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Cahier des Communautés

Mirecourt (1,252 feux; 5,563 habitants)

Réunion le 11 mars 1789 à l'Hôtel-de-Ville, sous la présidence de Marcelin Benit, lieutenant général du bailliage; secrétaire, Thévenin; députés : Charles-François Grandjean, lieutenant particulier du bailliage; Pierre-Laurent Chantaire, conseiller au bailliage; Charles Estivant, avocat; Léopold Rellot, avocat ; Jean Chrétien, négociant; Marcelin Benit.

Le roi était seul seigneur haut, moyen et bas justicier, à l'exception du droit de four, qui appartenait à la ville, en suite d'une concession à elle faite par Antoine, duc de Lorraine, le 29 octobre 1540 (1). Le four de la porte de Poussay était amodié pour 385 livres ; celui de la Citadelle, pour 440 livres ; celui de la porte Saint-Dizier, pour 360 livres. Chaque boulanger ayant four chez lui devait payer 2 francs par année (1).

Les bourgeois taillables de Mirecourt devaient, par arrêt du Conseil du 12 novembre 1792, 2 sous de France par conduit, et les veuves 1 sou pour droit de bourgeoisie; ils devaient annuellement 2 sous chacun pour droit d'entonneur, c'est-à-dire pour rachat du droit de copel. La fabrication de la bière et le droit d'entrée appartenaient aussi au roi, et étaient laissés pour une somme de 240 livres de France. Chaque nouvel entrant devait 10 francs barrois; chaque cabaretier ayant enseigne, 25 francs barrois; celui qui n'avait qu'un bouchon payait moitié (3).

(1) Archives commun. de Mirecourt, BB 29, 1782 1791.
(2) Ibid. CC 60, 1791-1787.
(3) Ibid. BB 29, 17824791.

Tout bourgeois exerçant la profession de mercantile (marchand), ou quelqu'autre emploi, et vivant de ses propres revenus, devait, chaque année, 5 sous toulois ; s'il n'avait pas de bien, il ne payait que la moitié de cette redevance.

Les bêtes tirantes, boeufs ou vaches, pour la charrue, donnaient lieu chacune à une imposition de 12 deniers et 2 resaux de grains; les mêmes bêtes non employées au labourage, et les chevaux de culture, à une taxe de 12 deniers; pour chacun des autres animaux, on donnait 1 denier seulement (1).

En 1789, la recette des collecteurs s'élevait à 17,455 francs (2); les revenus de la ville de Mirecourt étaient de 26,070 livres 13 sous 6 deniers; les dépenses, de 24,721 livres 6 sous 8 deniers (3). Le resal de blé valait 31 livres (4); le pain, 3 sous 3 deniers la livre (5). Il y avait 516 jours 4 ommées 6 toises de biens communaux (6); 2 moulins banaux de chacun 2 tournants : le moulin de Saint-Etienne, dans l'intérieur de la ville, le moulin neuf sitné à un quart de lieue de Mirecourt.

Le bouverot (7) se composait de 25 jours de terres labourables, 10 fauchées de prés et un jardin.

Le chapitre de Remiremont percevait les deux tiers des grosses et menues dîmes; l'autre tiers était au curé (8).

Le cahier comprend 39 articles : 6 sont relatifs à l'administration, 12 à la réforme des impôts, 8 à l'abolition des droits féodaux, 6 aux modifications à apporter à la justice, 2 à l'admission du tiers aux fonctions publiques, 1 au partage des communaux, 1 à la liberté de la presse, 3 à divers avan

(1) Archives commun. de Mirecourt, AA 1.

(2) Ibid. CC 4, 1725-1789.

(3) Ibid.

(4) Ibid. HH 4, 1678-1789.

(5) Ibid. BB 29, 1782 1791.

(6) Ibid. DD 20, 1760-1789.

(7) Bien fonds affecté spécialement au revenu d'une cure.

(8) Archives départementales, série G, 2006.

tages spéciaux à accorder à la ville de Mirecourt (quartier de cavalerie, régent des humanités, imprimerie).

Signataires du cahier: Bénit et Grandjean, pour MM. les officiers du bailliage; Charpy de Courville et Chaspny, pour MM. les officiers municipaux; Claudel et Grosmant, pour MM. les officiers de la maîtrise de Mirecourt séant à Darney; Estivant et Rellot, pour l'ordre des avocats; Delavie et Papigny, pour la communauté des procureurs; Hugo et Chevalier, pour la communauté des notaires; Bastien et Digny, pour la communauté des huissiers; Piérard et Royer, pour la communauté des chirurgiens; Chrétien et Salle, pour le corps des marchands; Poirot, pour les facteurs de serinettes ; Deguerre et Tassard, pour les marchands de dentelle; Bernard, pour les teinturiers; Villermain, pour les perruquiers ; Richard, pour les orfèvres et horlogers; Lambigeois, pour les chapeliers et pelletiers; Mangin, pour les tailleurs ; Phulpin, pour les cordonniers ; Husson, pour les boulangers; Bónlarron, pour les bouchers et charcutiers ; Humbert, pour les aubergistes; Pierre, pour les distillateurs d'eau-de-vie; Gaget, pour les maçons, couvreurs et paveurs ; Gérard, pour les charpentiers et constructeurs en bois; Boulanger, pour les menuisiers et ébénistes; Buthod, pour les marchands en blé; Boyé, pour les luthiers; Bornier, pour les vitriers; Simon, pour les serruriers et autres; Félix, pour les potiers d'étain et épingliers; Morel, pour les bourreliers, selliers et autres ; Alba, pour les tanneurs, corroyeurs et autres; Catel, pour les laboureurs; Janin, pour les vignerons; Leclère, pour les jardiniers; Jacques, pour les tissiers.

(A suivre)

E. MARTIN.

Comment la place Royale

est devenue

la place des Vosges (1)

Nous ne croyons pas sortir des limites de cette revue en y parlant d'une place de Paris, dont le nom actuel intéresse tous les Vosgiens, et peut leur inspirer une légitime fierté. Peu de places changèrent aussi souvent de nom, en aussi peu de temps, que la place Royale, devenue place des Vosges. On a dit souvent que l'histoire de Paris était l'histoire de la France; on peut dire sans exagération que celle de la place Royale constitue un chapitre de l'histoire de Paris.

Elle occupe une partie des terrains où s'élevait l'ancien palais des Tournelles dont, par un édit en date du 28 janvier 1563, Charles IX ordonnait la destruction, Cet édit fut si bien rédigé et détaillé qu'Henri IV, le créateur de la place Royale, n'eut qu'à s'en inspirer, lorsqu'il décida, en 1605, la transformation des immenses terrains qu'Henri III avait laissés à l'abandon. Charles IX prévoyait en effet tout un ensemble de constructions édifié selon une symétrie fixée d'avance, et que les acheteurs de terrains seraient tenus de respecter.

(1) Outre les auteurs cités au cours de cette étude, parmi l'abondante bibliographie concernant la place Royale, nous ne citerons que : D***, Voyage pittoresque de Paris, Paris, 17 8, in-12; Dulaure, Histoire de Paris, Paris, s. d. in 4. Pour l'époque révolutionnaire. Félix Bouvier a, dans les Vosges pendant la Révolution (Paris, 1885), p. 330 et suivantes, consacré quelques pages aux causes qui ont amené le changement de nom de la place.

« Couvert de pans de murs en ruine, de maisons éventrées, « de parcs défoncés et saccagés, devenu repaire de vaga<< bonds, décharge publique, champ de manoeuvres de mili«< ciens et soldats, dépôt de fumier et fourrages, avec son << marché aux chevaux, et le va-et-vient de chevaux et ma« quignons, ce vaste espace devait présenter un aspect « fort peu agréable pour ce quartier du Marais qui commen<< çait à se peupler d'hôtels à la mode. » (1)

En 1604 Henri IV n'ayant aucun autre local à mettre à la disposition des ouvriers qu'il avait appelés de l'étranger, les logea dans ce qui restait encore debout de l'ancien palais de Tournelles. Ils s'y trouvèrent si mal, que le roi leur concéda une vaste partie de l'emplacement du marché aux chevaux, pour y établir des manufactures de drap de soie et or de Milan.

La rue que les premiers bâtiments formèrent fut nommée rue Henri IV, puis rue de l'Echarpe Blanche, du nom d'une enseigne d'une de ses maisons, ensuite rue Neuve SainteCatherine (2); en 1664 elle fut appelée rue des Francs-Bourgeois, nom qu'elle porte toujours; beaucoup des hôtels de cette époque y subsistent encore, fort bien conservés.

Les bâtiments qui servirent de manufactures constituèrent le côté nord de la place, qui reçut, en 1605, le nom de place Royale.

La symétrie, qu'Henri IV fit sévèrement observer par les acheteurs des terrains en bordure de la nouvelle place, fut pourtant rompue sur deux points, par les deux pavillons qu'il fit construire l'un en face de l'autre, et qui portèrent les noms de pavillons du Roi et de la Reine, le premier du côté de la rue de Birague, le second, du côté de la rue de Béarn actuelle.

(1) Lucien LAMBEAU. La Place Royale.

(2) François COLLETET, Abrégé des antiquites de la Ville de Paris, 1664

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