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les huit fous pour livre entiers. Nous frappe rons les droits des marchés des Seigneurs, les droits de péage, les droits de bac, &c. de ces mêmes huit fous pour livre, quand même tous ces droits feroient patrimoniaux dans la main des Seigneurs. Ah! f.... que cela eft beau!v votre projet eft fublime; c'est magnifique : vous êtes, mon cher, le Dieu de la finance, comme Veftris eft celui de la danse.

pas.

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Eh!

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C'est

non >

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A

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fans doute tout. Oh! mon Dieu Monfeigneur. Allons, tant qu'il vous plaira, je ne me laffe point de vous écouter. --- Mon Edit continue jufqu'en 1780 le fecond vingtieme, qui devoit finir en 1771. Il établit auffi le premier avec les quatre fous pour livre; mais je fuis embarraffé du terme que nous mettrons à fa durée. A perpétuité. perpétuité, Monseigneur? Mais cela ne se peut pourquoi donc, Monfieur, s'il vous plaît ? - Il eft impoffible, Monfeigneur, d'attaquer ainfi la loi facrée de la propriété. Qu'appellez-vous, Monfieur, la propriété? Le Roi n'eft il pas maître de la propriété entiere de fon royaume Tous les biens fonds lui appartiennent, & s'il en laifle jouir fes sujets, c'est un effet de fa bonté & de fa libéralité. N'avezvous pas fous les yeux l'exemple qu'il leur enleve tous les jours la chafle, pour s'en faire une capitainerie Apprenez, Monfieur, que › que les biens des citoyens font ceux du Roi, & que les dettes du Souverain font celles de l'Etat. Je me rends à vos railons, Monfeigneur. Mettez donc bon pour le vingieme à perpétuité. Oui, Monfieur, à perpétuité, &

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pour

celui

fur nouvelles Déclarations. Ah!
là, Monfeigneur, cela eft trop fort; je me jette
à vos genoux, pour ne pas inférer cette claufe.
Ce n'eft pas que je croie que le Parlement y
falle la moindre oppofition, il eft totalement
à nous, toutefois en lui payant fes
gages; mais
j'appréhende que le peuple ne finiffe par les maf
facrer; & ce feroit dommage; nous ne pour-
rions jamais en trouver qui fuffent plus dévoués
à nos volontés; & fi les anciens alloient jamais
revenir, où en ferions-nous? ---- A la bonne
heure; mais je tiens cependant bien à ces nou-
velles Déclarations. --- Eh bien, Monseigneur,
quand l'Edit fera une fois enrégiftré, vous en
ferez quitte pour écrire aux Intendans du
royaume d'affeoir l'impofition fur nouvelles
Déclarations; votre lettre aura la même force
qu'un Edit enrégiftré. Cela eft fort bien,
mais il y a plufieurs de Meffieurs les Intendans
qui font les Olibrius Si Monfeigneur veut
me permettre de lui dire en quatre mots com-
ment nos meilleurs travailleurs en ufent dans
les matieres problématiques de la ferme, & où
il y a à tirer, je crois qu'il y pourra trouver
de quoi profiter beaucoup. Quand nos Meffieurs
veulent hazarder une petite extenfion, ils font
naître une question fimulée dans la généralité
où l'Intendant leur eft totalement dévoué
comme celle d'Alençon, où jamais le Fermier
n'a été condamné; on donne enfuite cette Or-
donnance d'Alençon pour exemp e à un autre
Intendant auffi dévoué que le premier: cela
fert d'autorité pour les autres, & e Fermier,
ainfi muni de fept à huit Ordonnances favorables

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fur la même question, obtient facilement du Commis d'un Intendant des finances, une décifion du Confeil, & il faut bien que les plus rétifs s'y foumettent, & le Fermier pour lors a raison de l'Intendant de Languedoc, & même de celui de Limoges. Ce dernier, fur-tout, s'avife de tout lire & tout voir, & de ne pas croire à la ferme; c'est un homme fans religion, Monseigneur, & je n'ai pas encore vu un Employé faire fon éloge. Je ne fais pas, Monfeigneur, comment vous laiffez un homme comme celui-là en place. Vous avez rappellé celui de Bordeaux, qui n'avoit pas fait à la ferme la dixieme partie du mal que celui-ci a fait. Vous rendriez un grand fervice à la Compagnie de l'en débarrafler; d'ailleurs c'eft un homme à fyftême. --- Vous n'avez plus rien à me dire, Deftouches? J'ai trouvé, Monfeigneur, dans un coin de l'hôtel des fermes, un mémoire auquel je n'entends pas grand'chofe, mais dont vous pourriez, je crois, titer parti. Dans ce mémoire eft inféré un Edit fervant de réglement de difcipline pour la manutention des biens eccléfiaftiques du royaume. Ah! ah! voyons cela, mon cher Deftouches. --- Ce mémoire eft divifé en trois parties. Les biens eccléfiaftiques font-ils actuellement employés fuivant le vœu de l'Eglife primitive? Premiere partie. S'ils ne le font pas, le Roi a-t-il le pouvoir d'en ramener l'ufage à leur deftination primitive? & n'eft-ce pas même un devoir de S. M.: Seconde partie. De quelle maniere peut-on ramener l'usage des biens eccléfiaftiques à leur deftination primitive, & à quels actes d'utilité publique, conforme à

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l'efprit des faints canons, peut-on employer la portion qui n'eft pas néceflaire à l'entretien des Miniftres de l'Eglife & de fes temples? Troifieme partie. Enfuite eft annexé l'Edit servant de réglement de difcipline. Mais vous êtes fou, mon cher Deftouches, de porter avec vous une pareille piece; mais vous n'y pensez : l'Auteur de ce mémoire eft à coup sûr un Athée. Brulez cela tout à l'heure. Si le Clergé avoit le moindre doute que vous ou moi, nous euffions l'idée de nous occuper d'un projet auffi abominable, nous ferions peut-être empoisonnés d'ici à quinze jours; je ne répondrois pas de votre vie ni de la mienne. Il faut, mon cher ami, tâcher de découvrir, à quelque prix que ce foit, l'Auteur de ce mémoire infernal, pour le faire enfermer, le refte de fes jours, à Bicêtre.

Le jour que l'Edt de Novembre 1771 fut enrégistré, j'avois eu la précaution de tenir une voiture attelée de fix chevaux, toute prête à la porte de derriere du contrôle, parce que j'imaginai que ce feroit pour ce jour-là l'événement du foulevement général que j'attendois depuis un tems infini; & de la maniere dont Laurent David m'annonça cette fois, d'un air effaré, les plaintes, les murmures, les cris, les exécrations, les horreurs, les abominations que tout Paris vomiffoit contre moi & le gouvernement, je crus que j'étois à la fin de toutes mes opérations; mais le peuple ne fe porta pas encore aux violences & aux voies de fait. Je voulus profiter de l'état de fermentation de tous les efprits, pour obtenir du Roi le bon de ma derniere opération; mais le Roi s'y est toujours refufé, & je

n'ai pu trouver ju qu'à la mort un moment où il pût être à moitié endormi ou préocupé, pour le lui faire figner. Voici mon plan, Monfieur; c'étoit, fans aucun Edit enrégiltré, fans aucun Arrêt du Confeil, mais avec une fimple lettre de ma part, d'ordonner à M. de Biron de me donner tous les Sergens aux Gardes de fon régiment, accompagnés chacun de dix foldats armés, la bayonnette au bout du fufil, & feize coups à tirer, avec ordre de se transporter dans toutes les maifons des particuliers, de quelque état & condition qu'ils puffent être, & leur demander la vie, ou la moitié de leur argent, & les huit fous pour livre de la totalité. Voilà tout ce qui me restoit à faire. Croyez-vous que j'euffe cette fois-ci manqué mon coup? C'étoit, à la vérité un mauvais quart d'heure à paffer; mais je me ferois caché dans la Motte. Il y auroit peut-être eu cinquante à foixante mille citoyens d'égorgés; mais auffi la France auroit vu enfuite le plus beau gouvernement de tous les mondes poffibles. Je ne puis trop, Monfieur, vous exhorter à ne perdre jamais de vue ce projet-là. Je sens très bien que le moment où vous vous trouvez n'est plus fi opportun. Le Roine témoigne à fon peuple que de la bienfaisance; il a l'enfance de croire qu'il ne doit regner fur eux que par les loix, & que l'amour de ses sujets eft l'appui le plus charmant de fa couronne. De plus, il a le malheur de trop écouter un miniftte qui fe pique d'une vieille probité qui n'eft plus de mode; cet homme a la gaucherie de ne proposer pour le ministere que d'honnêtes gens; mais malgré toutes ces petites traverses, je fuis très-perfuadé que fi vous vou

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