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«rey, n'est pas convaincue d'avoir aidé et assisté l'auteur <«ou les auteurs de cet homicide dans les faits qui en ont «préparé ou facilite l'exécution...

Nanette Caën, accusée présente, est acquittée de l'accusation portée contre elle; il est ordonné qu'elle sera sur le champ mise en liberté.

Le président, en présence du public, a ensuite fait comparaitre Nicolas Thiéry et Salomon Binn, accusés et leur a donné lecture de la déclaration du jury.

Après avoir entendu le procureur général en ses réquisitions, le président ayant demandé aux accusés s'ils avaient quelque chose à dire pour leur défense sur l'application de la loi, et ceux-ci ayant fait une réponse négative,

La Cour.

A condamné Nicolas Thiéry, aide de l'exécuteur des arrêts criminels du département de la Meurthe, né à Chaligny, canton de Pont-Saint-Vincent, arrondissement de Nancy, àgé de vingt-neuf ans, de la taille d'un mètre sept cent-six millimètres, front couvert, yeux gris, visage long, nez épaté, menton rond, cheveux et sourcils châtain clair.

Et Salomon Binn, juif et boucher, né à Trombourg, département de la Moselle, domicilié à Vicherey, canton de Chatenois, département des Vosges, àgé de quarante ans, taille d'un mètre sept cent-vingt millimètres, cheveux et sourcils chàtain, yeux gris, front haut, visage long, nez bien fait, bouche petite, menton rond.

Tous les deux à la peine de mort.

A ordonné que les dits Nicolas Thiéry et Salomon Binn seront conduits au lieu de l'exécution revêtu d'une chemise rouge.

Fait et prononcé à Epinal, le 19 floréal an xш, en l'audience de la cour.

Nicolas Thiery, Salomon Binn (orthographié Obine) et Anne Caën (orthographiée Cahin), avaient été transférés. le 22 pluviôse an XIII de la maison de dépôt de Neufchâteau en celle de justice de la cour criminelle des Vosges, à Epinal, comme prévenus d'assassinat, ainsi qu'en fait foi le registre d'écrou (1). Anne Caën, acquittée le 19 floréal, fut élargie le jour même; Nicolas Thiéry et Salomon Binn furent exécutés le dix-sept messidor suivant, à midi. C'est l'huissier Ory qui signa leur levée d'écrou.

La tragédie de Vicherey avait reçu sa sanction légale, mais le souvenir n'en est pas perdu dans les mémoires, et les vieilles gens de Vicherey parlent encore de l'assassinat de Marie Pommier, comme d'un événement qui n'a jamais été éclairé et dont l'auteur véritable est resté mystérieux.

C. CORNU,

(1) Arch. dép. 5 Y 1.

Instituteur.

Variétés

Les Femmes aux Armées

On sait quel fut l'enthousiasme des volontaires vosgiens à répondre à l'appel de la patrie en danger; on sait également qu'un certain nombre de femmes s'enrôlèrent pour défendre la France contre l'invasion étrangère. On a déjà relaté (1) l'acte de patriotisme de Marguerite Genay, d'Epinal, écrivant, le 25 juillet 1792, « qu'enflammée du désir de voler à la défense de la Patrie, «elle bravera par son courage les obstacles que son sexe paraît « présenter. Elle prie MM. les administrateurs du département «de la comprendre dans la liste des citoyens destinés pour les <<< frontières >>.

Le cas de Marguerite Genay n'est pas isolé dans les Vosges. Dans sa séance du 30 juillet 1792, le conseil général du département renvoie à son comité, pour en faire le rapport, une adresse de deux filles d'Epinal qui demandent à être admises à faire le service de la garde nationale, et applaudit à leur civisme et à leur courage (2)

De nombreuses femmes, d'ailleurs, étaient aux armées, à la suite de leurs maris; celles qui étaient attachées au 14° régiment de dragons firent une pétition tendant à obtenir des subsistances pour elles et leurs enfants. Dans sa séance du 3 nivòse an II, le

(1) Documents rares ou inédits de l'Histoire des Vosges, tome IV, p. 284, Epinal 1876.

(2) Arch. dép., L. Procès-verbaux des sessions du conseil général du département, depuis le 15 juillet 1792 jusqu'au 30 janvier 1793.

conseil du district d'Epinal « ...considérant que les femmes et les « enfants des défenseurs de la patrie méritent toute la protection « des lois et les égards des citoyens, ...arrête que les citoyennes «et leurs enfants dénommés dans l'état ci-contre auront part,

comme tous les autres citoyens d'Epinal, à toutes les distri<«<butions, soit en pain et grains, qui se feront, et aux mêmes <<< conditions » (1).

D'autres femmes ne suivirent pas seulement les armées; elles y jouèrent un rôle actif de combattants. La preuve la plus éclatante en est dans la pétition suivante du 19 fructidor an VI (5 septembre 1798), où deux femmes ayant servi sept ans, en qualité de trompettes, au 2e régiment d'artillerie, demandent un secours (2).

A l'Administration centrale du Département des Vosges

<< Exposent les citoyennes Marie Lefebvre et Sophie Julien, toutes deux ex-trompettes au 2o régiment d'artillerie, la première native de Deyvillers, canton de Longchamp, département des Vosges, et la seconde de Beauvais, département de l'Oise; qu'elles ont servi sous les drapeaux de la République depuis 1791 (vieux style) jusqu'au mois de thermidor dernier sans aucune interruption. époque à laquelle elles ont obtenu du ministre de ia guerre leurs congés absolus, comme dispensées par leur sexe de tout service militaire; elles viennent aujourd'hui [de] rentrer dans leurs foyers, dénuées de toutes ressources pécuniaires, sans aucun linge convenable à leur sexe et sans aucun autre secours que celui qu'elles ont obtenu du ministre de l'Intérieur, en passant à Paris, et qui est de 150 francs, ce qui a été bien insuffisant pour leur fournir les vêtements

(1) Arch. dép., L, district d'Epinal, délibérations sur pétitions. 2) Arch. dép.. pièce non classée,

convenables et faire leur route de Paris à Epinal. Le ministre de l'Intérieur, ainsi que la députation des Vosges les ont recommandées à votre bienfaisance.

« Pour quoi les citoyennes soldats soussignées, qui ont bravé tous les dangers et qui n'ont écouté que la voix de la Patrie pour voler aux frontières, osent réclamer auprès de vous un secours quelconque pour subvenir à leurs besoins les plus urgents; elles espèrent de votre justice et de votre humanité que leurs espérances ne seront pas trompées. Elles joignent aux présentes les pièces qui constatent la vérité de leur exposé ».

Sophie Julien apposa sa signature sur cette requête; Marie Lefebvre y marqua une croix.

L'administration centrale du département statua le jour

même

« Considérant que les pétitionnaires ont des droits d'au<«tant plus assurés à la reconnaissance nationale et aux « secours publics que, dispensées par leur sexe de l'obli«gation de défendre leur pays, elles se sont exposées géné«reusement à toutes les fatigues et dangers de la guerre ; « que ces motifs ont déterminé le ministre de l'Intérieur à « leur accorder un secours provisoire de cent cinquante «francs, que cette somme a été insuffisante pour leur pro«curer les vêtements nécessaires... »

Mais la faiblesse des ressources de l'administration ne lui permit d allouer, à chacune des pétitionnaires, qu un secours de cinquante francs, sur le fonds des dépenses imprévues. Sophie Julien, la seule lettrée des deux ex-trompettes, en donna quittance le 21 fructidor.

Il faut croire, néanmoins, que les femmes avaient fini par devenir encombrantes aux armées, puisque le conseil général de

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