inspecteurs primaires, et, dans les écoles normales, chaque promotion d'élèves-maîtres pût entendre plusieurs leçons sur la constitution et l'utilité des archives et des bibliothèques, et que ceux d'entre eux qui le voudraient pussent s'essayer, par un ou deux petits travaux personnels, à l'exploration des sciences.

Il ne s'agit pas de détourner les instituteurs de leurs fonctions pédagogiques pour les jeter dans l'érudition, mais de les munir d'élémentaires notions qui les aident à rendre les modestes et précieux services historiques qu'on leur demande.

D'ailleurs, tout ce qui peut élargir leur horizon intellectuel les rendra meilleurs maîtres, en même temps que leur profession deviendra par elle-même plus agréable.

On pourra sans doute attendre de la bonne volonté des Conseils généraux la modique contribution suffisante pour rémunérer les services des archivistes départementaux, qui seraient les professeurs désignés de ce petit cours d'archives. Il est bon que des savants comme les archivistes ne soient pas confinés dans le cercle étroit des fonctions de gardiens.

J'ai présenté cette requête, au nom de la Société de l'Histoire de la Révolution, à M. Guist'hau, qui en a bien senti l'intérêt et m'a promis d'envoyer une circulaire dans ce sens aux inspecteurs d'académie. Depuis, le même vœu a été adopté aussi par la Commission supérieure des Archives et par la Commission de l'histoire économique de la Révolution. J'espère que, dans le monde universitaire comme dans le monde politique, l'opinion favorisera cette modeste, mais utile réforme.

A. AULARD.

La Défense Nationale de 1792 à 1795

par Pierre CARON (1)

M. Pierre Caron vient de publier sous ce titre, dans la collection l'Histoire par les Contemporains, un recueil de documents pris dans toutes les régions de notre pays, décrets, proclamations, délibérations de corps constitués ou de sociétés populaires, carnets de route ou lettres de soldats, à l'aide desquels il fixe, d'une façon irréfutable, les phases et les détails de la lutte que soutint, de 1792 à 1795, la France révolutionnaire contre l'Europe coalisée. L'organisation militaire, l'état moral et la vie des troupes, sont préentés au lecteur de la manière la plus concrète et la plus vivante. C'est un recueil de morceaux choisis de lectures historiques, une anthologie militaire de la Révolution dont la vulgarisation sera des plus profitables. De courts préambules placent les extraits dans leur cadre et les documents sont reliés entre eux par de brefs commentaires, rendant ainsi la lecture de l'ouvrage facile et attrayante.

Parmi les quelques illustrations, je signalerai comme intéressant particulièrement les Vosges, la curieuse en-tête de papier à lettres de la Société Populaire de Hadol, qui représente un soldat français terrassant un de ses ennemis, à côté de l'arbre de la Liberté et du drapeau national dont la hampe est coiffée du bonnet phrygien, montrant ainsi comme le dit M. Caron, l'union intime, au sein d'une société de Jacobins, de l'esprit révolutionnaire et de l'esprit milifaire.

Enfin je reproduis ici, d'après le même ouvrage (p. 57), un extrait de l'adresse de la Société des Amis de l'Egalité et de la République de la ville de Neufchâteau, département des Vosges, datée du 1" janvier 1793, à leurs frères

(1) Paris Hachette, 1912.

d'armes des 1 et 2 bataillons de volontaires de ce département:

La Société des Amis de la République de la Ville de Neufchâteau, fière de vos succès et de votre constance, vous témoigne avec attendrissement l'impression que votre conduite a faite sur vos parents, vos amis et vos concitoyens. Vous avez été fermes à vos postes, fidèles à vos serments; vous avez préféré la mort à la servitude; vous ètes cités dans le nombre des bataillons qui ont eu cette courageuse constance. Vous ètes nos enfants, nos frères, nos amis vos dangers sont les nôtres; mais une làche désertion nous aurait tous déshonorés. Achevez la conquête de la liberté; et après l'avoir affermie, revenez alors, frères et amis, occuper la place que de vrais républicains ont marquée pour les soldats de la Patrie, et jouir de notre tendre amitié et de notre éternelle reconnaissance.

Réponse du Commandant du 1er bataillon des Vosges,
de Mayence, le 15 janvier 1793.

J'ai donné lecture de votre adresse au premier bataillon des Vosges, au bivouac dans la neige, à la barbe de l'ennemi, qu'il n'a jamais redouté. Si les fatigues et les dangers de la guerre avaient pu un moment ébranler le courage et la constance de nos braves compagnons d'armes, l'impression qu'a faite en eux votre adresse aurait sufli pour les faire rougir de leur faiblesse; mais ils n'ont point de reproches à se faire; ils se sont montrés partout dignes de vous; ils n'aspirent à la douce récompense que vous leur promettez que lorsque la paix et la liberté seront consolidées.

A. PH.

[graphic][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][merged small][merged small][merged small][merged small]

Lignéville (130 feux, 496 habitants)

Réunion le 8 mars 1789, au domicile et sous la présidence de Maurice Claudot, maire; greffier: Courtier; députés : Joseph-Antoine Pyrot, avocat en parlement; Louis Olivier, négociant.

Seigneur justicier : Jean-Henry, marquis Del Carretto de Ballenstrein, chevalier.

Des quatre seigneuries existant autrefois, il restait quatre parties ayant chacune des droits seigneuriaux distincts.

Petite partie : chaque cultivateur devait 1 resal d'avoine, 18 jours de corvée, 25 francs barrois pour la taille, 3 sous pour droit de four, 2 sous 9 deniers pour droit de guet; estimation : 800 livres.

RÉVOLUTION DANS LES VOSGES

14 octobre 1912.

5

Grande partie chaque laboureur devait 4 boisseaux d'avoine, 2 boisseaux de blé, 9 jours de corvée et les mêmes autres redevances que dans la petite partie; estimation : 400 livres.

Partie de Tantonville: mêmes redevances que la grande partie.

Partie de Mirecourt: aucun droit en prestation; les habitants devaient seulement payer la taille de 15 francs barrois.

Le prieur de Relanges était propriétaire de 50 jours tant terres que prés situés dans la petite partie dont il prenait le 1/6 des prestations, droits, tailles, etc.

Subvention et ponts-et-chaussées, 2.460 livres; vingtième, 1,697 livres 8 sous 4 deniers.

Biens communaux : 9 jours de terres, 30 fauchées de pâquis.

Le prieur de Relanges avait une des plus fortes parties des grosses dîmes et le quart des menues; le tout (dîmes, prestations et droits), affermé moyennant un canon annuel de 2,200 livres.

Le seigneur était décimateur pour 1/12 des grosses dîmes; le chapitre de Poussay pour 1/9 amodié 350 livres (1); le curé pour les 17/36. Ce dernier prélevait en outre les 3/4 des menues dîmes et possédait un gagnage affermé pour 8 paires 1/2 de resaux, mesure de Lamarche.

Le cahier (18 articles) donne des détails très complets et très circonstanciés sur l'état de la communauté du finage, sur ses ressources et ses charges. Les vœux émis au sujet des banalités, des traites foraines, du sel, de la vaine pâture, des colombiers, des cabarets, des routes et de la justice sont particuliers à la communauté ; ils sont appuyés sur des faits et des chiffres. A citer, notamment, l'article relatif aux cens dont l'origine était la reconnaissance de la protection effec

(1) Arch. dép., série G, 221.

« PreviousContinue »