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à l'eau de végétation. La sève de l'amandier peut passer dans la branche de prunier, échauf

fer le germe de ce dernier, et lui procurer le développement et le féconder; mais elle ne le modifie point. Le germe existe dans l'œuf avant l'accouplement; cet acte lui procure seulement le développement en l'échauffant, et cette chaleur le féconde.

La serine pond huit à dix jours après la copulation, et ce temps ne suffirait pas pour rendre calcaire la coquille de l'œuf; alors comment la liqueur du mâle pourrait-elle pénétrer dans un œuf enveloppé de sa coquille? Il n'y a donc point de modification dans l'acte de la génération. En effet, une serine jaune avec un serin verd engendreront quelquefois un petit avec quelques taches vertes, mais souvent il n'aura aucune marque du père; conséquemment point de modification: donc le foetus n'est pas modifié par l'accouplement. Si d'animaux de races croisées, il survient un mulet, c'est que la nature se moule suivant les formes des êtres qui contribuent à son développement. Nous avions d'abord imaginé qu'il y avait modification; l'impuissance d'engendrer où se trouve le mulet nous l'avait fait penser; mais après un mûr examen, nous avons abandonné cette idée. Un enfant, qui

truit

pas

les

provient d'un blanc et d'une négresse, engeu¬ dre, parce que la diversité des couleurs ne dér les races ; mais la jument et l'âne sont de races différentes, et, toutes les fois que races se croisent, les êtres, qui en proviennent, ne sont point propres à la reproduction. Cette opinion nous paraît la plus conforme à la nature. En effet, nous voyons des animaux, dont le mâle est dépourvu de parties génitales, donner par la voie de pression seulement le développement à l'ovaire de la femelle ; c'est ce qui se passe dans les plantes hermaphrodites : c'est ce qu'on remarque dans les petits pucerons, qui n'ont point de sexe : c'est le mouvement, c'est la chaleur qui font développer le germe. Ainsi, le mâle donne seulement le mouve→ ment au foetus contenu dans l'ovaire de la femelle, et ne le modifie point; il n'y a même pas besoin de cette modification.

Déjà l'on sait comment s'effectue le dévelop pement de l'embryon dans le corps d'un animal: les vaisseaux deviennent cartilagineux; les cartilages grossissent, et obstruent les pores qu'une matière terrestre ou aérienne remplit. Les molécules du feu principe qui se combine avec cette matière et avec les diverses parties, les solidifient. Les vaisseaux, dilatés par l'impulsion du cœur et par la respiration, admettent

des particules hétérogènes plus grossières qui, en solidifiant davantage toutes les parties, les colorent à l'aide de la chaleur naturelle et de celle du climat : la nutrition et les mouvemens de la mère font le reste.

ces;

la

Nous ne hasarderons rien à l'égard des espèmais pourquoi admettre plusieurs espèces d'hommes ? quelle en serait la nécessité? quelle chose nous y force? Ne connaissons-nous pas les jeux et les bizarreries de la nature? les mœurs, la nourriture, les mélanges, la nature du climat ne nous indiquent-ils pas cause de ces différences que nous remarquons dans l'espèce humaine? La Gazette de Santé ne rapporte-t-elle point qu'une demoiselle, qui avait une blanche carnation, vit, à vingt-' un ans, son teint se brunir, et prendre graduellement la couleur noire d'un africain; que dans une autre personne, le visage était verd, que le côté droit du corps était noir, et le côte gauche jaune? Le journal de Physique du mois de mai 1777, ne fait-il point mention d'une fille, issue de deux noirs, qui était parfaitement blanche? Ne savons-nous pas que les enfans des nègres naissent blancs; que les princesses et les dames arabes sont très-blanches, tandis que les femmes du petit peuple sont basanées? Si, dans la Barbarie, les ha

bitans des côtes et des plaines sont basanés et noirs, ceux qui habitent les montagnes de ce pays ne sont-ils pas blancs? Nous devons nécessairement conclure que le blanc est la couleur primitive de la nature humaine, et que les teintes brunes, olivâtres et cuivreuses ne proviennent principalement que du climat, et des humeurs différentes contenues dans le corps de l'homme. De ce que nous ne pouvons expliquer clairement ces phénomènes, ne serait-il pas ridicule d'en induire qu'il y a diverses espèces d'hommes? Il nous paraît également constant que, quand les races se croisent dans la copulation, les êtres qui en proviennent ne sont point propres à la génération; qu'il y a fécondation dans les races de même espèce, mais qu'il n'y a point de modification; que les bizarreries qu'on trouve dans la nature, proviennent de l'imagination, du climat, et des humeurs différentes.

Il ne nous reste plus qu'à dire un mot du gaz inflammable ou de l'hydrogène, au moyen du quel on obtient de l'eau par une forte chaleur. De ce que MM. Lavoisier, Laplace et Monge ont remarqué que, quand on brûlait le gaz inflammable à l'aide de l'air vital ou de l'oxigène dans des vaisseaux fermés, on obtenait de l'eau pure, devait-on conclure l'eau n'est point

que

un élément, mais seulement une combinaison de l'air vital et du gaz inflammable? Il nous paraît au contraire que le gaz inflammable est l'eau pure, ramenée à son état de liquidité par le calorique et l'air pur. Ainsi les quatre agens du Créateur sont le feu ou le principe du calorique, la terre, les gaz oxigènes ou hydrogènes, ou selon Moïse, l'air et l'eau : celle-ci a été bientôt liquéfiée dans le chaos du monde parla présence de l'air et du feu, qui produisent le calorique, et dans les laboratoires de chymie on ne fait que la ramener à son état naturel en la privant d'air, et la rendre liquide en le lui

rendant.

LXIII. ENTRETIEN.

De l'Ame.

Vous admettez donc une âme dans l'animal, dira-t-on? Nous avons été forcés de reconnaître un être essentiel existant par lui-même, un être Créateur de tout, parce que nous avons acquis la certitude physique que tout ce qui compose

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